Beaucoup de réunions et toujours autant de questions chez Audi Brussels
Visites officielles chez le Premier ministre, task force avec le politique et discussions sur le plan social ont animé cette journée de mercredi chez Audi Brussels. Sans beaucoup d'avancées. Si ce n'est que la fermeture de l'usine se précise.
La journée a été riche en réunions dans le dossier Audi Brussels. Mais au final, on n'y voit pas plus clair sur l'avenir de l'usine et de ses travailleurs.
Après la deuxième réunion sur le volet social avec la direction ce mercredi matin, des membres du top management d'Audi, dont Gerd Walker, membre du conseil d'administration, ont rencontré en début d'après-midi à Bruxelles le Premier ministre Alexander De Croo, un conseiller du formateur Bart De Wever et les syndicats.
"Le nouveau CEO de l'usine, Thomas Bogus, voulait rencontrer le Premier ministre, c'est pour cela que Gerd Walker est venu", justifie le directeur communication d'Audi Brussels, Peter D'hoore.
Selon nos sources, la direction d'Audi veut clôturer le plus rapidement possible la procédure Renault. Voire la production.
Les travailleurs restent sur leur faim
Après cette rencontre, a eu lieu la réunion de la task force mettant en présence les syndicats et le Premier ministre, le ministre de l'Emploi Pierre-Yves Dermagne et le conseiller de De Wever.
À l'issue des réunions, les travailleurs sont restés sur leur faim. "C'était une réunion qui a duré une petite heure et qui n’a pas servi à grand-chose", soupire Pascal Debrulle, délégué FGTB.
Gerd Walker n'a en effet pas donné de vrais éléments nouveaux sur le site. Il a clairement dit devant les autorités belges que le site de Forest n'avait plus d'avenir au sein du groupe VW. Il a aussi, d'après nos sources, fait savoir que la direction de la multinationale voulait clôturer le plus rapidement possible la procédure Renault. Voire la production.
"Les politiques nous ont confirmé qu'il ne s'agissait pas d'un constructeur automobile."
La piste d'un repreneur belge toujours sur la table
Gerd Walker a confirmé que la piste d'un repreneur belge était toujours sur la table, mais sans plus.
La direction d'Audi n'a en effet pas été très optimiste sur la piste de la reprise. "Les politiques nous ont confirmé qu'il ne s'agissait pas d'un constructeur automobile", dit Debrulle. Ce qui n'est pas une info en soi, dans la mesure où il n'existe pas vraiment de constructeur automobile belge.
Ce repreneur très hypothétique, qui pour rappel parlait de sauver 1.500 emplois, a jusqu'à mardi pour faire une nouvelle offre, date du prochain CE extraordinaire de phase 1.
Les syndicats attendent donc du concret sur ce repreneur à cette date. Mais ils ne sont pas optimistes et pensent que le scénario le plus probable reste celui d'une fermeture du site. Gerd Walker n'avait en tout cas pas de bonne nouvelle dans sa sacoche lors de sa visite à Bruxelles.
Les syndicalistes ont demandé que le politique installe un rapport de forces et exige plus de transparence d'Audi. Ils souhaitent aussi que les politiques soient plus fermes, quitte à exproprier. De Croo a rappelé la propriété privée. Mais il a promis de s'engager sur ce dossier jusqu'au dernier jour de son mandat.
Les paquets de départ négociés
Plus tôt en journée, il y a donc eu la deuxième réunion sur le volet social. Lors de celle-ci, les syndicats ont formulé des contrepropositions. Après l'incompréhension du premier montant, jugé trop bas par de nombreux travailleurs, les syndicats ont décidé de ne pas communiquer de montant cette fois-ci aux travailleurs.
"Il faut bien comprendre que ces chiffres vont évoluer à chaque réunion", ont-ils communiqué aux travailleurs en front commun. Ils ont par contre insisté sur une série de leurs revendications.
Pas question pour eux que des travailleurs soient laissés au bord de la route: les travailleurs en arrêt maladies, travailleurs âgés, ceux qui ont un régime de chômage avec complément d'entreprise (RCC), etc. Les représentants des travailleurs n'entendent également rien laisser passer sur les points d'assurance hospitalisation et d'assurance groupe.
Les fédérations patronales regardent donc aussi ces négociations avec grande attention, car elles craignent que des primes hautes deviennent ensuite la norme dans toutes les entreprises ou, à défaut, la revendication dans chaque restructuration.
Les fédérations patronales attentives
Le cœur des discussions restera la compensation additionnelle par année d'ancienneté. On ne part pas totalement d'une page blanche en la matière. Car l'usine a déjà connu une restructuration en 2006 quand elle est passée de Volkswagen à Audi.
En 2006, les primes touchées par les travailleurs avoisinaient les 5.600 euros brut par année d’ancienneté. Un travailleur avec 18 ans d’ancienneté touchait ainsi pus de 100.000 euros, mais ce montant état brut, si bien qu’in fine ce n’est que la moitié qui atterrissait dans les poches du travailleur. Un montant maximal était prévu à 144.000 euros par travailleur en brut.
Le niveau de ces primes était, il faut le souligner, bien supérieur à ce qui se voyait dans d’autres entreprises comme chez Renault Vilvorde, où la prime après 20 ans d’ancienneté n’avait atteint que 25.000 euros.
Les fédérations patronales regardent donc aussi ces négociations avec grande attention, car elles craignent que des primes hautes deviennent ensuite la norme dans toutes les entreprises ou, à défaut, la revendication dans chaque restructuration.
À l’époque de VW, les intérimaires avaient touché quelque 25.000 euros par personne. Ce ne sera pas le cas cette fois-ci, car ils ont été remerciés plusieurs mois avant que ne soit annoncée la volonté de restructuration. En d’autres termes, les primes passées ne garantissent pas les primes futures.
Pour rappel, Audi a provisionné 1,3 milliard d'euros pour la restructuration de son site de Forest. Une partie de cette enveloppe doit servir au plan social. Initialement, la date du 31 octobre était prévue pour déjà se séparer de 1.500 personnes, un calendrier serré qu'il ne sera pas facile à respecter.
La prochaine réunion sur le plan social est prévue le 16 octobre.
- Beaucoup de réunions chez Audi Brussels, entre le top management, les politiques et les délégués syndicaux.
- Malgré toutes ces rencontres, pas beaucoup d'éléments neufs à ce stade sur le futur du site, plus que jamais incertain.
- Les négociations sur le plan social continuent avec une série de revendications des travailleurs.
- Les syndicalistes demandent aux politiques de mettre la pression pour davantage de transparence d'Audi.
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