Damien Ernst chargé de trouver une solution à la bulle photovoltaïque
Le gouvernement wallon doit avaliser ce jeudi la création d’une "task force" chargée de trouver une solution à la bulle photovoltaïque. Ce groupe de travail devrait être présidé par le remuant Damien Ernst.
La décision n’est pas encore officielle: le point est inscrit à l’ordre du jour du gouvernement wallon de ce jeudi. Au cabinet de Jean-Luc Crucke (MR), on se refuse à tout commentaire tant que le gouvernement ne s’est pas prononcé. Mais le nouveau ministre wallon de l’Énergie est bien décidé à empoigner le problème de la bulle photovoltaïque, sur lequel ses prédécesseurs se sont cassé les dents. Il a signé, le mois dernier, un chèque de près de 220 millions d’euros pour permettre une nouvelle mise au frigo d’un paquet de certificats verts, et éviter une augmentation de la facture des ménages et des entreprises au 1er octobre. Mais il veut trouver une solution à long terme à ce dossier qui empoisonne la vie des gouvernements wallons depuis 2011. Sa stratégie? Mettre en place une "task force" qui va regrouper les principaux acteurs du dossier, pour non seulement trouver une solution à la bulle photovoltaïque, mais plus largement, remettre à plat le système de soutien aux énergies renouvelables dans son ensemble, nous revient-il. Pas question de se focaliser seulement sur les ‘prosumers’, ces particuliers qui ont investi dans le photovoltaïque.
Devraient y siéger, comme de bien entendu, des représentants des producteurs, de l’administration, des cabinets, de la Cwape ou des consommateurs. Mais ce groupe d’experts devrait aussi intégrer l’un ou l’autre académique, dont le professeur de l’ULg Damien Ernst, spécialiste des microréseaux électriques, et connu pour ses prises de positions tranchées. Damien Ernst devrait même être appelé à présider ce groupe de travail.
Un groupe de travail qui disposera de six mois pour aboutir, et qui n’aura pas la tâche facile. Il va devoir tenir compte des déclarations de Willy Borsus et Jean-Luc Crucke, qui en campagne électorale, assuraient qu’avec le MR au pouvoir, la période d’octroi des certificats verts repasserait de 10 à 15 ans. La déclaration de politique régionale du gouvernement MR-cdH est plus prudente, et évoque une évaluation de la mesure. Le paquet de certificats verts supplémentaires qu’entraînerait le retour à 15 ans se monterait à 850 millions d’euros, chiffrait il y a dix jours Jean-Luc Crucke en commission du Parlement wallon…
Mais de toute façon, une partie de cette somme va devoir être engagée: des milliers d’installations Solwatt arrivent à la fin de la période d’octroi des certificats verts, sans avoir atteint le rendement garanti de 7%. Elles vont donc pouvoir réclamer des certificats verts pendant 5 ans supplémentaires: rien que pour les installations de 2007, 2008 et 2009, ces certificats représentent 150 millions d’euros, a évalué la Cwape. Une somme qui, sauf nouveau retour sur les promesses faites aux propriétaires de panneaux, va s’ajouter aux 650 millions d’euros de déséquilibre structurel du système.
Des mesures drastiques
Pour sortir de l’impasse, des mesures drastiques pourraient être envisagées – dans le secteur, certains évoquent la suppression du prix garanti pour ces certificats verts. L’accord de gouvernement prévoit aussi une extinction graduelle du soutien public aux filières matures. Il vise clairement Qualiwatt, le système de soutien actuel au photovoltaïque résidentiel, qu’il veut évaluer et actualiser "en vue de permettre rapidement à cette filière de voler de ses propres ailes". Mais il pourrait aussi s’intéresser aux autres filières.
Il y a, dans le même temps, les objectifs européens à atteindre en matière de renouvelables, et le risque de créer de nouveaux drames dans un secteur qui commence tout juste à amorcer une reprise, après un quasi-arrêt des installations photovoltaïques en 2014 et 2015. Tout cela, dans un contexte où les élections approchent à grands pas…