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L'Union européenne divisée quant à un embargo sur le pétrole russe

La Première ministre lituanienne Ingrida Symonite et son homologue polonais Mateusz Morawiecki sont en première ligne pour demander de nouvelles sanctions contre Moscou. ©EPA

La Pologne et la Lituanie exhortent l'UE à adopter un embargo sur le pétrole russe. L'Allemagne et d'autres pays très dépendants aux hydrocarbures russes s'y opposent.

Face à la guerre d'invasion menée par Moscou en Ukraine, l'Union européenne planche sur l'adoption d'un cinquième paquet de sanctions contre la Russie avec, en ligne de mire, un embargo sur le pétrole russe. Les ministres européens des Affaires étrangères ont abordé la question ce lundi, lors d'un conseil à Bruxelles, sans prendre de décision.

Après plusieurs semaines d'unité, des tensions ont fini par émerger entre les Vingt-Sept. Le dossier sera évoqué au niveau, plus élevé, des dirigeants de l'UE, lors d'un sommet prévu jeudi en présence du président des États-Unis Joe Biden.

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925
civils ukrainiens
Selon l'ONU, plus de 925 civils ukrainiens ont été tués par les bombardements russes depuis le début du conflit.

"Les ministres ont décidé de faire un état des lieux. Il ne s'agissait pas de prendre des décisions aujourd'hui, mais d'ouvrir la voie à une décision future", a dit le Haut représentant de l'UE Josep Borrell.

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Les premières sanctions occidentales ont isolé le président russe Vladimir Poutine, mais elles n'ont pas réussi à infléchir sa politique meurtrière. Lundi, la Russie a poursuivi ses bombardements à l'aveugle contre les villes ukrainiennes, et en particulier contre Marioupol.

Huit personnes ont été tuées lors d'une frappe contre un centre commercial à Kiev. Un quartier résidentiel de la ville portuaire d'Odessa, au sud du pays, a également essuyé des tirs nourris. Selon l'ONU, plus de 925 civils ukrainiens ont été tués par les bombardements russes depuis le début du conflit.

Une réaction plus forte

"Toutes les options sont sur la table, y compris un embargo sur le pétrole russe."

Un diplomate européen

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Les pays de l'Est, Pologne et Lituanie en tête, ont appelé lors de la réunion à une réaction plus forte de l'UE face à la Russie. "Le côté dissuasion des premières sanctions n'a pas marché. Nous devons être prêts à faire des choses plus fortes maintenant, et pas dans quelques semaines", a confié un diplomate européen avant la réunion de lundi.

Plusieurs options sont à l'étude. "Toutes les options sont sur la table, y compris un embargo sur le pétrole russe et des sanctions contre Sberbank et Gazprombank", a précisé ce diplomate.

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a proposé durant le week-end d'instaurer un embargo total sur le commerce avec la Russie.

Embargo sur le pétrole

L'idée d'un embargo sur le pétrole russe a fait son chemin lors des réunions préparatoires des ambassadeurs européens.

"Il est très difficile, à mon avis, de faire valoir que nous ne devrions pas intervenir dans le secteur de l'énergie."

Simon Coveney
Ministre irlandais des Affaires étrangères

L'Europe dépend à 40% du gaz en provenance de la Russie, mais sa dépendance envers son pétrole est plus faible (27%). Lorsqu'il s'agit de pétrole, il est également plus aisé de changer de source d'approvisionnement. De plus, les États-Unis et le Royaume-Uni ont déjà décrété un embargo sur le pétrole russe.

"Vu l'étendue des destructions en Ukraine en ce moment, il est très difficile, à mon avis, de faire valoir que nous ne devrions pas intervenir dans le secteur de l'énergie et interrompre les achats de pétrole et de charbon", a déclaré lundi le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney.

Mais un groupe de sept pays européens, dont l'Allemagne et l'Italie, très dépendants des hydrocarbures russes, s'est opposé à toute sanction qui toucherait le secteur énergétique. L'Allemagne importe de Russie 55% de son gaz, 52% de son charbon et 34% de son pétrole.

Pour peser dans le débat, le Kremlin a averti lundi que l'approvisionnement en gaz serait coupé si l'UE imposait un embargo sur le pétrole. "Un tel embargo aurait une influence très sérieuse sur le marché mondial du pétrole, une influence néfaste sur le marché énergétique en Europe", a averti le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

L'UE a déjà sanctionné 685 personnes et 14 entités liées au président Poutine, ainsi que des secteurs de l'économie russe, comme les banques soutenant l’effort militaire.

Le résumé
  • Les ministres européens des Affaires étrangères ont discuté ce lundi d'un cinquième paquet de sanctions contre la Russie.
  • Les pays de l'Est veulent des mesures plus dissuasives, notamment un embargo sur le pétrole russe.
  • Les pays très dépendants des hydrocarbures russes, comme l'Allemagne et l'Italie, s'opposent à des sanctions sur l'énergie.
  • Les Vingt-Sept, réunis jeudi en sommet, tenteront de trancher cette question épineuse.

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