Accueil triomphal de Merkel par ses troupes
"Angie doit sauver le monde" : les troupes d'Angela Merkel ont fait un triomphe à la chancelière allemande samedi à Berlin à la veille d'élections législatives délicates pour sa majorité.
Pour son dernier grand discours de campagne, la dirigeante conservatrice, tout sourire et détendue, a demandé aux électeurs de lui "accorder un mandat fort" afin qu'elle puisse, "pour les quatre prochaines années, continuer à servir l'Allemagne, un pays qui est respecté en Europe (...) qui défend ses intérêts dans le monde mais qui est aussi l'ami de nombreux pays".
Mme Merkel, fêtée par quelque 4.000 militants de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) qui brandissaient des pancartes "Angie", a toutes les chances d'être reconduite dimanche pour un troisième mandat de chancelière.
Mais elle pourrait ne pas parvenir à préserver sa coalition avec les Libéraux du FDP et être contrainte de gouverner avec ses adversaires sociaux-démocrates.
Un dernier sondage publié samedi donne la CDU à 39%, le FDP à 6%, soit moins que la majorité absolue à eux deux. Le Parti social-démocrate (SPD) emmené par son rival Peer Steinbrück est crédité de 26% des intentions de vote et les Verts sont à 9%.
Angela Merkel n'a fait aucune mention directe du FDP samedi. Elle s'est contentée de dire qu'elle aimerait maintenir "cette coalition".
Pour chauffer les troupes, un groupe de musiciens est venu interpréter "Angie doit sauver le monde" et "You're simply the best" ("Tu es tout simplement la meilleure").
Au sein de son parti, jamais le culte de cette fille de pasteur d'ex-RDA n'avait atteint un tel niveau.
Devant de nombreux journalistes étrangers, cette dirigeante âgée de 59 ans, dont le pays joue un rôle central mais controversé dans le règlement de la crise de l'euro, a longuement souligné l'importance d'allier "solidarité et responsabilité".
Souvent décriée en Europe du Sud pour sa défense acharnée de l'austérité, Angela Merkel a insisté sur le fait que l'Allemagne, "économie la plus grande d'Europe", avait "besoin d'amis".
Mais elle a une nouvelle fois exprimé son opposition à toute mutualisation de la dette en Europe.
Au pouvoir depuis huit ans, Angela Merkel a demandé aux Allemands de lui confirmer leur confiance. "Vous savez qui je suis !", a-t-elle martelé pendant ses 65 meetings électoraux, de la mer du Nord au lac de Constance.
Ses adversaires dénoncent l'absence de positions claires d'une chancelière qui semble tout miser sur sa seule personnalité. "Merkel ne fait aucune promesse concrète, n'a ni vision, ni projet, ni programme", a dénoncé le quotidien berlinois Tagesspiegel.
Son principal rival, le candidat social-démocrate Peer Steinbrück, a quant à lui choisi d'achever sa campagne samedi à Francfort, capitale financière de l'Allemagne et siège de la Banque centrale européenne (BCE).
Devant une foule brandissant des ballons rouges et des drapeaux du SPD, il a promis d'instaurer un salaire horaire minimum généralisé de 8,50 euros dès février 2014.
"C'est entre vos mains ! S'il vous plaît, allez voter ! Nous sommes le parti qui veut rectifier les dérives" sociales, a lancé M. Steinbrück, 66 ans, l'Allemagne étant l'un des pays d'Europe comptant le plus de bas salaires, malgré un faible taux de chômage.
Le scrutin doit permettre d'"en finir avec le gouvernement le plus inactif et qui a fait le plus de retours en arrière depuis la Réunification", a-t-il dit.
L'ancien ministre des Finances de Mme Merkel (2005-2009), pendant son premier mandat sous une grande coalition (conservateurs et SPD), a moqué une chancelière tournant "autour d'un rond-point". "Quelle direction prend ce pays ?", s'est-il interrogé.
Dimanche, 61,8 millions d'électeurs allemands sont appelés à rendre leur verdict dans les urnes. Les premiers sondages à la sortie des bureaux de vote sont attendus à 18h00 heure locale (16H00 GMT).