Le déroulé des événements tragiques à Kiev
Alors qu'un calme apparent était revenu depuis quelques semaines à Kiev, une manifestation d'opposants pro-européens a dégénéré mardi. Il n'en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres.
Au total, 77 personnes ont perdu la vie depuis mardi, d'après un bilan publié vendredi matin par le ministère de la Santé.
MARDI 18 FEVRIER
- Un défilé de 20.000 manifestants pro-européens dégénère en affrontements avec les forces de l'ordre près du Parlement où doit être débattue une réforme constitutionnelle.
- La mairie de Kiev est de nouveau occupée par les contestataires et la Maison des Syndicats, devenue leur QG, est ravagée par le feu. Le métro est fermé et la circulation automobile limitée.
- Les forces antiémeute Berkout, précédés de véhicules blindés équipés de canons à eau, lancent l'assaut pour évacuer les milliers de contestateires rassemblés sur le Maïdan, la place de l'Indépendance occupée depuis trois mois.
La police parvient à reprendre une partie de la place, alors que les manifestants dressent un mur de feu pour se protéger.
- A Lviv (ouest), 5.000 manifestants s'emparent de bâtiments officiels et de dépôts d'armes.
MERCREDI 19
- Après une nuit de violences, manifestants et policiers se font face sur le Maïdan.
- Les services spéciaux annoncent des mesures d'exception "antiterroristes". Le chef d'Etat-major des armées est limogé.
- Plusieurs pays européens appellent à des sanctions contre les responsables de la répression, Paris et Berlin condamnent des "actes inqualifiables et inadmissibles".
L'ONU appelle à une "enquête urgente et indépendante", l'Otan menace de remettre en cause sa coopération avec Kiev.
- A l'issue d'une rencontre avec l'opposition, le président Ianoukovitch annonce dans la soirée une "trêve". Le bilan des affrontements depuis mardi s'élève à 28 morts dont 10 policiers.
JEUDI 20
- Des centaines de manifestants radicaux chargent le cordon de police sur le Maïdan, reprenant le contrôle de la place. Les forces de l'ordre ripostent en ouvrant le feu à balles réelles.
- Le maire de Kiev, imité par 12 députés, quitte le parti au pouvoir pour protester contre le "bain de sang" qui a fait jeudi au moins 60 morts, selon l'opposition.
- A Bruxelles, accord de l'UE sur des sanctions ciblées, interdictions de visas et gels d'avoirs, contre les responsables de la répression. Washington menace, Ottawa élargit ses sanctions.
- Une troïka européenne (France, Allemagne, Pologne) rencontre à plusieurs reprises le président Ianoukovitch et les leaders de l'opposition. Les négociations se prolongent durant la nuit, en présence d'un représentant du Kremlin.
- Le Parlement vote une résolution revenant sur les mesures antiterroristes.
VENDREDI 21
- Juste avant 14h00 GMT, le président Ianoukovitch et les responsables de l'opposition signent en présence des médiateurs européens un accord de sortie de crise qui prévoit des concessions majeures à l'opposition, dont une élection présidentielle anticipée, la formation d'un gouvernement de coalition et une réforme constitutionnelle.
- Dans la matinée, le ministère de l'Intérieur accuse les manifestants d'avoir ouvert le feu sur la police. Démenti des intéressés.
- Les députés votent une réforme constitutionnelle réduisant les pouvoirs du président.
- Démission du chef adjoint de l'Etat-major de l'armée pour protester contre les tentatives d'impliquer l'armée dans le conflit.
- L'agence d'évaluation financière Standard & Poor's abaisse à "CCC" la note de l'Ukraine, proche du défaut de paiement.