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Robin Li, CEO de Baidu: "En chinois, on est meilleurs que ChatGPT"

Robin Li, CEO de Baidu (ici lors du lancement de l’Ernie Bot à Pékin, en 2023), était l’un des orateurs au salon Viva Tech de Paris. ©Bloomberg

Baidu, le Google chinois, est l'un des acteurs du pays les plus avancés dans l'IA. Sa stratégie est différente. Là où la concurrence veut trouver le modèle de langage le plus performant, Baidu cherche la "super app" qui fera la révolution.

Aujourd'hui, lorsqu'il est question d'IA, les regards se portent avec insistance du côté des États-Unis. OpenAI, et ses rivaux américains prennent une bonne partie de la lumière, même si quelques initiatives européennes, dont le très prometteur Mistral AI tentent de se faire une place.

Mais de l'autre côté de la planète, le sujet intéresse pas mal aussi. Sur le marché chinois, l'acteur le plus connu se nomme Ernie, un moteur de recherche comparable à ChatGPT. Presque inconnu chez nous, il est porté par Baidu, le "Google chinois", incontournable dans son pays et l'un des sites les plus consultés au monde.

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"Nous devons reconnaitre qu'en anglais, nous ne sommes pas encore aussi bons qu'Open AI. Mais en mandarin, nous sommes au-dessus."

Robin Li
CEO de Baidu

"Nous avons lancé Ernie en mars 2023 et nous comptons aujourd'hui 200 millions d'utilisateurs", avance Robin Li, le CEO de Baidu. Ce mercredi au salon Viva Tech de Paris, il était l'un des principaux speakers. Son entreprise et son chatbot ne cessent de grandir et commencent à se faire un nom hors de Chine. Gage de la légitimité du groupe, le président Emmanuel Macron a d'ailleurs reçu le CEO mardi, avant son passage au salon tech.

Chercher la "super app"

"Nous devons reconnaitre qu'en anglais, nous ne sommes pas encore aussi bons qu'Open AI, mais en mandarin, nous sommes au-dessus", assure d'ailleurs le CEO du groupe. Pour se faire une place dans le secteur, il a une vision différente de la stratégie à mettre en place. "La révolution IA n'est pas encore tout à fait installée. Aujourd'hui, l'Europe et les États-Unis misent tout sur le développement de modèles de langage toujours plus puissants. Tout le monde attend ChatGPT 5. Notre vision est différente. Pour exploiter pleinement le potentiel de l'IA, il faut maintenant se concentrer en priorité sur l'émergence d'une super application", explique le CEO.

Sans le citer, le patron semble donc vouloir s'inspirer du succès de Wechat, l'application permettant de tout faire en Chine est devenue un incontournable dans le pays. "Est-ce que cette 'super app' se présentera sous forme d'un chatbot ou autrement? Personne ne le sait encore, mais trouver cette appli est crucial pour la révolution AI", assure-t-il.

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En attendant de la trouver, Baidu tente de s'ouvrir au reste du monde. En début d'année, il a signé un accord avec Samsung qui a directement intégré Ernie dans son Galaxy S24, son modèle phare, vendu en Chine. Selon le Wall Street Journal, Apple et Baidu seraient également en discussion pour mettre un partenariat similaire en place pour les iPhone 16 vendus en Chine.

Mais alors que certains partenariats avec des groupes étrangers se multiplient sur son marché chinois, ils se compliquent ailleurs. Comme bon nombre d'entreprises tech chinoises, Baidu doit faire face à des difficultés pour travailler avec des entreprises américaines. Le groupe pourrait prochainement renoncer aux puces de la référence Nvidia pour ses développements IA. Baidu aurait toutefois trouvé une solution de repli chez…Huawei, l'autre grand ennemi de l'économie américaine.

Devenir la référence

Peu importe la manière et les moyens utilisés, devenir un incontournable de l'IA est crucial pour le groupe chinois. Comparé durant des années aux succès de Tencent et Alibaba, Baidu n'a pas suivi leurs croissances effrénées. L'année dernière, Baidu a enregistré un chiffre d'affaires de 18,96 milliards de dollars. Sur la même période, le chiffre d'affaires de Tencent pointait, lui, à plus de 84 milliards de dollars et celui d'Alibaba à 126 milliards de dollars. Dix ans auparavant,  les revenus des trois sociétés étaient pourtant globalement similaires.

"Les avancées dans l'intelligence artificielle sont intéressantes, mais encore beaucoup trop lentes."

Robin Li
CEO de Baidu

Depuis des années, Baidu cherche sa nouvelle grande source de revenus, mais sans réel succès. L'entreprise s'est même essayée sur le marché de la voiture autonome avant de rapidement renoncer. Les hésitations se ressentent aussi dans la gestion de l'entreprise. Comme le rappelait le Financial Times dans ses colonnes en janvier dernier, Baidu fait face depuis 2017 a de nombreux départs au plus haut niveau de sa hiérarchie.  

La transition vers une entreprise spécialiste de l'IA prendra toutefois encore du temps. Le CEO du groupe l'admet d'ailleurs sans sourciller. Interrogé ce mercredi par l'orateur de Viva Tech sur le principal défi du secteur, Robin Li estime que "les avancées dans l'intelligence artificielle sont intéressantes, mais encore beaucoup trop lentes".

Le résumé
  • Menée par des entreprises américaines, l'intelligence artificielle intéresse aussi largement les acteurs chinois.
  • Baidu, le Google chinois, se positionne de plus en plus sur le secteur.
  • En misant sur la recherche de la "super app", sa stratégie est différente de la concurrence.
  • Devenir un leader du secteur sera crucial pour Baidu
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