Face aux plateformes, la RTBF veut ratisser toujours plus large

La RTBF s’est livrée au traditionnel exercice "bilan et perspective" pour 2021 et 2022. Côté bilan, il est bon sur le plan des audiences en télé. Le service audiovisuel public a accru son avance avec une part de marché record, passée de 26,9% à 28,3%, boostée par le sport (Euro de foot). En termes de "reach" (nombre de téléspectateurs touchés) 47% des Belges francophones regardent chaque jour une de ses trois chaînes. "Après le boom de 2020 dû aux confinements, le marché a reculé de 3% en 2021, mais nous avons progressé de 1%", assure Xavier Huberlant, directeur du pôle médias.

En radio, par contre, la RTBF a perdu 7% d’auditeurs et est retombée à son niveau de 2019 d’après les données disponibles (mai-août 2021). Baisse aussi du digital (-15,9%) mais 2020 avait été dopée par la crise sanitaire. Par rapport à 2019, par contre, l’audience en ligne a grimpé de 44% (437.000 internautes quotidiens), davantage que le marché.

Toucher tous les publics

"Il y a trois ans, on a réorganisé totalement la RTBF pour en faire une entreprise 360 degrés", rappelle son patron, Jean-Paul Philippot, "on s’est ouvert à d’autres publics, notamment les jeunes, on est devenu plus digitaux, plus interactifs. Aujourd’hui nous offrons une richesse éditoriale considérable ; tous les jours on ajoute 140 heures de contenus vidéo ou audio sur Auvio." En réalité, la RTBF n’a pas trop le choix alors que les plateformes internationales continuent d’aimanter les consommateurs et que le paysage médiatique est en recomposition (RTL cédé à Rossel et DPG, LN24 à IPM, Voo-BeTV à Orange…).

Ce besoin de toucher tous les publics va se renforcer cette année. Cela a commencé par le lancement d’un nouveau site destiné à rassembler via une porte d’entrée unique l’ensemble de son offre digitale. Cela va se poursuivre avec un programme éditorial riche, énuméré par la directrice du pôle contenus, Sandrine Roustan: diffusion de quatre séries belges, offensive sur la culture belge avec quatre semaines thématiques en février-mars (musique, cinéma, théâtre, livre), zoom sur le développement durable vu sous le regard des jeunes (en mars-avril), sport avec l’Euro d’athlétisme en été et la Coupe du monde de foot à l’automne, etc. Parallèlement la RTBF annonce de nouveaux développements pour Auvio, dans les jeux vidéo, l’e-sport, la réalité virtuelle, une offensive dans les podcasts, etc.

Contrat de gestion

Bref, à Reyers on semble en ordre de marche pour entamer les négociations pour le nouveau contrat de gestion. "Nous attendons d’abord une pérennité de notre financement, détaille Jean-Paul Philippot, autrement dit si on nous ôte certaines ressources (une partie de la pub par exemple) on doit pouvoir les récupérer ailleurs. Ou alors faire des économies, mais dans ce cas on devra revoir nos objectifs alors que cette entreprise est devenue une boîte à création de projets. Tout dépendra aussi des ambitions culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles et des ambitions économiques qu’on nous assigne, notamment en investissant dans la production audiovisuelle indépendante."

Ces négociations se dérouleront dans un contexte budgétaire tendu. En 2021, la RTBF aura connu son deuxième exercice déficitaire consécutif en raison de reports de charges de 2020 à 2021 (comme des droits sportifs), de la poursuite du plan Restart d’aide à la culture, de l’inflation, etc. Mais, dixit son patron, on fera mieux que le budget car on a fait une bonne année publicitaire en télévision en revenant aux chiffres de 2019 (36,2 millions, NDLR)." Pour 2022, le budget prévoit un retour à l'équilibre.