Au kivu

“Qu'on nous débarrasse de toutes ces milices. Dites-le en Belgique.”

L’Echo s’est plongé dans l’enfer du Kivu où des milices terrorisent la population pour les minerais servant à fabriquer nos smartphones. Les premiers à profiter de ce «business de la mort» sont les pays voisins, par où transitent les minerais de sang.

Reportage & photos Vincent Georis | 12 juillet 2019 Édition: Clément Bacq | Développement: Benjamin Verboogen

Temps de lecture:

C’est un paradis dans l’enfer. Les eaux argentées du lac Kivu, bordées d’une végétation luxuriante, reflètent un soleil rouge sang. Au loin s’élève le chant des pêcheurs en pirogues. La saison des pluies s’achève.

Etalée sur les rives, Bukavu, ville d’un million d’habitants dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a des parfums de riviera. Si l’on s’éloigne de ses bidonvilles vers les routes brûlées et la forêt, c’est le chaos.

«Deux millions de réfugiés ont débarqué ici en 94. Des génocidaires hutus et des égarés», lâche le père Franco. En quarante ans, depuis sa mission sur les berges, il a tout vu. Il montre les collines du Rwanda. «Ils sont arrivés par là. Tout ce que nous avons connu a été balayé. Les gens tombaient comme des mouches. La culture de la mort est venue du Rwanda.»

Panzi
Une affiche du Prix Nobel de la Paix 2018 Denis Mukwege, à Bukavu.

Nous étions entrés la veille au Sud-Kivu en toute discrétion, par le petit poste frontalier de Rusizi. Voyager ici est déconseillé. Surtout la nuit. Le tourisme est inexistant. Les journalistes belges ne sont pas les bienvenus.

Jusqu’à la dernière minute, les autorités congolaises nous ont refusé le visa. Un coup de pouce divin a débloqué le sésame.

Carte République Démocratique du Congo

Dès l’arrivée au Congo, le contraste prend aux tripes. La route n’est que terre rouge, pierres et trous, bordée de maisons inachevées de briques ou de bois. De cahutes, serties de bâches déchirées ou abandonnées.

Des bouts d’asphalte, legs ultimes des colons belges, relient les bidonvilles. L’eau est impropre à la consommation, l’électricité est aléatoire. Un voile de poussière pourpre soulevée au passage des 4x4 recouvre cette misère.

Le feu rouge, le seul de Bukavu, estampillé «Made in RDC», est en panne. Ici, huit personnes sur dix vivent dans la pauvreté. A côté, le Rwanda fait figure de Suisse africaine.

Le business de la mort

Vingt-cinq ans après le génocide, les miliciens rwandais, les FDLR (Front démocratique de libération du Rwanda) sont toujours là. Tapis dans la forêt, éparpillés dans les villages. Ils pillent et violent.

Ces «seigneurs de guerre» rackettent les mines artisanales d’or, de coltan, d’étain et de tungstène, les «minerais de sang», indispensables à la fabrication de nos smartphones, ordinateurs et télés. Ils les acheminent dans les pays voisins. Avec l’argent, ils s’achètent des armes.

Des milices congolaises d’auto-défense, les Maï-Maï, censées se battre contre les Rwandais, se livrent aussi à ce business de la mort. «Yakutumba, le chef des Maï-Maï , te dira qu’il est là pour combattre le FDLR, mais en réalité, il exploite les minerais», dit Jacques Bulambo, de l’ONG Commission Justice et Paix. «À l’heure où je te parle, ils font mouvement vers les hauts plateaux. Les gens fuient.» Ces guerriers, se croyant invulnérables, s’aspergent d’eau («Maï» en Swahili) avant de combattre pour faire glisser les balles sur leur peau.

Les groupes armés pullulent au Kivu, surtout dans le nord. Certains viennent des pays voisins.

«Débarrassez-nous de ces milices»

«C’était en mars dernier. J’étais chez mon grand frère, à Kabare. Vers 23h30, on a frappé à la porte, raconte Marie (prénom d’emprunt). Sept hommes armés sont entrés. Ils m’ont empoignée. Frappée. Ils ont voulu m’obliger à avoir des relations avec mon frère. Il a refusé. On a commencé à se battre. Ils l’ont tué d’une balle.»

Bidonville de Panzi
Le bidonville de Panzi

Elle tient la main de son nouveau-né, le visage baissé. Elle reprend. «Ils m’ont tirée dehors de force, battue et violée. Après, ils ont pillé la maison.» Ses yeux se baignent de larmes. Elle identifie les auteurs, des Interahamwe, une milice rwandaise. Je lui demande si elle veut ajouter quelque chose, un message. «Je veux qu’on nous débarrasse de toutes ces milices, là-bas. Elles sèment la mort. Dites-le en Belgique.»

