Carlier Bois, la croissance réfléchie et prudente
Le négociant et transformateur de bois namurois quitte installe le gros de ses activités sur quatre hectares à Suarlée. Un investissement de 17 millions.
Troisième génération à la tête de l'entreprise créée par son grand-père, Jean-Michel Carlier n'a rien perdu de la gestion en bon père de famille qu'on a du lui inculquer les deux précédentes. Chaque décision est réfléchie, pesée et mûrie avant d'être mise en œuvre. "Parfois forcé et contraint aussi. Pour chacune des extensions que nous avons faites sur le site historique de Namur, il a fallu près de 10 ans pour boucler le dossier", témoigne-t-il.
Il faut dire aussi que dès le départ, Carlier Bois s'est installé au centre de Namur, à deux pas de l'actuel CHR, dans un quartier qui s'est considérablement urbanisé et résidentialisé depuis. De ce fait, les permis d'extension deviennent de plus en plus difficiles à obtenir dans un périmètre naturellement très limité. "J'ai agrandi deux fois ces installations, mais continuer une activité semi-industrielle dans un environnement urbain n'est pas tenable, ne fut-ce que d'un point de vue logistique", constate-t-il.
Délocalisation extra muros
Il faudra encore près d'une décennie pour faire aboutir le projet d'une "délocalisation" sur les hauteurs namuroises à Suarlée, à proximité immédiate du nœud autoroutier de Daussoulx. L'investissement s'est déroulé en deux temps: deux premiers halls de stockage ouverts en 2014 et 2015, trois halls fermés supplémentaires et un bâtiment administratif et commercial quatre ans plus tard. L'ensemble a été inauguré il y a quelques semaines seulement.
L'investissement de 17 millions d'euros a été consenti sur fonds propres avec le soutien bancaire. Avec un chiffre d'affaires de 28 millions d'euros, Carlier Bois est un acteur important dans le secteur de la construction dans le Namurois. "Avec une gestion prudente et une attention aux moindres détails, nous pouvons générer une rentabilité suffisante pour consentir un tel investissement", confie Jean-Michel Carlier qui se compare volontiers à un épicier.
"Avec une gestion prudente et une attention aux moindres détails, nous pouvons générer une rentabilité suffisante pour consentir un tel investissement"
"C'est une activité assez gourmande en stock, en personnel, en logistique et en machine. Et par nature, nos clients sont toujours assez désorganisés... Il faut toujours tout, tout de suite...", pointe-t-il encore.
Même si le site de Namur se tourne maintenant davantage vers les particuliers et les petits artisans avec un libre-service et un vaste drive-in, l'entreprise traite essentiellement avec des professionnels. Depuis l'époque du grand-père Carlier qui achetait ses troncs sur pied, la société familiale s'est progressivement réorientée vers le négoce de bois, "ce qui permettait de lisser les revenus sur l'ensemble de l'année et d'amortir les cycles de l'activité", note Carlier.
Blocs-portes
Aujourd'hui, Carlier Bois dispose encore d'un atelier de découpe et de transformation primaire du bois, mais la plus grande part de ses activités repose sur la fabrication de blocs-portes (des portes complètes, prêtes à monter ou en kits), sur la vente et la préparation de panneaux de bois et sur la vente de bois de construction. "Mais aussi tout ce qui peut être posé par un menuisier, en ce compris l'isolation ou des panneaux de gyproc. Mais nous ne touchons pas au gros-œuvre en dur", fait remarquer Carlier.
Le déménagement des activités vers Suarlée a aussi permis une plus grande automatisation dans la découpe et de la manutention des panneaux notamment. Les nouveaux bâtiments sont également très performants sur le plan énergétique. Ils se passent totalement d'énergie fossile, grâce à une chaudière biomasse, qui brûle les copeaux et sciures produits dans l'entreprise et 640 panneaux solaires.
Après une "année Covid" franchement positive en termes de chiffre d'affaires, Carlier Bois a dû faire face à des pénuries de fournitures et des augmentations de prix astronomiques pour certains produits comme les isolants. Une double pression, en plus du déménagement, lourde à supporter pour le personnel. Aujourd'hui, Jean-Michel Carlier aspire à retrouver un rythme de croisière normal. "Cela a été des mois très dur sur le plan humain. Certains commerciaux sont partis à cause de la pression..." La société a pu engager près de 25 personnes, presque dans l'urgence, pour absorber le surcroit d'activités pour atteindre les 90 personnes. "Nos nouveaux bâtiments sont presque trop petits..."
- L'entreprise namuroise Carlier Bois a délocalisé une grande partie de ses activités à Suarlée.
- Un investissement de 17 millions pour se redonner plus de place pour grandir.
- L'agrandissement s'accompagne d'une modernisation et d'engagement de personnel.
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