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Les Jeux olympiques de Paris, un enjeu sécuritaire majeur pour la France

L'entrée de la cantine du village olympique où sont attendus les athlètes de tous les pays participants. ©AFP

Dix millions de visiteurs sont attendus sur la période des Jeux, de la cérémonie d'ouverture, le 26 juillet, à la fin des épreuves paralympiques, le 8 septembre. Quels défis se présentent aux autorités françaises et comment y répondent-elles?

Comme tout grand évènement à portée mondiale, les Jeux olympiques sont une vitrine et une caisse de résonance exceptionnelles que certains pourraient utiliser au détriment du bon déroulé de l'organisation.

Pendant la période, 45.000 policiers et gendarmes seront mobilisés quotidiennement, ainsi que 20.000 militaires de l'opération sentinelle (déployés par François Hollande après les attentats de janvier 2015 pour répondre à la menace terroriste), des milliers de policiers municipaux et d'agents de sécurité privés… Soit, au total, presque 100.000 personnes en service tous les jours, en Île-de-France!

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C'est le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, qui coordonne l'ensemble du service de sécurité. Un défi colossal pour faire face à des menaces de natures très diverses, depuis le risque de diffusion de messages contestataires ou à caractère politique (le contexte international, avec la guerre menée par la Russie en Ukraine et celle entre Israël et le Hamas, est de ce point de vue particulièrement sensible) à celui d'attentat terroriste, en passant par la problématique de la délinquance (vols, escroqueries), qu'il va aussi falloir gérer.

La cérémonie d'ouverture

C'est l'évènement le plus sensible, car pour la première fois dans l'histoire des Jeux olympiques modernes, la cérémonie d'ouverture n'aura pas lieu dans un stade, plus facile à contrôler, mais sur l'eau.

Le comité olympique a prévu un plan B consistant à faire défiler les 10.500 athlètes entre la tour Eiffel et le Trocadéro, en cas de menace sécuritaire trop élevée.

Ce choix a été longuement discuté, notamment lorsqu'il a été question de déplacer les emblématiques caisses métalliques vertes des bouquinistes que l'on retrouve le long du fleuve parisien et qui font partie des images que les touristes auront sûrement envie de voir dans la capitale française… Après un bras de fer de six mois, le gouvernement a finalement cédé aux requêtes des bouquinistes et décidé de laisser les boîtes à leur place, sur les quais hauts.

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Mais le pari n'a pas fini de donner des sueurs froides aux organisateurs, qui n'ont cessé de revoir leurs ambitions à la baisse en termes de spectateurs: ils seront finalement 326.000, soit trois fois moins que le chiffre envisagé au début du projet! Le comité olympique a même prévu un plan B consistant à faire défiler les 10.500 athlètes entre la tour Eiffel et le Trocadéro, en cas de menace sécuritaire trop élevée.

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Brief spécial | JO de Paris: quelles retombées pour la Belgique?
Le Brief

Brief spécial | JO de Paris: quelles retombées pour la Belgique?

Trois milliards de téléspectateurs, dix mille cinq cents sportifs, trois cents vingt-neuf épreuves, les chiffres des Jeux olympiques de Paris donnent le tournis.

Mais les organisateurs ont voulu ajouter une difficulté supplémentaire: en faire un événement le plus durable possible. La plupart des infrastructures existaient déjà. Celles qui vont devoir être enlevées ont trouvé, pour beaucoup, des repreneurs.

Une vingtaine de membres du Sports & Entertainment Technology Club fourniront des services ou des produits. Les entreprises belges se distinguent en particulier dans les domaines des technologies de retransmission, de la logistique, du conseil et du catering. Parmi les partenaires officiels, il y a Chaudfontaine et AB InBev.

Le secteur du tourisme n'a, en revanche, pas beaucoup profité de l'engouement. Les réservations de chambres d'hôtels n'ont pas explosé à Bruxelles, bien que la capitale belge soit à peine à une heure et demie de train de Paris.

Qui sont les gagnants de ce grand événement? Comment sont-ils choisis? Pour en parler, je reçois Jean-François Sacré, journaliste spécialisé en sport-business à L'Echo, et Pierre-Olivier Beckers, président de la commission de coordination des JO de Paris au Comité international olympique.

Présentation: Guillaume Cordeaux.

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Le vendredi 26 juillet, 45.000 agents seront mobilisés en Île-de-France pour assurer la sécurité des 90 bateaux et plus de 200 délégations qui parcourront la Seine sur six kilomètres, entre le pont d’Austerlitz, à l'est, et le pont d'Iéna, à l'ouest, où se trouveront les chefs d'État. Parmi les responsables de la sécurité figurent plus de cent plongeurs-démineurs, 200 brigades canines et près de 700 pompiers formés pour réagir à des risques exceptionnels (bactériologiques, chimique ou nucléaire).

