Perplexity, le moteur de recherche nourri à l'IA qui veut détrôner Google

Beaucoup ont essayé, tous s’y sont cassé les dents jusqu'ici. Détrôner Google et son moteur de recherche sur Internet s’apparente à une montagne infranchissable, comme en témoigne l'échec de Qwant, moteur de recherche français lancé en 2013 qui n'a toujours pas réussi à convaincre une masse critique d'utilisateurs au-delà des frontières hexagonales.

Mais régulièrement, de nouveaux acteurs apparaissent et espèrent tailler des croupières au géant incontesté du secteur, Google, qui domine plus de 90% du marché de la recherche en ligne.

L’un des derniers en date, c’est Perplexity, une start-up de San Francisco. Son moteur de recherche est boosté par de l'intelligence artificielle, ce qui lui permet d’offrir autre chose qu’une succession de liens en relation avec la requête de l’utilisateur. "Depuis vingt ans, la recherche en ligne, c'est une liste de dix liens bleus, expliquait récemment Andy Konwinski, son patron, au micro de CNBC. Mais en fin de compte, ce que les gens veulent, c'est juste une réponse."

Pour proposer directement une réponse, les algorithmes de la startup contextualisent et interprètent les requêtes pour y répondre en utilisant plusieurs modèles de langages, dont le sien, mais aussi GPT-3 d’OpenAI, Llama 2 et Mistral -7b, Microsoft Bing et des informations plus récentes trouvées sur internet pour offrir une réponse complète et sourcée.

C’est en tout cas la promesse qui a déjà séduit dix millions d’utilisateurs actifs et qui a déjà répondu à plus de 500 millions de requêtes en 2023.

Rentabiliser la recherche

Au-delà d’une offre gratuite, Perplexity propose une offre payante à 20 dollars par mois qui permet de faire 300 requêtes chaque jour avec son assistant de recherche pour vous guider, contre une toutes les quatre heures pour la version gratuite.

La version payante propose aussi aux utilisateurs d’utiliser d’autres modèles de langage plus poussés comme GPT-4 d'OpenAI, Claude 2.1 d'Anthropic et Gemini de Google.

Perplexity veut donc utiliser toute la puissance des modèles IA au service de la recherche sur Internet avec une ambition claire, la révolutionner. La recherche d’information devient une conversation, comme l’a popularisé ChatGPT, mais la combinaison de différents modèles d’IA et les sources d’informations apportent un vrai plus, notamment dans la diversité des sources.

Avec dix millions d’utilisateurs par mois, le moteur de recherche représente à ce stade une goutte d’eau dans l’océan du secteur. En misant sur une recherche de meilleure qualité, mais payante pour avoir de meilleurs résultats, la jeune pousse fait aussi un pari risqué qui ne lui rapporte que cinq à dix millions de dollars par an pour le moment.

Bezos et Nvidia pour financer

Mais côté finance, elle peut compter sur des soutiens financiers de poids comme Nvidia et Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, le PDG de Shopify, Tobias Lütke, l'ancienne dirigeante de YouTube Susan Wojcicki, et l'ancien patron de GitHub, Nat Friedman.

Elle vient de lever 73,6 millions de dollars pour sa deuxième levée de fonds d’importance (la précédente était de 26 millions d’euros en mars 2023) qui la valorise aux alentours des 500 millions de dollars.

Intégrer l’IA dans un moteur de recherche, d’autres y ont déjà pensé, Google en tête. Avec l’intégration progressive de son assistant Bard dans son moteur de recherche, le géant américain compte bien faire évoluer la recherche sur Internet pour conserver ses parts de marché qui lui assure une part importante de ses revenus générés par la publicité présente sur les pages de recherches.

Microsoft avec Bing Copilot a, lui aussi, depuis plusieurs mois, intégré de l’IA conversationnelle dans son moteur de recherche grâce à son partenariat avec OpenAI.

Détrôner Google et son moteur de recherche gratuit sera une tâche très ardue, mais pour se faire sa place, Google a aussi dû se battre contre des géants à son lancement.