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Navalny envoyé en prison pour près de trois ans

Le chef de l'opposition russe Alexeï Navalny, dans la cage des accusés lors de l'audience à Moscou ce 2 février. ©AFP

Un tribunal moscovite a ordonné mardi l'emprisonnement pour près de trois ans de l'opposant Alexeï Navalny. L'Europe et les États-Unis ont dénoncé cette condamnation. Le chef de l'opposition russe poursuit son combat politique depuis sa prison.

Alexeï Navalny a été condamné mardi à près de trois ans de prison par un tribunal de Moscou pour violation d'une conditionnelle prononcée suite à sa condamnation pour fraude au détriment du groupe français Yves Rocher en 2014. Le tribunal a révoqué le sursis de la peine de prison de 3 ans et demi, prononcée en 2014. En enlevant les mois déjà passés en assignation à résidence, il devra donc effectuer le reste de sa peine en prison, soit 2 ans et 8 mois.

Des proches du dissident russe ont appelé à manifester au centre de Moscou le soir même. Son avocat a annoncé qu'il ferait appel. Plusieurs pays européens et les Etats-Unis ont dénoncé cette condamnation.

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Cette affaire, datant de 2014, dégage un parfum de "kompromat" visant à faire tomber le leader de l'opposition russe, la Cour européenne des droits de l'homme ayant condamné la Russie en 2017 pour ses jugements en faveur d'Yves Rocher.

Plus de 120 personnes ont été interpellées devant le tribunal siégeant dans l'affaire Navalny.
Plus de 120 personnes ont été interpellées devant le tribunal siégeant dans l'affaire Navalny. ©Photo News

Sur son site internet, le dissident, emprisonné depuis le 17 janvier, a accusé le Kremlin de vouloir "faire peur à des millions de Russes" avec ce procès. Pendant l'audience, ses partisans ont manifesté devant le tribunal. La police a interpellé plus de 120 personnes.

Alexeï Navalny devait pointer tous les mois dans un commissariat à Moscou, une exigence qu'il ne pouvait satisfaire après son empoisonnement et sa convalescence en Allemagne. Lorsqu'il a pris la décision de rentrer en Russie, il savait qu'il serait arrêté dès son arrivée. Il a néanmoins choisi d'affronter son destin, et son meilleur ennemi, le président russe Vladimir Poutine.

Tensions entre Bruxelles et Moscou

L'arrestation du dissident a été condamnée par les États-Unis et l'Union européenne. L'affaire provoque des tensions entre Moscou et Bruxelles. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en visite à Moscou du 4 au 6 février, a indiqué son intention de rencontrer Alexeï Navalny. "Ce qui se passe en Russie est inacceptable, le traitement infligé à Navalny est inacceptable et M. Borrell souhaite aborder ces sujets avec ses homologues russes", a déclaré Peter Stano, le porte-parole de Josep Borrell.

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"Ce qui se passe en Russie est inacceptable, le traitement infligé à Navalny est inacceptable et M. Borrell souhaite aborder ces sujets avec ses homologues russes."

Peter Stano
Porte-parole de la Commission européenne

Moscou a répliqué, en espérant que l'Europe ne ferait pas "la "bêtise" de conditionner l'avenir de sa relation avec la Russie au sort de l'opposant".

L'enjeu pour le régime russe est de taille, des élections législatives étant prévues le 17 septembre prochain.

La popularité de Navalny en hausse

Le bras de fer entre Vladimir Poutine et l'opposant nuit à la réputation du maître du Kremlin. Par contre, le taux d'approbation de Navalny a doublé en un an en Russie, pour atteindre 20% selon le centre politique Levada. Ses partisans apprécient "le nouveau style" de l'opposant, qui a forgé sa réputation sur la lutte contre la corruption. Ses adversaires voient en lui "un agent de l'Occident".

Empoisonné en août par du Novitchok, un poison russe déposé sur ses sous-vêtements dans un hôtel en Sibérie, Alexeï Navalny avait été transféré à Berlin pour être soigné. Lors de sa convalescence de cinq mois, il était parvenu à piéger un agent russe qui avait participé à son empoisonnement. L'affaire avait embarrassé le Kremlin, qui avait nié toute implication.

De son obscure prison moscovite, Alexeï Navalny poursuit son combat contre le régime russe en publiant sur YouTube la vidéo Un Palais pour Poutine, une enquête dénonçant la construction d'un château fastueux de plus d'un milliard de dollars pour le président russe, avec de l'argent détourné.

Des dizaines de milliers de Russes manifestent leur soutien à Alexeï Navalny, chaque week-end à travers le pays, depuis son arrestation. Selon le sociologue Alexeï Sakharov, le 23 janvier, les manifestants étaient plus de 40.000 à Moscou. Dimanche dernier, plus de 5.300 personnes ont été arrêtées lors des manifestations, dont 1.800 à Moscou. Une mobilisation d'une telle ampleur n'a plus été vue en Russie depuis dix ans.

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