Charleroi: derrière Spirou, 30 entreprises lorgnent le site de Caterpillar
Un parc d'attractions, des studios de production, de l'immobilier pour les biotechs, deux data centers, des terrains de padel... 31 investisseurs se sont manifestés pour implanter une activité sur le site Caterpillar. De quoi alimenter un vivier virtuel de plus de 12.000 emplois.
L’avenir de l’ancien site de Caterpillar se joue dans les prochaines semaines. Il n’est plus question d’attendre un acteur providentiel capable de reprendre l’ensemble des 93 hectares. Depuis les échecs des dossiers Thunder Power (voitures électriques chinoises) et Legoland (parc d’attractions), les gestionnaires du dossier ont dû admettre qu’il était très compliqué de conserver en un seul tenant l’entièreté du site. Place donc au morcellement…
Morcellement en trois zones
Le principe est acté depuis cet été. Les 93 hectares seront divisés en trois parties afin d’y développer de l’activité économique, accueillir une extension du Biopark proche de Gosselies et éventuellement y développer une zone de loisirs avec à la clé un parc d’attractions de plus petite taille que celui imaginé par Merlin, l’actionnaire de Legoland.
Sur papier, le programme est alléchant. Il reste à y coucher le nom d’entreprises. C’était l’objectif d’un appel à manifestation d'intérêt lancé par la Région wallonne et la Soresic (la société publique propriétaire du site et codétenue par Igretec et Wallonie Entreprendre). En sondant l’intérêt du marché jusqu’à vendredi dernier, l’idée était de réveiller certains investisseurs, en confirmer d’autres qui s’étaient manifestés par le passé, afin d’avancer dans l’élaboration du master plan d’ici la fin 2023. "Ce master plan est effectivement prévu pour la fin de l’année et il doit servir à définir les grandes masses pour orienter le projet. Mais tout restera modulable", explique-t-on chez Igretec, l’intercommunale de développement économique de Charleroi.
Comme nous l’explique Igretec, cet appel à manifestation d'intérêt reste un document non contraignant et ouvert à d’autres entreprises. Certains acteurs n’auraient d’ailleurs pas répondu mais sont clairement intéressés. "Ils ne voulaient pas apparaître aujourd’hui", nous indique un acteur du dossier.
Une manne de 12.000 emplois
D'après les premières indications, 31 entreprises ont rentré un dossier lors de cet appel à manifestation. "C’est un beau succès", se réjouit un proche du dossier. Qui trouve-t-on dans cette liste que nous avons pu consulter? Eh bien, un peu de tout, allant de la logistique au loisir avec également des projets industriels et de l’équipement immobilier pour le monde des biotechs. Mis bout à bout, l’ensemble des projets repris sur cette liste permettraient de créer plus de 12.000 emplois. Ce chiffre est évidemment virtuel, mais il démontre l’intérêt des investisseurs pour le site et la nécessité pour la Wallonie d’accélérer l’assainissement d’anciennes friches industrielles pour accueillir des acteurs de développement économique. "Il faudra faire des choix et nous n’avons pas vraiment d’alternatives à proposer en matière de terrains disponibles pour localiser ailleurs certains projets. Aujourd’hui, le plus grand terrain disponible à Charleroi fait 5 hectares", regrette-t-on à Charleroi.
"Il faudra faire des choix et nous n’avons pas vraiment d’alternatives à proposer en matière de terrains disponibles pour localiser ailleurs certains projets."
Hollywood sur Sambre
Place aux projets. Partons du volet loisirs. Le projet le plus emblématique est évidemment le parc d’attractions Spirou. Le dossier rentré par les éditions Dupuis porte à la fois sur du loisir avec des attractions autour de l’univers Spirou, et du créatif. La maison Dupuis a la volonté de créer avec d’autres acteurs, comme les studios Magic Loom et Dreamwall, un écosystème d’activités autour de la production de jeux vidéo et du cinéma.
Hébergé dans un des anciens bâtiments de Caterpillar, ce super studio de production carolo rassemblerait des technologies de pointe comme la motion capture et la production virtuelle. Cet ensemble loisirs/studios créerait une centaine d’emplois lors d’une première phase mais la relocalisation d’activités de Marcinelle vers Gosselies permettrait de doubler rapidement les effectifs.
Aux côtés de Spirou, on trouve d'autres projets comme un parc de loisirs indoor avec une centaine d’emplois, un parc de padel ou encore le développement de salles de réalité virtuelle.
Les grands promoteurs au rendez-vous
L’annonce de l’expansion du Biopark de Charleroi a, lui, réveillé l’intérêt de grands promoteurs spécialisés dans le développement de projets immobiliers et logistiques comme Castignac Asset Management, MG Real Estate ou LCP Belgium avec des promesses de milliers d'emplois dans la biotech et d'autres secteurs industriels. "Développer de grandes surfaces va nous permettre d’attirer des grands joueurs. Récemment, nous avons été sollicités pour 45.000 m² pour faire de la bioproduction. Nous avons malheureusement dû décliner faute de surface disponible actuellement", analyse Dominique Demonte, le CEO du Biopark.
"Récemment, nous avons été sollicités pour 45.000 m² pour faire de la bioproduction. Nous avons malheureusement dû décliner faute de surface disponible."
Tout l’enjeu, face à ces promoteurs attirés par les surfaces disponibles, sera de veiller à la réalisation de certains objectifs. "Il faudra les contraindre à de la création d’emplois avec des deadlines, l’obligation de créer de l’activité de production. Nous voulons les noms des clients finaux et pas uniquement la promesse d’un projet logistique", insiste un proche du dossier.
La troisième partie du site a, elle aussi, suscité de nombreuses marques d’intérêt avec des projets dans l’automobile, deux data centers, une unité de biométhanisation urbaine, du transport, du reconditionnement des moteurs de camion vers l’électrique, un hôtel couplé à du coworking, des immeubles pour PME,… "Les appels à projets seront lancés début 2024. Il faudra ensuite assainir le site, démolir certains bâtiments. Mais tout cela peut se mettre en œuvre rapidement en fonction du plan de secteur", assure-t-on chez Igretec.
- Abandonnés par Caterpillar, les 93 hectares du site de Gosselies seront répartis autour de trois pôles.
- Les responsables de la reconversion ont récemment lancé un appel à manifestation d'intérêt auprès du marché afin de cibler les projets potentiels.
- 31 investisseurs ont rentré un dossier.
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