Marie a été recueillie à l’hôpital de Panzi. C’est ici que le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018, répare les femmes victimes de viols. Elle a reçu tous les soins appropriés. Sa revalidation sera suivie. A ses côtés veille une psychologue, sa «maman chérie» comme on dit ici.

Hôpital de Panzi
Une femme à l'hôpital de Panzi

Avant de nous quitter, Marie remercie le docteur Mukwege de la prendre en charge. Et elle le confirme, la milice rwandaise sévit là où se trouvent des mines. L’hôpital traite en moyenne 120 cas de violences sexuelles par mois. «Au début, nous pensions que c’était des cas isolés. Mais on s’est vite rendu compte que c’était planifié. Il terrorisent les femmes pour qu’elles fuient les zones minières», dit le traumatologue Antoine Nfundiko.

On les appelle des PDG

«Le phénomène s’aggrave», dit le docteur Christine Amisi, vice-présidente de la Fondation Panzi. «La semaine passée, un viol massif de 700 personnes a eu lieu à Fizi, au sud de Bukavu. Des femmes, des hommes mais aussi des enfants. C’est dur. Ils veulent que la vie n’ait plus de valeur. Ils détruisent méthodiquement le tissu social.»

Le but? S’accaparer les terres minières. «On les appelle des PDG. Ils règnent sur des carrés miniers, exploitent les femmes, traitent avec les négociants.»

La stratégie fonctionne, le Kivu compte plus d’un million de déplacés.

«Chinois! Chinois!»

Nous roulons vers le territoire de Walungu. Croisons des femmes au travail, des fardeaux sur la tête. De l’eau, des fagots de bois. D’autres bêchent dans les champs, un enfant accroché au dos. Les hommes sont rares. «Mon mari? C’est l’oisiveté», lâche l’une d’elle lors d’un arrêt.

Sans rire.

«Chinois! Chinois!», crient des enfants à l’entrée du village. Ceux-là n’appellent plus le blanc Mzungu (le marcheur blanc), mais Chinois, les seuls étrangers qu’ils ont vu débarquer.

«Nihaw!» (bonjour en Chinois), lance l’un d’eux, aussi hébété que moi.

Zolazola, la mine des femmes «twangeuses»
Zolazola, la mine des femmes «twangeuses»

Pour entrer dans les mines de Walungu, nous obtenons la bénédiction du Mwani, le roi, lors d’une cérémonie pesante.

Zolazola est une mine de cassitérite (étain) découverte par les Belges et récupérée par des artisans. Au début, il suffisait de se baisser pour trouver le minerais. «Zola» signifie «il suffit de prendre».

Aujourd’hui, le filon se tarit. «Pour nourrir mes enfants, je n’ai pas d’autre choix que de casser des pierres pour trouver de la cassitérite», raconte Joséphine Charlotte Eniota, une ex-enseignante. On les appelle femmes «twangeuses» (concasseuses), elles cassent des pierres à longueur de journée, avec des moyens rudimentaires. Elles gagnent un dollar par jour.

Vidéo: Vincent Georis

Des jeunes hommes creusent le sous-sol pour extraire des pierres. L’un d’eux me guide dans un boyau plongeant sous terre. L’eau s’infiltre, le couloir n’est pas étançonné. Il se resserre. L’oxygène manque. Nous rebroussons chemin. Il s’amuse de mon essoufflement. On s’assied. «J’aurais préféré être médecin. Ou ingénieur. Mais c’est comme ça, je travaille ici toute la journée, et parfois la nuit», confie-t-il, la voix fluette meurtrie par le manque d’air.

Les mines artisanales comme celles-ci renferment les corps de mineurs ensevelis par des éboulements.

Quand la terre ne prend pas la vie, les hommes s’en chargent. «Un creuseur gagnait bien sa vie à Zolazola. Un voisin jaloux a appelé l’armée congolaise. Il a accusé ce creuseur de vol. Les militaires sont venus, lui ont tout pris et se sont partagé le butin avec le voisin», dit Zacharie Boulakali, expert de l’International Peace Information Service (IPIS). Cette association a réalisé une cartographie des mines du Kivu.

Les femmes cassent des pierres à longueur de journée
Femme «twangeuse» à Zolazola

Une directive européenne inapplicable

Nous nous rendons sur le site aurifère de Nyamurhale, où se développe une petite coopérative. Deo Gratias, la soixantaine, plonge son bassin dans l’eau où les boues extraites de la mine ont été déversées et ramène des paillettes d’or. «Parfois, je trouve un gramme d’or sur un mois», dit-il. Un gramme vaut 37 dollars. Le mineur est fatigué. Les petits orpailleurs gagnent rarement plus d’un ou deux dollars par jour.

Vidéo: Vincent Georis

Plus haut, des jeunes concassent les pierres ramenées de la mine.

