Créer une "Mineral Valley" wallonne, un rêve devenu plateforme
L'industrie minérale est bien implantée en Wallonie, mais menacée à terme par la décarbonation. La nouvelle plateforme va stimuler sa R&D et l'aider à se créer un futur.
Après avoir lancé Reverse Metallurgy, une plateforme destinée à stimuler le recyclage des déchets métalliques et plastiques, la Wallonie a inauguré ce mardi une nouvelle plateforme vouée à favoriser les collaborations et les innovations dans l'industrie minérale. Baptisée "Remind Wallonia" (pour: REverse Mineral INDustry), elle réunira les industries minérales primaires (les carriers, les cimentiers, les chaufourniers...) et secondaires (démolition, déchets, sols pollués...) pour les faire travailler ensemble et former un nouvel écosystème ambitieux. Objectif premier et avoué, faire de la Région la "Mineral Valley" de l'Europe du Nord-Ouest. Objectif deux, implicite, éviter que nos entreprises exploitant le sous-sol wallon ne ratent la transition vers l'économie bas carbone et se voient dès lors exclues du paysage industriel futur.
Pour concrétiser ce projet, la Région a coalisé quinze entreprises, deux universités (UCLouvain et Université de Liège) et deux centres de recherche, le Centre Terre et Pierre (CTP, Tournai) et Buildwise, le centre innovation du secteur de la construction. C'est le CTP qui pilotera la plateforme. La Région a dégagé un budget de 13,5 millions d'euros, inscrit dans le plan de relance wallon/fédéral tandis que les partenaires privés ont ajouté 10 millions de leur poche à l'enveloppe. Et sept projets de recherche et développement ont été mis sur pied.
Le MIT en exemple
"Il faut combiner cinq parties prenantes pour faire une plateforme d'innovation performante, explique son administrateur délégué Stéphane Neyrinck en soulignant que les fondateurs se sont inspirés de principes édictés par l'institut de technologie MIT aux États-Unis: il faut à la fois des entrepreneurs, des sociétés d'investissement, des sociétés de dimension internationale, le secteur public et des composantes universitaires. Nous avons les cinq, à cette nuance près que nous comptons la seule Vinci Construction au rang des groupes internationaux: on doit encore travailler sur ce plan et tenter d'attirer notamment Carmeuse et Lhoist, les chaufourniers wallons qui sont leaders mondiaux."
"Si l'on ne bouge pas, on risque à terme d'assister à la délocalisation de nos productions de ciment..."
La plateforme a été construite au départ du dépôt de projets, ce qui a permis de dynamiser la participation des partenaires. En guise de balises, leurs initiateurs ont dû les inscrire dans un des quatre axes stratégiques prédéfinis: les matériaux de construction durables, les bétons à haute performance, les liants alternatifs (c'est-à-dire réussir à produire des ciments et de la chaux avec moins de clinker, car trop gros émetteur de CO2) et les matériaux carbonatés (qui absorbent et stockent le CO2).
Pérenniser et progresser
"L'industrie minérale primaire est responsable à elle seule d'environ un tiers de nos émissions de CO2 soumises à la taxonomie européenne, explique le patron de la plateforme. Si l'on ne bouge pas, on risque à terme d'assister à la délocalisation de nos productions de ciment, etc. Il y a de vrais enjeux de résilience du secteur, sachant que nos sous-sols sont d'une richesse quasi unique au monde."
"L'ambition consiste à inscrire la Wallonie comme vallée minérale sur la carte de l'Europe du Nord-Ouest".
C'est dire combien la plateforme peut s'avérer utile. "Mais il y a une vraie ambition partagée par toutes les personnes réunies ici", souligne de son côté Willy Borsus, vice-président et ministre de l'Économie wallon. "Elle consiste à inscrire la Wallonie comme vallée minérale sur la carte de l'Europe du Nord-Ouest. On va créer une économie minérale circulaire et créatrice d'emplois." Et le ministre de sortir quelques objectifs chiffrés: "À l'horizon 2030, nous tablons sur 91 millions d'euros de chiffre d'affaires généré par la plateforme, sur 208 emplois directs et 313 indirects."
Le tour de table de Remind Wallonia comprend des entreprises comme Wanty, Roosens Béton, Vinci Construction, Euroquartz ou Duferco, mais nulle trace de Lhoist ni de Carmeuse, les deux géants wallons et mondiaux de la chaux. Comment est-ce possible?
"Nous les invitons à nous rejoindre", répond Stéphane Neyrinck, le CEO de Remind Wallonia qui précise que le club n'est pas fermé, bien au contraire. Il est ouvert à tous les industriels des secteurs concernés, pour autant qu'ils viennent avec un projet de R&D opportun. "Le momentum n'était sans doute pas bon pour les chaufourniers", ajoute le CEO qui précise que les invitations n'ont été lancées qu'en octobre 2022.
- La Wallonie lance une nouvelle plateforme vouée à favoriser les collaborations et les innovations dans l'industrie minérale: "Remind Wallonia" (pour: REverse Mineral INDustry).
- Celle-ci réunira les industries minérales primaire (les carriers, les cimentiers, les chaufourniers...) et secondaire (démolition, déchets, sols pollués...) pour les faire collaborer et former un nouvel écosystème ambitieux.
- Derrière l'objectif premier, il en existe un deuxième, implicite: éviter que nos entreprises exploitant le sous-sol wallon ne ratent la transition vers l'économie bas carbone.
- Quinze entreprises, deux universités et deux centres de recherche forment aujourd'hui son ossature, mais le "club" est ouvert aux autres industriels intéressés et innovants.
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