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Eva Kaili reste en prison, l'enquête s'internationalise

La désormais ex-vice-présidente Eva Kaili, photographiée au Parlement européen le 7 décembre, deux jours avant son interpellation à Bruxelles. ©AFP

Eva Kaili, dont l'extraction a été bloquée par une grève en prison, restera incarcérée jusqu'au 22 décembre. Le mandat d'arrêt de deux des trois autres inculpés a été prolongé. L'enquête, elle, ne cesse de bouillonner.

C'est sans un mot que le juge d'instruction Michel Claise s'est engouffré dans les entrailles du palais de justice de Bruxelles, peu avant l'audience qui devait le voir répondre aux questions de la chambre du conseil, réunie à huis clos derrière de lourdes portes blindées. Le magistrat de 66 ans, à la tête de l'enquête ouverte pour corruption, blanchiment et organisation criminelle au sein du Parlement européen, a eu la surprise de ne pas voir Eva Kaili sur le banc des inculpés.

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L'eurodéputée grecque, vice-présidente du Parlement et inculpée la plus marquante du dossier, a été bloquée par une grève dans son établissement pénitentiaire, nous a indiqué son avocat belge André Risopoulos, qui n'a souhaité faire aucun autre commentaire. Le parquet fédéral, dans un communiqué, a pour sa part expliqué que Mme Kaili était absente "en raison d'un report qu'elle avait demandé". L'élue de 44 ans, soupçonnée d'avoir été payée par le Qatar pour défendre ses intérêts devant le Parlement européen, comparaîtra le 22 décembre devant la chambre du conseil.

Deux en prison, un sous bracelet électronique

Les trois autres inculpés ont, pour leur part, pu être présents. Le mandat d'arrêt de l'Italien Francesco Giorgi, assistant parlementaire de l'eurodéputé Andrea Cozzolino et compagnon d'Eva Kaili, a été prolongé d'un mois. Il en est de même pour Pier Antonio Panzeri, ancien eurodéputé et président de l'ONG Fight Impunity, chez qui 600.000 euros ont été découverts. Le secrétaire général de l'ONG No Peace Without Justice, Niccolo Figa-Talamanca, a pour sa part été maintenu en détention, mais sous le régime de la surveillance électronique. Contactés par nos soins, les avocats des trois inculpés n'ont fait aucun commentaire à l'issue de l'audience. Seul l'avocat de Francesco Giorgi nous a déclaré que son client ne ferait pas appel de cette décision.

L'avocat grec d'Eva Kaili semble charger Francesco Giorgi, indiquant que "seul son compagnon", avec qui elle vivait, pouvait fournir "des réponses sur l'existence de cet argent".

Quelle sera la position de Mme Kaili quant aux charges qui l'accablent, au premier lieu desquelles la présence d'argent liquide – environ 150.000 euros rangés dans des sacs – à son domicile bruxellois? Me André Risopoulos qui, lui, a eu accès à des éléments du dossier et à sa cliente, n'a fait aucun commentaire. Son avocat grec, Michalis Dimitrakopoulos, a déclaré à l'AFP, depuis Athènes, qu'elle était "innocente". Celui qui affirme avoir eu des contacts avec Mme Kaili, semble charger Francesco Giorgi, indiquant que "seul son compagnon", avec qui elle vivait, pouvait fournir "des réponses sur l'existence de cet argent".

"Dossier Mezzo"

Et sur le front de l'enquête, alors, dans cette affaire que les policiers et magistrats, qui aiment à donner des noms de code à leurs dossiers emblématiques, ont surnommé "Mezzo", selon une source? Celle-ci se poursuit tous azimuts et les inculpés ont à nouveau été entendus ce lundi, questionnés sur chaque détail de l'enquête. Mais celle-ci s'oriente, après une phase d'action survitaminée, vers une autre circonscrite à l'étude des masses de documents saisis. Autant de mails et messages à détricoter, alors que les enquêteurs de l'OCRC et de l'OCDEFO s'attachent, en parallèle, à revisionner les interventions filmées au Parlement d'un grand nombre de parlementaires...

"Dans ce dossier, il pourrait s'agir d'une immixtion par corruption. Ce sont des charges extrêmement sérieuses."

Vincent Van Quickenborne
Ministre de la Justice

La journée de mardi a aussi été marquée par la révélation du caractère nettement plus international de l'affaire. Selon De Morgen et De Standaard, le Maroc et ses agissements intéressent de près les enquêteurs, notamment via un diplomate marocain, ambassadeur en Pologne, qui aurait offert des "cadeaux" à Pier Antonio Panzeri. Plusieurs sources proches de l'enquête confirment à L'Echo que l'enquête s'attache à défricher les agissements marocains, mais que la priorité est pour l'heure au Qatar. Une chose est certaine: l'enquête est loin d'avoir révélé tous ses secrets...

Enfin, Le Soir et Knack ont indiqué que l'origine du dossier "Mezzo" était à chercher du côté de la Sûreté de l'Etat. Le service de renseignement belge avait déjà investigué ces soupçons de corruption au Parlement européen avec les services d'autres pays, a indiqué le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld). Le ministre a également évoqué, sans le nommer, le Maroc. "Les intérêts peuvent être légion. Pour n'en citer qu'un: les droits de pêche. Dans ce dossier, il pourrait s'agir d'une immixtion par corruption. Ce sont des charges extrêmement sérieuses", a-t-il ajouté. 

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Le résumé
  • Eva Kaili ne s'est pas présentée en chambre et restera incarcérée au moins jusqu'au 22 décembre.
  • Deux des trois autres inculpés resteront un mois en prison, tandis que le troisième a été placé sous surveillance électronique.
  • Le nom du Maroc a été cité dans le dossier, confirmé – sans le nommer – par le ministre de la Justice en commission, à la Chambre.
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