Nyamurhale, une mine certifiée où ne travaillent ni femme ni enfant. En théorie. Yves, un creuseur, nous assure qu’il a vingt ans. Ses traits lui donnent nettement moins.

Le Sud-Kivu compte 900 mines artisanales. Il n’est pas rare d’y trouver encore femmes et enfants, souvent exploités par les fameux «PDG».

Un processus de certification pour généraliser les mines «propres» a été lancé depuis que les Américains ont adopté la loi Dodd-Frank sanctionnant les entreprises cotées qui utilisent des minerais de sang. A ce jour, 150 mines, à peine, ont été certifiées. Le reste, c’est le flou absolu.

mine de Nyamurhale
La mine d'or de Nyamurhale

Une directive européenne adoptée en 2017 impose aux industriels achetant ces minerais, comme Nokia, Huawei ou Apple, de vérifier leur origine à partir de 2021. Nous l’avons constaté sur place, quasi rien n’est prêt pour son application. «Nous voudrions que nos mines bénéficient de cette directive, mais il faut qu’on nous explique comment les certifier dans de telles conditions», résume Bienvenu Abeli, un responsable de la société civile congolaise. Le coltan, le tungstène et l’étain sont plus faciles à tracer que l’or.

L’origine de cet or? Je ne veux pas savoir

«L’origine de cet or? Je ne veux pas savoir», dit Cirhuza, négociant dans un comptoir d’or à Bukavu. Ses confrères donnent la même réponse. «Une fois l’or acheté, nous le fondons en lingots, et puis ça part», ajoute-t-il. Il est impossible d’en connaître l’origine.

Origine de l'or
Négociant d'or à Bukavu

L’or transite par les pays voisins — Rwanda, Burundi, Tanzanie, Ouganda — avant de rejoindre les raffineries en Asie, aux Etats-Unis ou en Europe.

C’est un des secrets de l’enrichissement du Rwanda, devenu l’un des plus gros producteurs d’or de la région grâce à l’or congolais. «L’or congolais passe la frontière en fraude», dénonce Leonce Lumvi, un autre responsable de la société civile.

On estime que 98% de l’or est exporté frauduleusement de RDC. La preuve de ce trafic se trouve dans les comptes du ministère provincial des mines. Sur un an, à peine 1,5 kilo d’or des mines artisanales est déclaré à l’exportation. Or, le Rwanda, où l’on ne trouve que deux petites mines d’or, en produit des tonnes.

Le Congo se vide de ses richesses, vampirisé par ses voisins.

Des millions détournés

«Le nouveau code minier du Congo va tout changer», affirme Albert Mulukiza Mudukwe, le chef de cabinet du ministre provincial des Mines. Ce code, entré en vigueur en 2018, taxe les groupes miniers à 3,5%. La moitié de l’argent va à Kinshasa, l’autre reste dans la province. C’est un progrès par rapport à notre précédente rencontre: à l’époque, la maigre taxe partait à Kinshasa.

Vidéo: Pauline Laigneaux, Commission Justice et Paix

Encore faut-il que les billets restent dans les caisses.

Le sort des dernières taxes versées par le groupe canadien Banro, principal exploitant minier du Sud-Kivu, est éloquent. Le chiffre d’affaires annuel de Twangiza Mining, sa filiale dans la province, varie entre 100 et 150 millions de dollars. Ses comptes indiquent un versement de 6 millions de dollars de taxes au ministère des Mines en 2018. Mais l’argent a disparu. «Il est parti dans les poches d’individus. Lorsque le nouveau gouverneur est entré en fonction, il n’a trouvé que 32.000 dollars dans la caisse», raconte Néné Bintu, avocate et membre de l’ONG Commission Justice et Paix.

L’assemblée provinciale du Sud-Kivu a institué une commission d’enquête. Banro a gelé ses versements en attendant que l’affaire s’éclaircisse.

«Nos généraux sont corrompus»

Viols. Pillages. Massacres. Le Kivu est le théâtre d’atrocités quotidiennes. Lors de notre passage, 54 incidents ont éclaté. Deux ONG ont été braquées.

Les milices rwandaises hutues — FDLR ou Interahamwe — déstabilisent la région. «Les FDLR ont des armes neuves et des équipements lourds qu’ils achètent grâce au commerce des minerais. Ils disent qu’ils vont reprendre le Rwanda, mais c’est pour la galerie. Ils restent au Congo pour les minerais», dit Marc, un expert infiltré dans les groupes armés.

Cassitérite
La cassitérite, un des minerais indispensables à la fabrication des smartphones

Les guerriers Maï-Maï sont des jeunes anonymes, éparpillés dans les villages, qui se réunissent pour mener leurs opérations. «Beaucoup de nos politiciens ont besoin d’eux pour défendre leurs intérêts, c’est pour cela qu’ils ne sont pas chassés», dit Jacques Bulambo.

