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Une journaliste polonaise menacée de mort

©EPA

Dorota Bawolek, une journaliste de la chaîne privée polonaise Polsat, en poste à Bruxelles, fait l’objet d’appels au meurtre sur les réseaux sociaux. La chaîne publique TVP, sous contrôle du gouvernement, a mis le feu aux poudres, reprochant à Dorota Bawolek d’avoir posé une question à la Commission européenne sur la réforme de la Justice très contestée mise en œuvre par le PiS, le parti au pouvoir en Pologne.

Dorota Bawolek, une journaliste polonaise basée à Bruxelles, ne laisse rien transparaître. Une léger sourire aux lèvres, elle continue à faire son travail. D’autres, à sa place, auraient craqué depuis longtemps.

Cette correspondante de la télévision privée Polsat, très appréciée, est la cible d’un déferlement de haine sur les réseaux sociaux orchestré par le PiS ("droit et justice"), le parti populiste au pouvoir en Pologne.

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Menaces de mort, insultes. Rien ne lui est épargné depuis que la chaîne publique polonaise TVP l’a clouée au pilori pour avoir posé une question "dérangeante" à la Commission européenne à propos de l’État de droit en Pologne. À tel point que Dorota Bawolek, en poste à Bruxelles depuis 2008, craint de rentrer dans son pays.

Jeudi dernier, le Parlement polonais, dominé par le PiS, adopte un projet de loi entraînant la démission de tous les juges de la Cour suprême, à l’exception de ceux qui ont été nommés par le ministre de la Justice. Le texte provoque un tollé au sein de la magistrature et de l’opposition.

"Vous préférez parler d’un pays qui quitte l’Union européenne que d’un pays qui en est encore membre."

dorota bawolek
journaliste de polsat

Le même jour, plusieurs journalistes demandent à un porte-parole de la Commission européenne de réagir à cette nouvelle atteinte à l’État de droit, lors d’un point presse au Berlaymont. Les questions restent sans réponse. Dorota Bawolek s’insurge. "Vous préférez parler d’un pays qui quitte l’Union européenne que d’un pays qui en est encore membre et qui risque de s’en aller aussi si vous refusez de commenter ce qui s’y passe", dit-elle. L’échange, diffusé en streaming, fait un scandale à Varsovie.

Campagne de haine

La télévision publique TVP, contrôlée par le gouvernement polonais, dénonce sur le champ l’attitude de Dorota Bawolek, estimant qu’il s’agit d’une "provocation". Des dizaines d’internautes proches du PiS font suivre la séquence de TVP sur Twitter et Facebook, traitant la journaliste d’"anti-polonaise", de "traître" ou de "prostituée". Les messages se durcissent, invitant "à lui raser les cheveux" ou encore à la "pendre". D’autres médias fidèles au PiS propagent cette vague haineuse.

Dorota Bawolek
Dorota Bawolek ©rv

La campagne finit par susciter l’indignation de la Commission. "Ce sont des menaces totalement inacceptables, a réagi hier Margaritis Schinas, le porte-parole en chef de la Commission. Nous avons un devoir de sollicitude vis-à-vis de tous les journalistes accrédités auprès de l’Union européenne."

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Dorota Bawolek préfère garder le silence. Sa chaîne télévisée, Polsat, est un des derniers médias polonais indépendants du pouvoir.

Vendredi, le Parlement polonais adoptait une autre proposition de loi réformant les tribunaux de droit commun, dont les présidents seront dorénavant nommés par le ministre de la Justice. Un troisième projet de loi, accroissant encore le contrôle du gouvernement sur la Cour suprême, est à l’étude.

Dimanche, des milliers de manifestants ont défilé à Varsovie pour dénoncer cette réforme de la Justice. Avocats, magistrats, représentants des partis d’opposition centristes et libéraux ont convergé vers le Parlement.

La Commission a lancé un processus de surveillance de l’État de droit en Pologne. Ce mercredi, son premier vice-président, Frans Timmermans, informera ses collègues de l’évolution du dialogue entamé avec la Pologne.

Depuis le début de cette crise, la Commission Juncker fait profil bas vis-à-vis de Varsovie.

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