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Edito | Finances communales: ne perdons pas de vue l’essentiel

Responsable du service Économie/politique

La présence du PTB dans des majorités communales n’arrange rien en matière de financement de ces entités. Ne perdons toutefois pas de vue les problèmes de fond auxquels elles sont confrontées.

La dette globale des communes wallonnes atteignait 9,1 milliards d’euros en 2023, un chiffre impressionnant et qui ne cesse de grimper. La corde au cou, quelque 60 localités du sud du pays ont dû se tourner ces dernières années vers la Région wallonne, leur autorité de tutelle, pour se prémunir contre tout défaut de paiement. Placées sous plan de gestion, elles voient alors leurs déficits ordinaires couverts par la Wallonie.

Le hic, et il est de taille, c’est que la Région peine de plus en plus pour trouver des acteurs bancaires afin de financer son plan de soutien, astucieusement baptisé "oxygène".  En 2023, les banques Belfius, BNP Paribas Fortis et CBC avaient tout simplement décidé de snober le marché d’emprunt. Seule à répondre au marché, ING avait émis des conditions en refusant de prêter les montants qui étaient nécessaires à Liège et Charleroi.

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Et cette année : rebelote. ING a été la seule banque à répondre au marché dans un premier temps, tout en refusant de s’exposer à sept villes. C'est dans ce contexte que Belfius a été appelée à la rescousse. Si la banque a accepté d’amener une trentaine de millions, elle a refusé de financer en direct les villes de Liège, Charleroi et Mons dont les besoins se chiffrent à plus de 200 millions.

Pour la Cité du Doudou, les motifs seraient aussi politiques : l’institution bancaire n’étant visiblement pas rassurée par la montée en majorité des marxistes du PTB.  Une version des faits qu’elle se refuse à confirmer ou infirmer. Ces dernières heures, d’aucuns parlent de procès d’intention dans le chef de la banque à l’encontre de la formation cornaquée par Raoul Hedebouw. D’autres ne manqueront sûrement pas de voir dans ce refus une illustration des dangers de toute alliance avec l’extrême gauche. Ils n’ont peut-être pas tort, mais nuançons: il convient de ne pas éluder les problèmes plus profonds qui touchent les communes. 

Car, PTB ou pas, la situation des villes restées sur le carreau est dramatique. Les marxistes ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Aujourd’hui, les trois maux principaux qui frappent les communes sont connus : la cotisation de responsabilisation de celles-ci par rapport aux pensions de leurs agents, l’explosion des dotations pour les zones de police et de secours, et enfin la hausse de la dotation aux CPAS.

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Ces problèmes de fond, qui sont dus à des choix politiques antérieurs, doivent être abordés. Dans les rangs des municipalistes, beaucoup pointent un État fédéral qui se décharge sans complexe d’une partie de ses politiques sur le dos des communes sans leur octroyer les moyens financiers qui y sont liés. Partiellement fondée, leur récrimination ne suffit pas.

En effet, si la charge financière des pensions du personnel statutaire constitue une bombe à retardement qu’il faudra désamorcer en partageant les responsabilités (entre Fédéral et Régions), l’avenir des communes ne pourra pas s’envisager sans un questionnement de fond sur leurs missions. Un discours courageux devra être porté et des choix potentiellement douloureux posés.

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