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Polémique en Allemagne autour de l'emploi des réfugiés

Tailor Abid Ali, migrant pakistanais, et Nora Azzaoui, fondateur de l'asbl Mimycri, le 23 juillet 2018. ©REUTERS

Quatre cents mille réfugiés ont trouvé un emploi ou une entreprise assurant leur formation selon la fédération patronale allemande BDA. Un constat contesté par d’autres.

"L’intégration des réfugiés se déroule mieux que prévu. Sur le plus d’un million de personnes arrivées depuis 2015, 400.000 suivent une formation en alternance ou ont décroché un emploi. Je suis moi-même surpris que ça aille si vite." Dans une interview au quotidien régional Augsburger Zeitung, Ingo Kramer dressait en fin de semaine un bilan positif de la situation des réfugiés sur le marché allemand du travail. Venant du patron de la fédération patronale BDA, la déclaration avait de quoi rassurer.

Mais mardi, le Bild Zeitung, très critique envers la politique migratoire du gouvernement Merkel, dressait un tout autre bilan, assurant que "deux tiers des réfugiés" vivent de l’allocation sociale Hartz IV. Selon le quotidien populaire, si 31,6% des actifs réfugiés sont effectivement placés sur le marché du travail (formation en alternance ou emploi), cette moyenne est bien inférieure à celle de l’ensemble des étrangers vivant en Allemagne (50,3%) et surtout au taux d’activité des Allemands (67,7% ont un emploi ou sont en formation).

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Le patronat allemand est globalement favorable à l’immigration.

La situation est en effet plus complexe. Globalement, la position des réfugiés sur le marché du travail s’améliore, mais lentement. 187.000 d’entre eux sont officiellement à la recherche d’un emploi, un chiffre stable par rapport à 2017. Par ailleurs, près de 400.000 personnes n’occupent qu’un emploi à temps partiel, saisonnier ou en contrat à durée déterminée qui ne leur suffit pas pour vivre (contre 420.000 fin 2017) et perçoivent donc des allocations sociales complémentaires de l’Etat.

Les disparités sont également importantes en fonction du pays d’origine des réfugiés. Syriens, Afghans et Irakiens, qui ont les meilleures perspectives d’obtenir un permis de séjour de longue durée, ont aussi les meilleures chances de trouver un emploi. Les entreprises sont plus méfiantes à l’égard des candidats originaires d’Afrique, dans la crainte qu’ils ne soient expulsés au cours de leur formation par exemple. Les disparités sont également importantes concernant le niveau scolaire acquis dans le pays d’origine (80% des demandeurs d’asile iraniens possèdent un diplôme du secondaire ou universitaire, contre 40% seulement des Syriens) ou la maîtrise de la langue. 15% des personnes arrivées depuis 2015, essentiellement des femmes, sont analphabètes.

Le patronat allemand est globalement favorable à l’immigration, rappelant que quantité de branches (soins aux personnes âgées, hôtellerie et restauration...) souffrent d’une véritable pénurie, alors que le marché du travail est proche du plein emploi avec un taux de chômage à 5,6%. Les entreprises allemandes se plaignent régulièrement que certains de leurs salariés ou jeunes en apprentissage sont expulsés en raison du tour de vis donné par le gouvernement en matière d’immigration.

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