Royaume-Uni: Boris Johnson annonce sa démission
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé sa démission de la tête du parti conservateur ce jeudi midi. Il restera Premier ministre jusqu'à ce que son successeur soit désigné.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé, ce jeudi midi, sa démission du parti conservateur, mais indiqué qu'il resterait au pouvoir jusqu'à ce que soit désigné son successeur. La procédure de désignation d'un nouveau dirigeant pour le parti conservateur est lancée, a-t-il ajouté, précisant qu'un calendrier sera annoncé la semaine prochaine.
"C'est clairement la volonté du parti conservateur qu'il y ait un nouveau leader", a commencé par dire Boris Johnson. Selon lui, le processus de sélection du nouveau dirigeant doit commencer dès maintenant.
Trois ans après son accession à Downing Street, Boris Johnson, 58 ans, s'est trouvé poussé vers la sortie par une avalanche de démissions au sein de son gouvernement après une succession de scandales. Devant le 10 Downing Street, ce jeudi, il s'est dit "triste d'abandonner le meilleur travail au monde".
Peu avant sa déclaration, Downing Street a dévoilé les noms des nouveaux membres du cabinet devant remplacer les ministres démissionnaires:
- Greg Clark est le nouveau ministre à l'Égalité des chances et au Logement, remplaçant ainsi Michael Gove.
- Kit Malthouse devient Chancelier du duché de Lancastre, le ministre le plus haut placé après le Premier ministre.
- James Cleverly remplace la nouvelle ministre de l'Éducation Michelle Donelan.
- Le ministre de la Justice Robert Buckland devient ministre chargé du Pays de Galles, en remplacement de Simon Hart.
- Shailesh Vara est le nouveau ministre chargé de l'Irlande du Nord, remplaçant Brandon Lewis, qui avait annoncé sa démission ce jeudi matin.
- Andrew Stephenson est nommé, quant à lui, ministre sans portefeuille.
Un départ avant l'automne?
Boris Johnson devrait rester Premier ministre jusqu'à l'automne, le temps de permettre l'élection de son successeur. Plusieurs membres du parti conservateur ont toutefois déjà remis en question cette possibilité. Le secrétaire d’État aux Affaires, à l'Énergie et à la Stratégie industrielle Kwasi Kwarteng a notamment déclaré sur Twitter qu'un nouveau leader était nécessaire "dès que possible".
Pour le chef de l'opposition Keir Starmer, la perspective du départ de Boris Johnson est une "bonne nouvelle". Mais "nous n'avons pas besoin d'un changement à la tête des Tories. Nous avons besoin d'un vrai changement de gouvernement", a-t-il asséné.
Nouvelles démissions
Depuis le départ fracassant, mardi soir, des ministres des Finances et de la Santé, Rishi Sunak et Sajid Javid, une cinquantaine de membres de l'exécutif britannique avaient quitté leurs fonctions. Après un nombre record de démissions en 24 heures, tout s'est encore accéléré ce jeudi matin.
- Mercredi soir, Boris Johnson a limogé son ministre du Logement Michael Gove.
- Le ministre britannique chargé du Pays de Galles, Simon Hart, a démissionné à son tour quelques heures plus tard.
- Ce jeudi, c'est le ministre chargé de l'Irlande du Nord, Brandon Lewis, qui a annoncé sa démission.
- La nouvelle ministre de l'Éducation, Michelle Donelan, fraîchement nommée mardi, a emboîté le pas, indiquant son départ.
- Le ministre des Finances, Nadhim Zahawi, également en poste depuis mardi, a appelé le Premier ministre à démissionner ce jeudi matin.
Plusieurs noms circulent déjà pour la succession de Boris Johnson, notamment Ben Wallace, Penny Mordaunt, Rishi Sunak et Liz Truss.
Un appel à la démission qui était peut-être la goutte d'eau pour le Premier ministre. Isolé et impuissant, Boris Johnson devait se plier à l'inévitable.
Qui pour lui succéder?
La campagne pour le remplacer a déjà commencé. Mercredi, la procureure générale pour l'Angleterre et le pays de Galles, Suella Braverman, avait déjà exprimé son souhait de reprendre la tête du parti conservateur. D'autres noms sont également évoqués.
- Ben Wallace: le ministre de la Défense est plus populaire que jamais dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. S'il a toujours démenti être intéressé par une nomination à la tête du Parti conservateur, il est perçu par les Tories comme une figure franche et compétente.
Selon un sondage YouGov rendu public jeudi et réalisé auprès de membres du Parti conservateur, Ben Wallace, au ministère de la Défense depuis 2019, l'emporterait face à tous ses autres concurrents en cas d'élections pour élire un nouveau leader conservateur. - Penny Mordaunt: secrétaire d'État au Commerce extérieur, elle a été une figure de la campagne en faveur du Brexit en 2016 et œuvre depuis à négocier des accords commerciaux. Elle est récemment montée en popularité parmi les conservateurs et est vue comme une option sérieuse pour remplacer le Premier ministre.
- Rishi Sunak: le Chancelier de l'Echiquier, premier hindou à ce poste, a démissionné mardi avec fracas du gouvernement. Sa démission le replace du côté des favoris pour prendre la succession de M. Johnson, lui qui avait perdu du terrain en raison de sa fortune et des arrangements fiscaux de sa richissime épouse, mal vus en pleine crise du pouvoir d'achat.
- Liz Truss: son franc-parler et sa volonté de s'immiscer dans les guerres culturelles ont rendu la ministre des Affaires étrangères Liz Truss plutôt populaire auprès de la base des Tories. Sa ligne dure concernant l'invasion de l'Ukraine ou ses menaces de se détacher de l'accord avec l'UE concernant l'Irlande du Nord plaisent à certains conservateurs.
Actions en hausse
Les actions britanniques étaient en hausse, ce jeudi matin, suite à l'annonce d'une démission imminente dans les médias. L'indice FTSE 250, axé sur le marché intérieur, a grimpé de 0,9% pour atteindre un sommet en séance. Le FTSE 100, qui tend à bénéficier de la faiblesse de la livre, gagnait 1,2% vers 10h25. La livre sterling, quant à elle, a bondi de 0,5% par rapport au dollar.
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