Pour couronner le tout, des pygmées (Twa), chassés de leurs terres par la déforestation, se sont retranchés dans une réserve naturelle, à une heure de Bukavu, et attaquent tout qui approche.

«Les groupes armés sont financés par les pays voisins pour s’accaparer les richesses du sol congolais», confie un haut gradé de l’armée congolaise. «Nous pourrions les balayer. Mais nos généraux sont corrompus», confie-t-il. Notre interlocuteur le reconnaît, «ce se serait vite réglé» si le Congo faisait appel à une force occidentale pour régler ce conflit.

Les Nations unies disposent sur place d’un contingent, la Monusco. Mais «ils sont là depuis vingt ans, et le conflit perdure».

Les héros du Kivu

«Les pratiques les plus abjectes sont mises en œuvre pour déloger les populations des sites miniers, et détruire leur vie sociale», résume Arsène Lumpali, avocat et directeur de la Commission diocésaine Justice et Paix de Bukavu. Cette ONG et sa consœur Caritas se battent pour réhabiliter les populations spoliées.

Vidéo: Vincent Georis

Furaha Kamalero aide les femmes enlevées par les milices à retrouver leur place dans la société grâce à son atelier de couture à Bukavu. «J’ai été enlevée en 2014 par les Maï-Maï, raconte-t-elle. J’étais détenue dans leur camp. Je vivais avec eux et d’autres femmes enlevées. Ils se servaient de nous comme esclaves. Un jour, après six mois, en allant chercher de l’eau à la fontaine, j’ai réussi à m’échapper.»

«J’ai combattu douze ans avec les Maï-Maï, dit Papy Kachiramikai, ancien guerrier d’une milice maï-maï. Je servais dans les renseignements.» Aujourd’hui, exfiltré par la Monusco et soutenu par Caritas, il aide d’autres guerriers à se reclasser grâce à l’Association pour les combattants de la paix. Il a développé un projet, une exploitation de poules, utile aux gens de Nyantende, sa communauté. «Sans ce projet, on nous rejetterait.»

Avant notre départ, un guerrier «repenti» glisse ce témoignage exceptionnel: «Le chef de notre milice recevait ses ordres criminels de Kinshasa.» De qui? «Nous devions tous partir lors des appels téléphoniques.»

Les héros du Kivu, connus, comme Mukwege, ou inconnus, comme Papy, Furaha, les femmes de Panzi ou de Zolazola, incarnent au Congo le monde des possibles. L’avenir.

Photo de Furaha
Furaha aide les femmes victimes des milices à se relever.

«Indépendance rien du tout»

Le 30 juin, date de l’indépendance nationale, et dernier jour de notre périple, personne n’a le cœur à la fête. Nul drapeau ne décore la ville. Nul défilé.

La nuit, deux cents maisons de Bukavu ont brûlé par la faute d’un fêtard isolé. Le seul camion des pompiers de Bukavu n'a pu venir à bout des flammes.

«Indépendance rien du tout, grogne un Bukavien. Pas de travail, pas d’indépendance.»

L’élection du nouveau président, Félix Tshisekedi, ne lui rend pas le sourire. «Personne n’est dupe, il est encadré par Kabila. Mais laissons-lui sa chance. On verra dans cinq ans.»

Les 362 ménages de Cinjira, victimes du Canadien Banro

Un brouillard épais voile la montagne de Cinjira, un terrain froid et hostile sur le territoire de Luhwindja. C’est ici que vivent 362 ménages déplacés par le groupe minier Banro pour exploiter leurs terres gorgées d’or.

A l’époque, en 2010, il s’agissait de 283 familles. Banro leur a promis des maisons, des écoles, un hôpital, selon «les standards locaux», affirme l’entreprise. Les villageois ont signé la convention.

Les villageois sortent à notre rencontre, vêtements en lambeaux, les yeux hagards. «Banro nous a roulé, dit Asifiwe Kahundu, l’un d’eux. Nous n’avons rien pour vivre, pas de champ à cultiver, rien.»

Leurs maisonnettes, d’une trentaine de mètres carrés, sont insalubres. Le béton s’effrite, l’humidité s’infiltre partout. Il n’y a pas d’eau courante, ni d’électricité. L’hôpital, nous l’avons constaté sur place, est un dispensaire de quelques pièces sans docteur, ni équipement digne de ce nom. Les écoles sont «en cours de construction».

Un enfant au visage gonflé, apathique, est assis à terre près de son père face à l’entrée du dispensaire. Personne ne parvient à identifier sa maladie.

Les habitants de Cinjira demandent à être relocalisés dans des lieux de vie adéquats. Le seront-ils? Banro vient de vendre Twangiza, la filiale qui exploite cette mine, à des Chinois. Ceux-ci seraient encore moins regardants, dit-on.