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Qatargate: Marie Arena quitte la présidence de sa sous-commission

La députée européenne Marie Arena. ©Dieter Telemans

La députée socialiste a quitté définitivement la présidence de la sous-commission "Droits de l'homme" du Parlement européen après s'être expliquée sur un voyage de deux jours à Doha en 2022, en omettant de le déclarer.

L'affaire de corruption présumée du Qatar impliquant des membres du Parlement européen continue à agiter l'institution. L'enquête a révélé l'influence disproportionnée de thèses pro-Qatar au sein de l'assemblée, en particulier lors de débats de la sous-commission des droits de l'homme (DROI). Ce cénacle, où les régimes non démocratiques devraient en principe être mis sur le gril, était présidé lors de la précédente législature par le principal suspect du Qatargate, Pier Antonio Panzeri, aujourd'hui en détention.

Cette présidence a été reprise après les élections de 2019 par Marie Arena (S&D). L'eurodéputée belge n'est pas suspecte dans le Qatargate. Toutefois, une "erreur" commise pas ses services après un voyage effectué au Qatar, révélée mercredi par le journal Politico, a braqué à nouveau les projecteurs sur l'élue socialiste.

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Plus tard dans la journée, la députée européenne, "affectée par cette affaire", a annoncé sa démission définitive de la présidence de cette sous-commission, dont elle s'était mise en retrait début décembre. Elle a pris cette décision "au vu des attaques politico-médiatiques de ces dernières semaines qui nuisent non seulement à mon image, mais aussi à l'ensemble du travail réalisé au sein de la sous-commission DROI", a-t-elle précisé.

► Dossier | Tout savoir sur le Qatargate, le scandale de corruption au Parlement européen

Voyage au Qatar

"Je ne suis pas inculpée, et je n'ai pas été perquisitionnée dans le cadre de cette affaire."

Marie Arena
Députée européenne S&D

Marie Arena s'est rendue à Doha les 8 et 9 mai 2022, à l'invitation du Qatar, pour participer à un atelier sur les droits de l'homme et visiter le bureau local de l'OIT. Le voyage et l'hébergement étaient pris en charge par le gouvernement du Qatar.

L'ennui, c'est que l'eurodéputée a omis de déclarer le voyage conformément aux règles de transparence du Code de conduite de l'institution, qui prescrivent aux élus de déclarer les "cadeaux" reçus lors de prestations officielles.

Cet "oubli" n'est en rien un fait répréhensible entrant dans le cadre de l'enquête belge. Mais il pourrait constituer une faute au regard des règles internes du Parlement. Il appartiendra à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola (PPE), de se prononcer.

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"C'est aujourd'hui corrigé, et les trois voyages sont renseignés."

Marie Arena
Députée européenne S&D

Marie Arena, contactée par nos soins, reconnaît les faits et ajoute des éléments à l'information. "Je ne suis pas inculpée, et je n'ai pas été perquisitionnée dans le cadre de l'affaire", rappelle-t-elle à propos du Qatargate. Ceci étant, "c'est vrai, j'ai fait trois voyages sur invitation depuis le début de mon mandat. Il faut savoir que nous recevons beaucoup de propositions, et que nous avons peu voyagé en période de covid", précise-t-elle.

Ces voyages ont eu lieu au Liban, au Burkina Faso et au Qatar. "La personne qui s'occupe de mes déclarations au registre de transparence, un document assez compliqué à remplir, n'a pas déclaré ces voyages parce qu'elle ignorait qu'il fallait le faire", dit-elle, "c'est aujourd'hui corrigé, et les trois voyages sont renseignés". Arena précise qu'elle s'est rendue à Doha "en classe économique".

Le "lobbyisme" de Panzeri

Les relations que son prédécesseur à la tête de la sous-commission, Pier Antonio Panzeri, entretenait avec certains Qataris sont plus troublantes. L'ancien député socialiste s'était rendu à Doha en 2018 sur invitation pour traiter des questions liées à l'embargo décidé par les pays du Golfe contre le Qatar. À cette occasion, il avait signé un protocole d'accord avec les autorités locales liant la sous-commission.

Une belle porte d'accès pour le ministre du Travail qatariote, Ali ben Samikh Al-Marri, qui vint en novembre 2022 répondre devant les députés de cette sous-commission sur les violations des droits des travailleurs. D'après les éléments de l'enquête, dévoilés par Le Soir, Panzeri, devenu lobbyiste pour l'ONG Fight Impunity, avait préparé le ministre à l'exercice, son discours, et téléguidé certaines questions. Panzeri est soupçonné, comme l'ancienne vice-présidente du Parlement, Eva Kaili, d'avoir perçu des pots-de-vin, des petites coupures pour un total de 1,5 million d'euros ayant été découvertes chez eux lors de l'enquête.

Metsola veut encadrer le lobbyisme

Les invitations et autres "cadeaux" offerts aux députés européens par des États tiers posent question, les règles étant en réalité peu claires. Le débat est très sensible, alors que Roberta Metsola s'apprête à proposer jeudi 14 mesures pour limiter l'ingérence des lobbyistes au sein de son institution.

Parmi ces propositions, l'interdiction pour les députés de pratiquer du lobbyisme pendant deux ans après la fin de leur mandat, une mesure qui ne paraît pas des plus dissuasives. Par contre, on n'y trouve aucune interdiction de recevoir des "cadeaux" ou des invitations.

14
mesures
La présidente du Parlement européen doit proposer ce jeudi une série de 14 mesures pour limiter l'ingérence des lobbyistes dans son institution.
Le résumé
  • Marie Arena est épinglée par le journal Politico pour un voyage au Qatar non déclaré auprès du Parlement européen. L'élue s'explique dans nos colonnes. Elle a omis de déclarer trois voyages effectués sur invitation de pays tiers lors de cette législature.
  • Ce type de voyage n'est pas interdit, mais les règles de transparence du Parlement prescrivent aux députés de déclarer les "cadeaux" reçus lors de prestations officielles.
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