La Seine est au centre de toutes les attentions de ces Jeux. Les travaux gigantesques entrepris pour la rendre utilisable pour les épreuves de natation en plein air ont été controversés; et la cérémonie d'ouverture, organisée pour la première fois hors d'un stade, est un défi majeur en termes de sécurité.
La Seine est au centre de toutes les attentions de ces Jeux. Les travaux gigantesques entrepris pour la rendre utilisable pour les épreuves de natation en plein air ont été controversés; et la cérémonie d'ouverture, organisée pour la première fois hors d'un stade, est un défi majeur en termes de sécurité. ©AFP

Le risque terroriste, principale menace

Cette menace est la plus lourde qui pèse sur les Jeux, alors que la France a été frappée à plusieurs reprises ces dernières années, à tel point que les services de renseignement évoquent un "défi sécuritaire gigantesque". En mai, le risque est devenu très concret avec l'arrestation d'un ressortissant russe d'origine tchétchène à Saint-Étienne, où doivent se tenir six matchs de football, dont des rencontres avec les États-Unis ou l'Ukraine.

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Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le jeune homme de 18 ans "voulait d'abord s'en prendre à des spectateurs, puis ayant vu que le stade Geoffroy-Guichard était trop sécurisé, voulait s'en prendre à des spectateurs en dehors, près des buvettes et des cafés, et ensuite mourir en martyr".

68 millions
d'euros
Un plan de soutien de la filière sécurité a été lancé il y a deux ans, avec un budget de 68 millions d'euros.

Il y a dix jours, ce même ministre faisait savoir que 3.512 personnes avaient été écartées de l'organisation des Jeux, suite à des enquêtes administratives. Environ 700.000 recherches ont été menées sur les athlètes, leur équipe sportive, les bénévoles, les agents de sécurité recrutés spécialement pour l'évènement, les journalistes… Parmi les profils déjà mis de côté figurent "des dizaines d’individus radicaux proches des milieux islamistes, d'ultra-gauche et d'ultra-droite". Gérald Darmanin a précisé qu'un million d'enquêtes administratives seront conduites en tout.

Au début du mois de mai, le ministre de l'Intérieur a également demandé aux préfets de renforcer les mesures de contrôle pour certaines personnes, parmi les 5.200 fichées pour "prévention de la radicalisation à caractère terroriste". Plus de 600 visites domiciliaires ont été effectuées et des mesures individuelles, comme la limitation des déplacements et les pointages au commissariat, ont été instaurées. Les profils sensibles sont donc étroitement surveillés.

Acteurs isolés et locaux

Si les services de renseignements s'attendaient à l'apparition de campagnes de mobilisation des groupes terroristes connus à l'approche des Jeux olympiques, ils n'ont finalement rien constaté de massif. Mais la menace évolue, avec des attaques qui se décident et s'organisent de façon de plus en plus décentralisée par rapport aux têtes des organisations, expliquent au Monde les services de renseignement.

Le risque le plus probable est celui d'un passage à l'acte d'acteurs isolés et locaux. La semaine dernière, à Paris, deux attaques au couteau contre des forces de sécurité (un militaire a été pris pour cible gare de l'Est le lundi 15 juillet, puis un policier a été agressé avec la même arme trois jours plus tard, sur les Champs-Élysées) ont rappelé la réalité de la menace.

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Certains pays ont leurs propres moyens de sécurité pour leurs équipes, comme Israël ou les États-Unis.

La sécurité privée et étrangère

Pour assurer la sécurité quotidienne sur les sites des Jeux et le bon déroulement des épreuves (contrôle des spectateurs, fouille des sacs…), l'embauche d'environ 20.000 agents de sécurité privés a été nécessaire.

Un plan de soutien de la filière a été lancé il y a deux ans, avec un budget de 68 millions d'euros, et l'objectif de formation a été atteint, assure le préfet de Paris, Marc Guillaume, même si, le 10 juillet, il manquait encore plus de 2.000 contrats. Les critiques n'ont pas manqué ces derniers mois, puisque, faute de candidats, les sociétés privées ont fait appel à des étudiants, qui n'ont pas bénéficié de la formation standard de cinq semaines, mais d'une formation express de trois semaines… et à des retraités! Ils ne seront finalement que quelques centaines sur les sites.

Pour répondre aux énormes besoins de forces de sécurité, la France accueille également de l'aide étrangère. Cela n'a rien d'exceptionnel, puisque Paris avait par exemple envoyé des agents au Qatar, pour participer à la sécurisation de la dernière coupe du monde de football.

