L'État islamique revendique la fusillade qui a fait au moins 133 morts à Moscou, quatre assaillants arrêtés

Une fusillade a éclaté vendredi soir au Crocus City Hall, une salle de concert située au nord-ouest de Moscou. "Des inconnus ont ouvert le feu au Crocus City Hall. L'évacuation des personnes est en cours", ont indiqué les services de secours à l'agence publique Tass.

Selon les forces de sécurité russes (FSB), au moins 133 personnes seraient mortes et plus d'une centaine seraient blessées, dont huit enfants. Tass fait état de deux explosions, qui ont entraîné un important incendie. Les pompiers ont réussi à le contenir, mais le toit du bâtiment a commencé à s'effondrer.

Selon le ministère russe des Situations d'urgence, plus d'une centaine de personnes ont pu être évacuées par le sous-sol. Des opérations ont été menées pour "sauver des personnes se trouvant sur le toit du bâtiment à l'aide d'équipements de levage".

Des unités spéciales de la garde nationale russe sont rentrées dans le bâtiment pour traquer les assaillants et retrouver d'éventuels survivants, mais sont ressortis à cause de l'incendie. La police recherche encore les assaillants et prévient que le bilan de l'attaque "peut encore augmenter".

Samedi matin, le Kremlin a annoncé l'arrestation de 11 personnes, dont les "quatre" assaillants. "Le directeur du FSB (les services de sécurité russes) M. (Alexandre) Bortnikov, a informé M. (Vladimir) Poutine de l'arrestation de 11 personnes, dont les quatre terroristes directement impliqués dans l'attentat", a indiqué la présidence aux agences de presse russes.

L'organisation terroriste État islamique a revendiqué la fusillade via le compte Telegram de son agence de propagande Amaq, sans apporter de preuve de leur implication. La branche de l'État islamique au Khorassan (Isis-K), active en Asie centrale, avait déjà opéré un attentat à la bombe devant l'ambassade russe à Kaboul en 2022, et a multiplié ces dernières années les attaques contre les États alliés à Moscou dans la région (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan and Ouzbekistan).

Le 7 mars, le FSB avait annoncé la neutralisation d'une cellule d'Isis-K qui préparait des attentats contre la communauté juive de Moscou. Ce jour-là, les ambassades américaine et britannique à Moscou appelaient les citoyens de la capitale à éviter pendant 48 heures les grands rassemblements, dont les concerts, en évoquant la menace d'"extrémistes".

Attaque "terroriste", selon le ministère public

Selon les médias russes, le Crocus Hall a une capacité de 6.200 places, et le concert de rock du groupe russe Picnic prévu ce vendredi soir affichait complet. L'attaque aurait eu lieu avant que ne débute le concert. Les services de secours, cités par l'agence Interfax, ont fait état "de deux à cinq personnes non identifiées portant des uniformes tactiques et munies d'armes automatiques" qui ont "ouvert le feu sur les agents de sécurité à l'entrée de la salle de concert" puis "commencé à tirer sur le public".

Selon un journaliste de Ria Novosti, les assaillants ont fait irruption sur le parterre de la salle avant d'ouvrir le feu et de lancer "une grenade ou une bombe incendiaire, ce qui a provoqué un incendie". "Les personnes qui se trouvaient dans la salle se sont allongées sur le sol pour se protéger des tirs, pendant 15 à 20 minutes, après quoi elles ont commencé à sortir en rampant. Beaucoup ont réussi à sortir", a indiqué le reporter.

Les flammes se sont propagées à près de 13.000 m2 du bâtiment avant que l'incendie ne soit contenu, selon les services de secours.

"Il reste encore quelques foyers, mais l'incendie a été pratiquement circonscrit. Des secouristes ont pu pénétrer dans l'auditorium" où le toit s'était effondré, a déclaré dans la nuit sur Telegram le gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov.

Le ministère public russe a ouvert une enquête criminelle, et qualifie l'attaque de terroriste. Tous les événements de grande envergure du pays ont été annulés, a annoncé le ministère de la Culture.

Kiev nie toute implication

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a appelé vendredi la communauté internationale à condamner la fusillade, la qualifiant de "crime monstrueux".

La Maison Blanche s'est dite "en pensées aux côtés des victimes de la terrible attaque". La France et l'Italie ont dénoncé des "actes odieux". L'Union européenne s'est dite "choquée et consternée".

Le président chinois Xi Jinping a présenté samedi ses "condoléances" à Vladimir Poutine, en assurant que la Chine "soutient fermement les efforts du gouvernement russe pour maintenir la sécurité et la stabilité" en Russie.

Le bureau du président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que l'Ukraine "n'a rien à voir" avec la fusillade.