Sony mise sur Crunchyroll, le Netflix de l'animation japonaise, pour booster sa croissance
Sony a relevé ses prévisions de ventes annuelles, grâce à une solide performance de sa division jeux... et à son service de streaming Crunchyroll, en pleine expansion.
C'est un carton plein au box-office des bilans trimestriels pour Sony. Le bénéfice d’exploitation du géant nippon était de 455,08 milliards de yens au troisième trimestre, soit une hausse de 73% et au-dessus des estimations des analystes de 335,3 milliards de yens, grâce à de solides performances dans ses segments musique et jeux PlayStation, avec 3,8 millions de PlayStation 5 écoulées.
Et les ventes pourraient atteindre de nouveaux cieux grâce aux blockbusters "Astro Bot" et "Black Myth: Wukong", un jeu chinois qui a explosé les compteurs avec plus de 10 millions d'exemplaires vendus en seulement trois jours. Le lancement, cette semaine, de la PlayStation 5 Pro, une version haut de gamme de sa console phare, vise également à attirer le public pendant la période des fêtes – bien qu'elle soit déjà critiquée pour son prix (800 euros chez nous).
Fort de ces résultats, Sony a relevé ses prévisions de bénéfice d'exploitation annuel pour son activité de jeux à 355,0 milliards de yens, contre 320,0 milliards de yens précédemment. La société basée à Tokyo prévoit désormais un chiffre d'affaires annuel de 12,71 trillions de yens pour l'exercice se terminant en mars, en légère hausse par rapport à sa prévision précédente. Les investisseurs s'en frottent les mains: le titre s'est envolé de près de 9% à New York.
La vache à lait Crunchyroll
Tout n'est pourtant pas rose: la division Sony Pictures continue de ressentir les effets des grèves des scénaristes et des acteurs de 2023, selon l’entreprise. Mais cet impact a été en partie compensé par une hausse des revenus de Crunchyroll, sa plateforme de streaming spécialisée dans les films et séries d'animation japonais.
Cette filiale de Sony Pictures Entertainment et d'Aniplex propose la plus grande bibliothèque de streaming au monde dédiée aux animés, avec ses 50.000 épisodes et plus de 2.000 titres, dont des blockbusters comme One Piece, L'Attaque des Titans, Jujutsu Kaisen ou encore le nouveau venu Dragon Ball Daima cet automne. Et la plateforme attire de plus en plus les foules: elle comptait 15 millions d'abonnés en juin, contre seulement trois millions en 2020.
Sony récolte ainsi les fruits d'une explosion de l'animé hors du Japon, devenu un phénomène mondial ces dernières années. Le marché de l'animé en Amérique du Nord est, par exemple, passé de 1,6 milliard de dollars en 2018 à quatre milliards de dollars cette année, selon Jefferies. Selon l'Association des films d'animation japonais, le marché mondial de l'animé a plus que doublé entre 2012 et 2022, atteignant environ 2.900 milliards de yens. Les marchés étrangers représentaient près de la moitié de ce total, contre seulement 18% il y a dix ans. Et cela va sévèrement s'accélérer, avec des prévisions d'exportations pour les entreprises japonaises qui pourraient atteindre 20.000 milliards de yens d'ici 2033.
Les analystes de Jefferies prévoient un doublement du marché de l'animé d'ici la fin de la décennie, d'une valeur de 31,2 milliards de dollars en 2023 à 60,1 milliards de dollars en 2030. Notons que les six franchises les plus populaires de l'animation japonaise génèrent des revenus combinés de 311 milliards de dollars, surpassant par exemple, de loin, les 30 milliards de dollars de Marvel.
"Nous discutons de la possibilité de réaliser des versions live-action de certains animés avec nos partenaires japonais et notre société mère (Sony)."
Sony multiplie ses partenariats
Sony l'a bien compris et veut se donner les moyens de ses ambitions. Le géant japonais mise à fond de balle sur l'expansion de Crunchyroll et multiplie les partenariats. De fait, la firme dispose d’une stratégie où plusieurs partenaires de streaming, y compris Netflix, peuvent distribuer ses animés. Et ce sera désormais aussi le cas de... YouTube, un accord ayant été annoncé cette semaine avec Crunchyroll. Plus de 40 animés seront ainsi disponibles sur le service payant Primetime Channels.
Lors de la publication des résultats, le géant nippon a par ailleurs indiqué vouloir maximiser la valeur de la propriété intellectuelle de l’animé en exploitant de manière plus intégrée ses différentes unités. Une voie serait le juteux segment des séries en live-action (à l'image de la série One Piece de Netflix).
"Nous discutons de la possibilité de réaliser des versions live-action de certains animes avec nos partenaires japonais et notre société mère (Sony)", a déclaré le CEO de Crunchyroll, Rahul Purini, en août. "Nous envisageons de les produire non seulement pour Crunchyroll, mais aussi pour d’autres plateformes qui s’y intéressent, afin d’accroître l’intérêt pour les animés." La machine de l'animé est lancée à toute vitesse, et c'est Sony qui tient le volant...
Les plus lus
- 1 Incendie au Sanglier des Ardennes de Marc Coucke (Durbuy): des dizaines de personnes évacuées et des dégâts importants
- 2 "Trump fait imploser le dollar, Nvidia deux fois plus gros qu'Apple..." Les 5 prédictions les plus folles de Saxo pour 2025
- 3 En France, la fin annoncée du gouvernement de Michel Barnier
- 4 France: Michel Barnier recourt au 49.3 malgré la menace de censure
- 5 Le XRP devient la troisième plus grande crypto au monde