Blindés, brigades canines, cavaliers, unités de lutte anti-drogue, cellules de renseignement… en tout, quarante pays mettent des moyens à disposition de la France, essentiellement l'Espagne, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Une grande partie sera concentrée dans les gares, les aéroports et autour des sites de compétition. Certains pays ont également leurs propres moyens de sécurité pour leurs équipes, comme Israël ou les États-Unis.

"Le système n'est toujours pas opérationnel à hauteur de ce que l'on attend d'un matériel qui doit fonctionner pour les JO. On a un vrai trou dans la raquette."

Cédric Perrin
Sénateur (Les Républicains) en charge du rapport du Sénat relatif à l'efficacité du système anti-drones "Parade"
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La lutte anti-drones

Afin de se protéger de tout risque d'attaque aérienne, Paris a voulu se doter d'un bouclier capable de détecter tous les appareils, de 100 grammes à 25 kilos, dans toutes les conditions météorologiques possibles.

La France a donc saisi l'opportunité des Jeux pour développer un système anti-drones dénommé "Parade", développé par Thalès et CS Group, géré par l'armée de l'air et destiné à servir dans le futur à la Défense. Pourtant, le déploiement de ce système au début du mois de mai a inquiété les autorités françaises par ses défaillances.

Dans un environnement urbain dense, il aurait détecté seulement un drone sur trois dans un rayon de 800 mètres et aurait confondu des climatiseurs avec d'autres drones! Le rapport d'une mission d'information du Sénat révélant ces informations n'a exceptionnellement pas été rendu public… mais ses conclusions ont fuité dans The Times.

En décembre 2023, le sénateur Cédric Perrin, qui pilotait ce rapport, estimait que le système développé par la France n'était "pas au niveau du besoin, le système n'est toujours pas opérationnel à hauteur de ce que l'on attend d'un matériel qui doit fonctionner pour les JO. On a un vrai trou dans la raquette", soulignait alors l’élu Les Républicains. 

Pourtant, plusieurs connaisseurs du dossier relativisent la portée de ces failles. "Ce n'est qu'un système parmi la dizaine utilisés pour défendre le ciel parisien", argumente Michel Polacco, expert en aéronautique. Il cite notamment le système "Bassalt, déjà utilisé par Aéroports de Paris", comme outil complémentaire dont s'est dotée l'armée de l'air pour assurer la sécurité des Jeux. Dans l'ensemble, les spécialistes estiment que les défaillances de Parade ne sont pas tant un problème pour l'évènement que pour son utilisation future au sein de l'armée française.

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Les observateurs constatent que pour le moment, la dégradation de l'image du pays n'a pas pris.

L'enjeu de la cybersécurité

L'affirmation d'Emmanuel Macron, le 4 avril dernier, en pleine inauguration du centre aquatique olympique de Saint-Denis, a laissé entrevoir les craintes principales des autorités françaises: le chef d'État a, en effet, déclaré qu'il n'avait "aucun doute" sur le fait que Moscou puisse cibler les Jeux olympiques, "y compris en termes informationnels".

Plusieurs risques ont été identifiés. Il y a d'abord les campagnes de désinformation en ligne, effectivement d'origine russe, comme ces quelques vidéos qui ont circulé – sans grand impact – expliquant à quel point la France n'était pas en mesure d'assurer la sécurité ou l'organisation d'un évènement d'une telle envergure.

Les observateurs constatent que pour le moment, la dégradation de l'image du pays n'a pas pris. Il y a aussi les attaques visant à déstabiliser certains sites stratégiques pour le bon déroulé des Jeux (ventes de titres de transport, de billets), en les saturant de visiteurs pour les rendre inaccessibles au public. Les arnaques classiques (hameçonnage, piratage de données ou revente d'identifiants piratés) pourraient être plus fréquentes, les cyber-délinquants profitant de l'opportunité des Jeux et de l'activité qu'ils provoquent.

Les sociétés chargées de sécuriser les infrastructures critiques ont en tête la cyberattaque lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux d'hiver en Corée du Sud, en 2018: le site internet avait été hors service pendant plusieurs heures, le réseau wifi du stade olympique avait cessé de fonctionner ainsi que les téléviseurs dans la salle de presse… Il s'agirait d'éviter que cela se reproduise, et surtout que les réseaux de diffusion, les systèmes de chronométrage ou autres éléments au cœur de la compétition ne soient pas atteints.

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L'actionnaire principal Hein Deprez, l'inspirateur de Greenyard, s'est allié à un financier pour retirer la société de la cote.
Greenyard sur le point de sortir de la Bourse de Bruxelles
Hein Deprez, le fondateur de Greenyard, envisage de retirer l'entreprise de la bourse avec le soutien d'un partenaire financier, selon les informations de notre rédaction.
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