L'UE durcit les sanctions contre la Biélorussie pour son trafic de migrants
L'UE a renforcé ses sanctions contre la Biélorussie pour son trafic de migrants aux frontières polonaise et lituanienne. La Lituanie accuse Moscou de profiter de la situation.
Les 27 ministres européens des Affaires étrangères, réunis lundi à Bruxelles, ont décidé de renforcer les sanctions contre le régime du dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko pour le trafic de migrants organisé aux frontières de la Pologne et de la Lituanie. "Nous avons un accord sur un cinquième paquet de sanctions qui sera finalisé dans les jours à venir", a déclaré Josep Borrell, le Haut représentant de l'UE aux Affaires étrangères.
Selon les autorités européennes, Alexandre Loukachenko a mis en place, depuis mai dernier, un trafic de migrants via des agences de voyages en Irak, en Syrie et en Turquie. Des candidats réfugiés sont déplacés par milliers vers Minsk par la compagnie aérienne biélorusse Belavia. Ils sont ensuite transportés par bus entiers, ou même par taxis, vers les frontières lituanienne et polonaise.
"Nous avons une agression hybride qui se poursuit à l'encontre des frontières européennes."
Là-bas, les forces biélorusses les poussent à passer par les forêts vers le territoire de l'Union européenne. La grande majorité de ces migrants ont pour destination finale l'Allemagne.
Un cadre élargi
La Biélorussie a déjà fait l'objet de sanctions suite à la répression violente exercée par le régime contre ses opposants politiques depuis la réélection contestée de Loukachenko en août 2020. Plus de 165 personnes et des entreprises liées au dictateur ont été frappées de sanctions ciblées.
Suite à cette nouvelle crise, l'UE a décidé d'élargir les sanctions contre les personnes physiques et morales, compagnies aériennes, agences de voyages et agents liés au trafic de migrants. "Nous avons une agression hybride qui se poursuit à l'encontre des frontières européennes", a dit Josep Borrell, ajoutant que le renforcement des sanctions permettrait d'atteindre les responsables de ce trafic.
L'Espagnol s'était entretenu la veille avec le ministre biélorusse des Affaires étrangères Vladimir Makei qui lui a promis de "fournir une assistance humanitaire aux migrants" et de les faire rentrer dans leur pays, tout en rejetant la moindre responsabilité dans le trafic de migrant.
Un désastre humanitaire
Chaque jour la situation s'aggrave aux frontières de l'Est de l'Europe. La Pologne a déclaré l'état d'urgence, fermé sa frontière avec la Biélorussie et interdit à Frontex, aux ONG et aux médias de s'y rendre. Environ 20.000 soldats polonais ont été déployés. Des centaines de migrants, poussés par les Biélorusses et rejetés par les Polonais, se sont retrouvés bloqués dans un no man's land, où ils vivent dans des conditions épouvantables.
En outre, Varsovie a annoncé la construction d'un mur le long de la frontière avec la Biélorussie à partir de décembre.
La Lettonie a mobilisé 3.000 soldats pour renforcer la surveillance de ses frontières.
"Pour la première fois de notre histoire, l'état d'urgence a été déclaré à la frontière lituanienne."
La Lituanie a durci ses contrôles, tout en accueillant les migrants qui franchissent ses frontières. Mais le petit pays balte n'est ni habitué ni organisé pour un tel afflux.
Vilnius réclame des sanctions fortes contre la Biélorussie, en particulier contre sa compagnie aérienne Belavia. "Pour la première fois de notre histoire, l'état d'urgence a été déclaré à la frontière lituanienne", a confié lundi le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis. "L'Europe doit mettre la pression sur la Biélorussie pour qu'elle laisse les migrants rentrer chez eux".
"La Russie utilise cette crise pour déstabiliser l'Union européenne."
L'ombre de Moscou
Gabrielius Landsbergis estime que la situation s'aggrave, et qu'elle profite avant tout à la Russie, le principal allié du dictateur biélorusse. Une affirmation étayée par l'envoi récent de 250 paracommandos russes à la frontière polonaise pour mener des exercices avec l'armée biélorusse.
"La Russie utilise cette crise pour déstabiliser l'Union européenne", a-t-il dit. "Ils espèrent que les Européens ne pourront s'accorder, car ils savent que la migration est une question sensible".
Concentration russe à la frontière ukrainienne
Moscou a déployé ces dernières semaines de l'artillerie lourde et des tanks à la frontière ukrainienne. Ces mouvements ont incité Washington à avertir l'UE d'une nouvelle menace russe sur l'Ukraine. Le Kremlin nie toute intention de déclencher un nouveau conflit. Mais Josep Borrell juge "préoccupante" cette concentration d'équipements.
Pour Landsbergis, ces mouvements russes et la crise migratoire provoquée par Minsk sont liés. Un scénario jugé "hypothétique" par Borrell.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba était à Bruxelles lundi pour s'entretenir avec ses homologues européens. Lors d'une conférence de presse, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a mis en garde Moscou contre toute nouvelle "action agressive" à la frontière ukrainienne.
- L'Union européenne s'est accordée lundi sur un cinquième paquet de sanctions contre la Biélorussie en raison du trafic de migrant qu'elle organise aux frontières de la Pologne et de la Lituanie.
- Vilnius, confrontée à des arrivées inhabituelles de migrants, accuse la Russie d'utiliser cette crise pour "déstabiliser" l'UE.
- La Russie a envoyé des paracommandos près de la frontière polonaise. Moscou a également massé des tanks et de l'artillerie à la frontière ukrainienne, un déploiement jugé "préoccupant" par l'UE.
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