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À Babi Yar, en Ukraine, "les juifs priaient pendant qu'ils étaient abattus"

Le mémorial de Babi Yar à Kiev, la capitale ukrainienne. ©Britta Pedersen/dpa-Zentralbild/ZB

Un des premiers massacres de la Shoah a eu lieu en Ukraine, à Babi Yar. En deux jours, les troupes de l'Allemagne nazie tuèrent par balle 33.771 juifs. Les autorités juives d'Europe y ont dénoncé la recrudescence de l'antisémitisme.

"J'avais 6 ans, je vivais à Kiev avec ma mère, mes quatre frères et ma sœur Clara. Des voisins nous ont dénoncés à la Gestapo. Les Nazis nous ont emmené, en disant que nous étions sélectionnés pour des tests médicaux", témoigne Michael Sitko, le dernier rescapé en vie du massacre de Babi Yar.

"Je me souviens de tout. Maman était debout, à 20 mètres de moi, elle tenait ma sœur dans ses bras. Un policier l'a frappée au visage. Elle est tombée. Il a poussé sur sa gorge pour l'étouffer. Ma sœur est tombée. C'était encore un bébé. Elle pleurait. Ils l'ont écrasé avec leurs bottes, puis ils ont abattu ma mère."

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"Les juifs priaient pendant qu'ils étaient abattus."

Michael Sitko
Rescapé du massacre de Babyn Yar

Babi Yar, un ravin situé à quelques kilomètres du centre de Kiev, est le site d'un des massacres les plus importants, et les plus atroces, de l'histoire de l'Holocauste.

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En deux jours, les 29 et 30 septembre 1941, les troupes de l'Allemagne nazie y ont abattu par balles 33.771 juifs, bébés, enfants, femmes et hommes. Les exécutions étaient menées par des Einsatzgruppen, avec l'aide de la police ukrainienne.

33.771
Juifs
En deux jours, les 29 et 30 septembre 1941, les troupes de l'Allemagne nazie, aidées de la police ukrainienne, ont abattu par balles 33.771 juifs, bébés, enfants, femmes et hommes dans le ravin de Babi Yar.

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C'est la première tuerie de masse du génocide juif. "Les Juifs priaient pendant qu'ils étaient abattus", dit Michael Sitko.

Plus de 100.000 personnes ont été tuées à Babi Yar durant l'occupation allemande. Juifs, mais aussi communistes, roms et nationalistes ukrainiens.

La loi du silence

"Les gens devraient étudier l'Histoire."

Michael Sitko
Rescapé du massacre de Babi Yar

Après leur crime, les Nazis brûlèrent les corps. Les témoins décrivirent des bûchers de la taille d'une maison. Les Soviétiques, comme les Nazis avant eux, voulurent effacer la mémoire de Babi Yar.

Michael Sitko a vécu en Ukraine l'antisémitisme au quotidien. "Jusque dans les années 2000, on nous a ordonné de nous taire sur Babi Yar. À l'école, les enfants se moquaient de nous parce que nous étions juifs".

27
janvier
Le 27 janvier, journée internationale dédiée à l'Holocauste, a été choisi en mémoire de la date de libération du camp d'Auschwitz.

Âgé de 86 ans, il vit désormais en Israël. "Partout dans le monde, on considère encore qu'être juif n'est pas bien. Les gens devraient étudier l'Histoire", dit-il.

La mémoire de l'Holocauste

L'Association juive européenne (EJA) organisait lundi et mardi un symposium à Kiev et une cérémonie à Babi Yar, en présence d'une centaine de députés et ambassadeurs européens, juste avant les commémorations du 27 janvier, la journée internationale dédiée à l'Holocauste, date de la libération du camp d'Auschwitz.

"En Allemagne, lors de manifestations, nous avons entendu des slogans comme 'Hamas, Hamas Juden Und Gas'."

Leah Floh
Présidente de la communauté juive de Mönchengaldbach.

Babi Yar a retrouvé la mémoire depuis la chute de l'URSS. Une synagogue en bois y a été érigée. Un musée est en construction.

Mais les commémorations ne suffisent pas. Les autorités juives insistent pour que des lois soient adoptées afin d'enseigner la Shoah.

"Ce qui nous chagrine, année après année, c'est la négation de l'Holocauste. De plus en plus de gens ont du mal à croire que cela ait existé", résume le rabbin Menachem Margolin, directeur de l'EJA.

En 2021, les actes d'antisémitisme ont atteint leur plus haut niveau depuis 10 ans. La moitié ont été perpétrés en Europe, et un tiers sont des agressions physiques.

"Les voix de l'Holocauste sont en train de s'éteindre. Cela nous donne une grande responsabilité pour le futur."

Joël Mergui
Président du Consistoire de Paris et de l'EJA

"En Allemagne, lors de manifestations, nous avons entendu des slogans comme 'Hamas, Hamas Juden Und Gas' et 'nous avons toujours des places pour les juifs dans les camps'", dénonce Leah Floh, présidente de la communauté juive de Mönchengaldbach.

"Cette montée des extrémismes est très préoccupante. L'antisionisme de bonne conscience fait partie de cette vague d'antisémitisme", regrette Joel Mergui, président du Consistoire de Paris et de l'EJA."Les voix de l'Holocauste sont en train de s'éteindre. Cela nous donne une grande responsabilité pour le futur."

La banalisation de l'Holocauste vient aussi de liens erratiques établis entre le génocide et la pandémie de covid, comme l'exhibition d'étoiles jaunes lors des manifestations antivax.

Le résumé
  • En deux jours, les troupes de l'Allemagne nazie, aidées de la police ukrainienne, ont abattu 33.771 juifs, bébés, enfants, femme et hommes, à Babi Yar, un ravin situé à Kiev.
  • C'est ce site que les autorités juives d'Europe ont choisi, cette année, pour commémorer l'Holocauste, dont la date anniversaire est le 27 janvier.
  • Les autorités juives dénoncent une recrudescence des actes d'antisémitisme en Europe, alors que les derniers témoins de l'Holocauste disparaissent.

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