Chaque année, les ménages belges déboursent en moyenne 51,6 euros par an en frais bancaires, estime Statbel, l’institut belge de statistique, qui tire ces conclusions de l’enquête sur les dépenses des ménages qui sert de base à l’établissement du panier d’indices. Une enquête menée l’an dernier par l’observatoire des prix, une division de l’Institut des Comptes nationaux, révèle que le prix moyen d’un compte à vue peut varier entre 21,4 et 45,8 euros par an, selon les services liés à ce compte. Une étude de la Commission européenne en 2009 arrivait pour la Belgique à un coût moyen de 56 euros. Ces différents résultats montrent à quel point la comparaison entre banques est un exercice difficile.
En 1990, lorsque le secteur bancaire belge a commencé à facturer ses services, les grandes banques comptaient en moyenne 200 francs belges (soit 5 euros) pour la gestion d’un compte à vue, peut-on lire dans les journaux de l’époque.
Mais depuis lors, ces coûts ont sensiblement augmenté. Avec la tarification des comptes à vue et des autres services bancaires, les banques ont trouvé une nouvelle source de revenus. La concurrence entre banques doit en principe maintenir ces frais dans certaines limites. Mais vu le manque de transparence, la concurrence ne peut pas jouer pleinement. Par ailleurs, les banques ne publient pas les bénéfices tirés de cette tarification. Un calcul rapide, qui se base sur 13 millions de comptes courants en Belgique et un coût annuel moyen de 30 euros par compte, nous amène à un montant total de 400 millions d’euros par an.
Dans son rapport de 2009 sur les frais bancaires au sein de l’UE, la Commission européenne a pointé du doigt la complexité des structures de tarification des comptes, les frais cachés et le caractère incomplet et opaque des informations fournies. "Près d’un tiers des consommateurs interrogés ne sont pas en mesure de comparer les différentes offres", pouvait-on lire.
De 0 à plusieurs centaines d’euros
Près de dix ans plus tard, les choses ne se sont pas beaucoup améliorées. En Belgique, les banques appliquent différentes méthodes de tarification et offrent par ailleurs des packages différents. De nombreux frais dépendent des services souhaités par le client. Le consommateur soucieux des frais qui lui sont facturés et qui recherche le compte-courant le plus avantageux, devra d’abord comptabiliser le nombre de transactions qu’il effectue chaque année, et éplucher ensuite les offres des différentes banques.
Mais cet exercice fastidieux peut s’avérer payant. Une enquête nous apprend que les coûts pour un même type de compte et les services liés peuvent fortement varier d’une banque à l’autre. Cela vaut donc la peine de réfléchir au nombre de comptes courants nécessaires au sein de la famille. Car les frais sont liés au nombre de comptes. En étant vigilant, il est même possible de ramener ces coûts bancaires à zéro. Mais pour les moins attentifs, la facture peut rapidement se chiffrer à plusieurs centaines d’euros par an.
Nous avons examiné trois scénarios, et comparé les frais dans les différentes banques. Notre enquête démontre que les coûts peuvent varier fortement d’un ménage à l’autre et d’une banque à l’autre.
> Le premier scénario se base sur un ménage (ou une personne seule) qui détient un compte à vue et un compte d’épargne, avec une assurance (qui offre une indemnité en cas de décès ou d’invalidité suite à un accident), deux cartes de débit et une carte de crédit ordinaire. Pour ce ménage, c’est Argenta qui s’en sort le mieux, avec son compte gratuit. Belfius est la banque la plus chère, avec près de 52 euros de frais annuels (lire l’infographie).
> Le deuxième scénario est celui d’une famille dont les deux conjoints détiennent chacun un compte à vue et un compte d’épargne, assortis d’une carte de débit et d’une carte de crédit (dont une de type Gold). Le ménage retire trois fois par an 200 euros d’un ATM dans un pays en dehors de l’Europe. Ici encore, c’est Argenta qui offre le service le moins cher, et Belfius le plus cher.
> Le troisième scénario est comparable au scénario n°2, auquel s’ajoute un compte commun, six paiements de 500 euros vers un compte situé en dehors de la zone euro, la location d’un coffre-fort de taille moyenne, et la gestion d’un dossier de succession. Chez Argenta, le couple paiera 152 euros de frais (cette banque ne loue pas de coffres-forts), tandis que chez ING Belgique, la facture se montera à 458 euros, soit trois fois plus. BNP Paribas Fortis présente une offre intermédiaire,
En général, BNP Paribas Fortis s’en sort assez bien. Cela s’explique notamment par ses packages qui peuvent comprendre jusqu’à trois comptes à vue.
Ce sondage montre que la comparaison entre banques est un exercice difficile et que ceux qui ne font pas attention peuvent se retrouver avec une facture salée. Malgré tout, le gouvernement a imposé, en 2003, un service bancaire de base pour éviter que le prix soit un important obstacle pour l’accès à un compte à vue. Il s’agit de services de base que les banques sont obligées d’offrir à leurs clients et dont le prix maximum est fixé. Aujourd’hui, ce montant est de 15,76 euros par an.
Ceux qui souhaitent bénéficier de services bancaires plus larges devront ouvrir tout grand leur porte-monnaie.