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Triodos supprime son compte d'épargne réglementé

Thomas Van Craen, le CEO de Triodos, a annoncé ce lundi la fin des comptes épargne réglementés proposés par son établissement. ©Triodos

En supprimant son compte d'épargne réglementé, la banque s'affranchit du taux d'intérêt légal minimum de 0,11% en vigueur pour les livrets. Les comptes crédités de plus de 500.000 euros se verront quant à eux appliquer un taux négatif.

Le livret d'épargne demeure le produit financier préféré des Belges. Au mois d'août, quasiment 300 milliards d'euros dormaient ainsi sur ces comptes, dont l'encours a fortement progressé au cours des derniers mois en raison de la prudence des épargnants en ces temps de crise économique.

Pourtant, le compte épargne ne rapporte plus grand-chose. Le taux d'intérêt minimum légal pour un compte réglementé est actuellement de 0,11% (0,01 de base plus 0,1 de prime de fidélité). Un pourcentage dérisoire qui ne parvient pas à compenser l'inflation et a comme conséquence de faire fondre le pouvoir d'achat.

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Des coûts qui explosent

Face à cet environnement de taux bas appelé à perdurer, la Banque Triodos a pris la décision de purement et simplement supprimer les comptes épargne réglementés de son offre. À partir du 7 décembre, les clients de l'enseigne auront le choix entre deux nouveaux produits non réglementés avec un taux d'intérêt de 0%.

1,5
million d'euros
Avec la suppression de ses comptes épargne réglementés, Triodos entend économiser 1,5 million d'euros par an.

"Nos clients ne viennent pas chez nous pour le taux proposé sur notre compte épargne", estime Thomas Van Craen, CEO de la Banque Triodos. "Ils nous choisissent parce qu'ils veulent que leur épargne ait un impact positif. Les comptes réglementés ne donnent qu'une faible marge de manœuvre et nous avons décidé d'adapter notre offre en conséquence."

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Pour les clients disposant de plus de 500.000 euros, le taux appliqué sera même négatif. Il est fixé à -0,5%. "Nous n'avons que quelques dizaines de clients qui sont dans ce cas", précise Thomas Van Craen.

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Comme toutes les banques commerciales concurrentes, Triodos est confronté à un environnement de taux bas, écrasant ses revenus, face à des coûts qui progressent. La lutte contre la fraude fiscale, les infrastructures ICT ou la protections des données représentent des postes importants qui exigent de gros moyens.

"Avec la suppression des intérêts sur nos comptes épargne, nous tablons sur une économie d'environ 1,5 million d'euros par an", indique Thomas Van Craen. Avec cette mesure, ce dernier estime que l'établissement sera en meilleure position pour remplir sa mission consistant à trouver le bon équilibre entre l'impact, le risque et le rendement.

Le taux d'intérêt négatif appliqué par la Banque centrale européenne sur les dépôts des banques auprès d'elle (-0,5%) a également pesé dans la décision, ajoute Triodos.

"Nos clients ne viennent pas chez nous pour le taux proposé sur notre compte épargne. Ils nous choisissent parce qu'ils veulent que leur épargne ait un impact positif."

Thomas Van Craen
CEO Banque Triodos

La banque a communiqué cette décision à ses clients ce lundi. Selon son patron, les premiers retours sont positifs. "La plupart d'entre eux comprennent les raisons de ce changement", fait-il valoir, même s'il concède que des épargnants pourraient prendre la poudre d'escampette à la suite de cette annonce.

Débat relancé

En agissant de la sorte, Triodos devient la première banque commerciale du royaume à ne pas proposer de comptes réglementés. La banque coopérative NewB, qui doit lancer ses activités d'ici la fin de l'année, a opté pour la même approche. "Un compte réglementé représente un gros travail technique pour une banque qui démarre comme la nôtre", explique Tom Olinger, CEO de NewB. "À moins qu'il ne dispose de beaucoup de moyens, un compte non réglementé sans intérêts ne fait pas une grosse différence avec le taux minimum légal pour un client coopérateur."

Malgré la faiblesse de son rendement, le livret d'épargne demeure un produit fiscalement favorisé en Belgique. L'année passée, Johan Thijs, le patron de KBC, lançait un appel pour laisser davantage de latitude à l'épargnant face à ses différents produits. Il avait ainsi emboîté le pas à Erik Van den Eynden, le CEO d'ING Belgique, qui plaidait pour un taux de 0% sur l'épargne.

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