L'Europe invite Google, Facebook et Twitter à mieux combattre les fausses nouvelles
La Commission européenne publie ce mardi les rapports d'autoévaluation des géants du net dans la lutte contre la désinformation. Elle les invite à faire mieux, sans quoi ils devront se plier à une nouvelle législation.
Google, Facebook, Twitter, Mozilla et Microsoft ont progressé dans la lutte contre les fausses nouvelles en Europe, affirme ce mardi la Commission européenne, un an après la signature d'un code de bonnes pratiques contre la désinformation avec ces géants du net. Mais ils peuvent encore mieux faire.
Par exemple, Facebook a désactivé 2,1 milliards de faux comptes au premier trimestre 2019. Le réseau social a aussi détecté et supprimé en octobre 2019 pas moins de 7.606 comptes, pages et groupes adoptant des comportements coordonnés visant à induire en erreur sur l'identité des personnes ou des groupes derrière ces comptes.
YouTube (Google) a désactivé plus de 10 millions de comptes entre septembre 2018 et août 2019 pour violation de sa politique de spams et d'indications trompeuses.
"Peut mieux faire"
Les progrès sont réels, mais jugés insuffisants, trop variables d'un signataire à l'autre et dénués d'information sur l'incidence réelle des mesures prises. De plus, toutes les grandes plateformes ne sont pas entrées dans le processus, il manque encore Snapchat et Reddit.
"Propagande et désinformation automatisées à grande échelle persistent. Nous ne saurions tolérer que ces pratiques se banalisent."
Pour rendre cet avis, la Commission européenne se base sur les rapports d'autorégulation réalisés par ces entreprises, qu'elle publie ce mardi sur son site.
"Propagande et désinformation automatisées à grande échelle persistent, et des efforts restent à accomplir dans tous les domaines régis par le code. Nous ne saurions accepter que ces pratiques se banalisent", affirment les commissaires européens Vera Jourova, Julian King et Mariya Gabriel, chargés du plan d'action contre la désinformation.
Côté positif, les géants du net font preuve d'une "plus grande transparence" et un "dialogue plus étroit" s'est noué entre eux et la Commission européenne. Les élections européennes, ciblées par plusieurs attaques, furent un excellent banc d'essai.
"Les efforts se multiplient pour contrer les cybermercenaires agissant lors des campagnes électorales"
"Si les élections au Parlement européen de mai 2019 n'ont, à l'évidence, pas été exemptes de désinformation, les actions menées et la publication mensuelle de rapports en amont de ce scrutin ont contribué à limiter la marge d'ingérence", reconnaissent les commissaires.
Mais, déplorent-ils, toutes les entreprises du net n'ont pas fourni des efforts aussi intenses pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation. Par exemple, Facebook est le seul à identifier les publicités politiques, tandis que Google y réfléchit encore.
Cybermercenaires des campagnes électorales
"Les efforts se multiplient pour contrer les cybermercenaires agissant lors des campagnes électorales", confie une source européenne, "on sait combien de sites ont été fermés, de publicités malveillantes ont été rejetées, mais nous n'avons pas d'indication de l'impact des mesures, ce qui est problématique".
L'Europe déplore que l'accès aux données soit insuffisant pour évaluer les actions entreprises contre la désinformation. Et, surtout, la communication de ces données ne répond pas aux besoins des chercheurs.
"La Russie très active"
L'origine des campagnes de désinformation est mieux connue depuis la mise en oeuvre de ce code. "Nous avons une image plus claire des opérations malveillantes. La Russie est toujours très active, c'est un acteur important, mais ce n'est pas le seul", précise un expert européen.
L'Europe insiste: sans indicateurs pour évaluer l'impact des mesures prises par les géants du net, il est difficile de rendre compte de la menace.
En l'absence de progrès de la part des géants du net, la Commission pourrait décider dans les mois à venir d'adopter une législation contraignante. Ce sera entre les mains de la prochaine équipe de commissaires présidée par Ursula von der Leyen.
Le code de bonnes pratiques a été mis en place suite aux campagnes russes visant à influencer les élections européennes font partie de la "menace hybride" identifiée par l'UE et les alliés de l'Otan. Moscou utilise des médias bien référencés, comme Russia Today et Sputnik News. D'autres entités malveillantes avaient aussi été identifiées, comme Cambridge Analytica, qui fut active lors du référendum sur le Brexit et l'élection de Donald Trump.
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