Près de 500 emplois sur la sellette chez Barry Callebaut
Le chocolatier Barry Callebaut assortit un programme d'investissements d'une réduction d'effectifs. Quelque 2.500 emplois sont menacés, dont près de 500 en Belgique.
"Éliminer les doublons" et moderniser la production: c'est ainsi que la direction des sites belges de Barry Callebaut a justifié ce lundi la (lourde) restructuration annoncée lors de conseils d'entreprise extraordinaires convoqués pour la cause. En résumé, près de 500 emplois sont directement menacés dans les usines de Wieze (Flandre orientale) et Hal (Brabant flamand).
L'annonce, en septembre dernier, d'un plan "BC Next Level", un programme d'investissements de 500 millions de francs suisses (525 millions d'euros) dans l'innovation, les services et la digitalisation pour réduire les coûts de 15%, soit 250 millions de francs suisses par an, laissait présager que l'emploi en pâtirait. Mais l'ampleur de la facture sociale a pris les syndicats de court.
Près de 500 emplois menacés en Belgique
Au niveau mondial, le géant suisse, né en 1996 de la fusion du français Cacao Barry et du belge Callebaut, prévoit de supprimer 2.500 emplois sur 13.000 dans les 18 mois. L'usine allemande de Norderstedt, près de Hambourg, est menacée de fermeture.
Chez nous, l'usine de Wieze, la plus grande chocolaterie du globe (1.200 salariés), paierait aussi un lourd tribut. La direction envisage d'y supprimer 250 postes d'employés et 60 emplois d'ouvriers. À Hal (480 travailleurs), 159 ouvriers et 19 employés pourraient passer à la trappe. L'usine de Heule, près de Courtrai, et la plateforme logistique mondiale de Lokeren ne seraient pas touchées par la restructuration. La procédure Renault a été enclenchée.
"La direction annonce un investissement de 165 millions d'euros et dans le même temps, proclame sa volonté de licencier potentiellement près de la moitié des ouvriers de l'usine."
Pris entre deux feux
Les syndicats sont sous le choc. "Derrière un langage particulièrement hygiénisé", une semaine après une présentation "des plus enthousiastes" des résultats du géant chocolatier, "se cache un véritable bain de sang social", lancent-ils dans un communiqué commun.
"Les travailleurs sont assommés. La direction annonce un investissement acquis de 55 millions d'euros et un autre projet d'investissement de 110 millions dans l'usine de Hal et dans le même temps, proclame sa volonté de licencier potentiellement près de la moitié des ouvriers de l'usine", lance Hans Christiaens (SETCa). Face à une telle annonce, les travailleurs sont pris entre deux feux. Une réaction trop virulente pourrait les exposer à une réduction, voire un abandon pur et simple des investissements prévus, et donc à des suppressions d'emplois supplémentaires.
L'inflation, l'envolée du prix du cacao et le prix élevé du sucre ne sont sans doute pas non plus étrangers à la décision radicale de Barry Callebaut. Premier fabricant mondial de produits à base de chocolat avec une production annuelle de 2,3 millions de tonnes, Barry Callebaut ne cible pas directement le consommateur. Il ne produit en effet que du chocolat en vrac qu'il vend à des sociétés alimentaires, à commencer par les géants du chocolat tels que Nestlé, Hershey (Kit Kat, Smarties), Mondelez (Lu, Côte d'or, Milka) ou Unilever (Magnum, Ben & Jerry's, Carte d’or) et à des pâtissiers et artisans chocolatiers. Chez nous, il fournit notamment Lotus Bakeries et les chocolatiers Neuhaus et Leonidas.
L'un des arguments avancés par la direction en conseil d'entreprise concernait d'ailleurs la nécessité de s'adapter à la pression croissante de la concurrence (Belcolade, Cargill...) dans un contexte de marché de plus en plus difficile, y compris sur le créneau des marques distributeur. Les derniers chiffres restent pourtant positifs. Le premier trimestre de son exercice 2023/2024 décalé lui a permis de gonfler de 0,4% ses volumes de ventes. Mais Barry Callebaut a manifestement décidé d'appliquer à la lettre l'adage "gouverner c'est prévoir".
- Le chocolatier Barry Callebaut assortit un programme d'investissements d'une réduction d'effectifs menaçant quelque 2.500 emplois, dont près de 500 en Belgique.
- L'usine de Wieze, la plus grande chocolaterie du globe, paierait un tribut particulièrement lourd, la direction envisageant d'y supprimer 250 postes d'employés et 60 emplois d'ouvriers.
- A Hal, 159 ouvriers et 19 employés pourraient passer à la trappe.
- L'inflation, l'envolée du prix du cacao et le prix élevé du sucre ne sont pas étrangers à la décision radicale du géant suisse.
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