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La baisse des rendements obligataires pourra-t-elle se poursuivre encore longtemps?

Peugeot a été un des rares constructeurs automobiles à n'avoir pas délivré de nouvelles défavorables. ©REUTERS

En dépit d'une conjoncture moins favorable, les rendements de la dette des sociétés poursuivent leur contraction dans la zone euro. Et réduisent par la même occasion leur écart avec celui des obligations de référence.

Les marchés financiers n’en sont plus à une contradiction près. L’affaiblissement de la croissance des économies de la zone euro devrait tout logiquement pousser les rendements des obligations émises par les  entreprises à la hausse. Pourquoi? Pour la raison entre autres que les prochains résultats des entreprises sont censés être de moins bonne facture que par temps d’excellente conjoncture.

Une économie en moins bonne forme risque de peser sur l’évolution des bénéfices des entreprises, pouvant conduire à une dégradation de leur santé financière et susciter des doutes sur leur capacité à payer les coupons. Voire à rembourser leurs emprunts, dans le pire des cas.

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PMI au plus bas depuis 2013

Mais voilà, c’est tout le contraire qui se passe aujourd’hui. Malgré des indicateurs économiques décevants, comme les PMI publiés au début de la semaine qui ont fait ressortir les plus mauvaises performances du secteur manufacturier depuis plus de 6 ans dans la zone euro, les rendements de la dette des entreprises - on parle de celles qui sont "bien" notées par les agences de notation financière (Investment Grade) -, continuent à baisser. L’écart entre ces rendements et les taux d’intérêt de référence - celui du Bund allemand essentiellement pour la dette d’entreprises libellée en euros - ne cesse de se réduire.
Cet écart est passé sous les 100 points de base (1%) cette semaine, pour la 1e fois depuis mai 2018, à 98 points de base en moyenne.

Si l’on prend le secteur automobile, par exemple, réputé être un gros émetteur de dettes, il a vu les rendements de ses obligations poursuivre leur contraction. Et cela, même si les actions des constructeurs ont beaucoup souffert sur les marchés boursiers. A l’exception notable de Peugeot, le secteur auto n’a cessé pourtant de multiplier les avertissements sur les résultats futurs. Valeo, Faurecia, Continental, BMW, Daimler et Renault, entre autres, se sont livrés à cet exercice ces derniers mois.

Cela n’a pas  empêché l’écart entre les rendements de leurs obligations et le taux de référence, de continuer à se resserrer. Il est retombé à 116 points de base (1,16%) pour la 1e fois depuis juin 2018.

Précisons que le secteur automobile a été le plus prisé lors de la précédente vague d’assouplissement quantitatif. Il représente actuellement 8% des obligations d’entreprises détenues par la BCE.

Nouveaux rachats d’actifs par la BCE

La BCE ne pourra pas continuer à soutenir le marché des obligations d'entreprises comme elle le faisait auparavant

Mohammed Kazmi
Union Bancaire Privée

Comment justifier cette apparente dichotomie? Elle s’explique principalement par la possibilité pour le BCE de remettre sur les rails un nouveau cycle d’assouplissement quantitatif. Elle n’écarte pas la reprise de ses achats nets de titres obligataires émis par les sociétés. "Les mesures d’assouplissement quantitatif constituent la seule raison de la baisse des rendements obligataires des sociétés, compte tenu de la détérioration de la situation économique", explique Richard Hodges, responsable de Total Return Fixed Income auprès de Nomura Assett Management.

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La baisse des rendements obligataires pourra-t-elle cependant se poursuivre encore longtemps? La question divise les experts de la gestion de portefeuille. Mais si, à l’instar de Mohammed Kazmi, gestionnaire de portefeuille auprès de l’Union Bancaire Privée (Londres), certains doutent que "la BCE puisse continuer à soutenir le marché comme elle le faisait auparavant", l’écart des rendements entre les obligations d’entreprises et le Bund allemand pourrait bien ne pas se contracter indéfiniment.   

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