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La Wallonie propose 20 millions d'euros pour sauver les emplois de Liberty Steel

L’administrateur provisoire pourrait citer en faillite l’entreprise Liberty Steel à partir de ce vendredi, jour de la fin du délai octroyé par le tribunal. ©Valentin Bianchi / Hans Lucas

Sous la pression d'une citation en faillite, la Région pourrait octroyer un prêt de 20 millions à Liberty Steel. Elle réclame cependant de solides garanties à l'entreprise.

Après l’échec des trois plans de reprise de Liberty Steel, l’avenir des activités liégeoises du sidérurgiste et ses 560 emplois sur les sites de Flémalle et Tilleur rentre dans une phase décisive avant la faillite.

D’après nos informations, l’administrateur provisoire pourrait citer en faillite l’entreprise Liberty Steel à partir de ce vendredi, jour de la fin du délai octroyé par le tribunal. Le couperet final, avec une déclaration de faillite, ne tomberait lui que huit jours plus tard, à moins que le tribunal accepte une nouvelle PRJ.

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Ultime scénario de sauvetage

Cette courte fenêtre, avant la faillite, laisse néanmoins une petite chance pour un ultime scénario de sauvetage avec l’ancien propriétaire et candidat déchu Liberty Steel. D’après nos informations, la Région, via son outil économique Wallonie Entreprendre, est prête à injecter 20 millions dans les activités liégeoises de Liberty Steel sous la forme d’un prêt.

Liberty Steel mettrait également 20 millions. "Mais ce n’est pas dans l’idée de faire une joint-venture. Ce financement permettrait d’alimenter les besoins en termes de fourniture de manière à permettre à l’activité de se redéployer", confirme le ministre de l'Économie Willy Borsus (MR).

La Région attend des précisions du groupe Liberty, qui opère via sa branche roumaine Galati, quant à son projet industriel.
La Région attend des précisions du groupe Liberty, qui opère via sa branche roumaine Galati, quant à son projet industriel. ©Bloomberg
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Il faut malgré tout rester très prudent sur les chances de réussite de ce plan. Le passif de Liberty Steel, avec son incapacité à financer jusqu’ici ses outils liégeois, et la faillite de son créancier britannique Greensill, pousse les pouvoirs publics à réclamer de solides garanties avant de libérer les fonds. "On a travaillé avec Liberty sur différents scénarios pour pérenniser l’entreprise", explique Willy Borsus. "J’ai rencontré récemment Sanjeev Gupta (CEO de Liberty), la direction locale et les syndicats pour travailler sur un scénario."

D'après le ministre, les prochains jours seront déterminants, tant pour la concrétisation du scénario de reprise, que pour la survie financière de l’entreprise. "L’entreprise a besoin de trésorerie pour assumer ses coûts fixes et le paiement des salaires."

"Plusieurs des hypothèses soumises par Liberty nous paraissent jusqu’ici fragiles ou optimistes. La semaine est cruciale."

Willy Borsus (MR)
Ministre de l'Economie

Différentes inconnues

Parmi les inconnues qui pourraient faire capoter ce scénario, il y a le problème des garanties. La Région réclame à Liberty une garantie sur une partie de la galvanisation de Flémalle. "Nous devons protéger notre prêt, mais nous ne savons toujours pas la nature exacte des garanties que Greensill possède encore sur les actifs liégeois de Liberty. Nous avons demandé une notification écrite qui confirme que les garanties de Greensill sont levées concernant les actifs liégeois. Sans cela, on aura un gros problème pour aller plus loin."

La Région attend également des précisions du groupe Liberty, qui opère via sa branche roumaine Galati, quant à son projet industriel. On parle des délais de paiement, l’approvisionnement en provenance du Japon ou d’Australie… "Il y a eu plusieurs échanges la semaine dernière et ces derniers jours, mais la situation n’est pas encore stabilisée, tant au niveau des garanties levées par Greensill que sur le plan d’affaires. Nous avons d’ailleurs sollicité l’aide d’un bureau externe pour nous conseiller en termes d'analyse concernant la robustesse, la solidité et la crédibilité du plan d’affaires qui nous est soumis. Plusieurs des hypothèses soumises par Liberty nous paraissent jusqu’ici fragiles ou optimistes. La semaine est cruciale."

560
Emplois
La citation en faillite pourrait intervenir dès ce vendredi. Elle signifierait la perte de 560 emplois dans le bassin sidérurgique liégeois.

Quelles perspectives?

Ce scénario à 40 millions ne serait cependant pas suffisant pour relancer l’activité de manière pérenne. "Ces 40 millions seraient suffisants pour rouvrir un certain nombre de perspectives, mais l’ensemble des sommes à mobiliser pour relancer l’outil, financer l’approvisionnement en matière première et l’énergie, sont plus importantes que les 40 millions", estime Willy Borsus. "On doit donc nous démontrer que la reprise est crédible et financièrement soutenue."

Enfin, cette piste Liberty, aussi fragile qu’elle soit, devra également surmonter un ultime obstacle: celui de la confiance, jusqu’ici malmenée entre le pouvoir public wallon et le groupe Liberty Steel. "Mais dans la situation du secteur et de l’entreprise, on doit s’en remettre aux faits et uniquement aux faits. On doit tenir compte de la réalité à la suite des décisions du tribunal. Deux des trois offres de reprise ont été considérées comme discriminantes et ne reprenaient qu’une partie de l’activité. Il n’y a pas d’autre offre que celle de Liberty aujourd’hui."

Mais Willy Borsus reste convaincu que l’activité a encore un avenir au point de justifier un soutien financier de la Région. "Il y a 560 emplois. C’est un point prioritaire. Et lorsque j’observe le paysage de la sidérurgie dans ses différents métiers, ce sont des réalités en Europe et ailleurs dans le monde. Ce sont en plus des activités structurantes."

Des comptes à rendre...

Ce nouveau rebondissement potentiel dans le dossier Liberty Steel pose question. Lors d’une audience tenue le 25 avril dernier devant le tribunal de l’entreprise de Liège, la juge avait rejeté l’offre de reprise de Liberty Steel par Liberty Galati. Pour se justifier, la juge n’y était pas allée avec le dos de la cuillère. Au passage, la Région wallonne, affichant alors son soutien par le biais de Wallonie Entreprendre (WE), en avait aussi pris pour son grade. "Contre toutes attentes à nouveau, à l’audience du 25 avril, Galati a annoncé pouvoir disposer du soutien de Wallonie Entreprendre", peut-on lire dans le jugement rendu trois jours plus tard.

"Cette annonce de Wallonie Entreprendre est dépourvue de toute consistance vérifiable/appréciable par ce tribunal, à défaut de la moindre pièce et, bien plus, de la moindre précision concrète", peut-on encore lire. Quand on entend aujourd’hui que la Région va exiger des garanties avant de consentir un prêt de 20 millions d’euros, c’est bien la moindre des choses. "L’offre de Galati n’est appuyée d’aucun plan financier et aucune réflexion sur la nécessité de changements structurels, aucun nouveau projet économique ne sont démontrés", disait encore la juge, avant d’ajouter que "l’offre de Galati est entourée de nombreuses zones d’ombres, en ce compris concernant ses intentions réelles à l’égard de ces travailleurs". 

Si l'on comprend la volonté de la Région de tenter de sauver le plus d’emplois possibles, elle ne doit pas oublier qu’elle aura, tôt ou tard, des comptes à rendre. N.K.

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Le résumé
  • La citation en faillite de Liberty Steel Liège pourrait être déposée à partir de ce vendredi. Elle provoquerait la perte de 560 emplois.
  • La Région travaille sur un ultime scénario de sauvetage avec le groupe Liberty Steel.
  • Le pouvoir public se dit ainsi disposé à accorder un prêt de 20 millions.
  • Différents obstacles restent néanmoins à franchir pour rendre viable ce plan de relance.
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