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Après des mois de tensions sociales, la DRH de Google s'en va

Quatorze ans après son arrivée, Eileen Naugthon tire sa révérence chez Google. Le géant du web a dû affronter plusieurs scandales au cours des deux dernières années.

En 2013, la comédie "The Internship", avec Vince Vaughn et Owen Wilson, dépeignait, de manière très consensuelle, voire laudative, l'histoire de deux quadragénaires ayant perdu leur emploi qui tentent de rebondir en effectuant un stage au sein du siège californien de Google. Bureaux design, management 2.0 décontracté, activités de loisir en plein air et déjeuners succulents: tout semble indiquer que le site web le plus connu de la planète est un cadre idyllique pour quiconque aurait la chance d'y être employé.

100.000
employés
Alphabet, la maison mère de Google, emploie 100.000 personnes à travers le monde.

La réalité paraît toutefois bien différente. Lundi, Eileen Naughton, la directrice des ressources humaines du colosse numérique, a annoncé quitter ses fonctions. Une décision qui intervient en plein tumulte social. Derrière les lettres stylisées et colorées du logo sur un fond blanc immaculé se cachent des réalités plus sombres. Un constat inévitable, quand sa maison mère Alphabet emploie plus de 100.000 personnes à travers le monde et pèse plus de 1.000 milliards de dollars en bourse.

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Censure chinoise

Google fait l'objet de vives critiques pour ses liens étroits avec les pouvoirs publics dans plusieurs pays, plus particulièrement avec les gouvernements américain et chinois. Sa participation, avec les autres géants US de la technologie, au programme de surveillance Prism avait déjà été dénoncée par Edward Snowden en 2013. En 2018, la firme avait annoncé ne pas renouveler un important contrat avec le Pentagone à la suite des protestations menées en interne par les salariés.

En 2018, des employés ont dénoncé les travaux de l'entreprise sur un moteur de recherche conçu sur mesure pour Pékin ("Dragonfly"), intégrant ses dispositions de censure.

En Chine aussi, Google entretient des rapports ambigus avec les autorités depuis la migration de ses services vers Hong Kong. La société est aujourd'hui accusée de vouloir réintégrer le marché de Chine continentale, quel qu'en soit le prix. En 2018 toujours, certains de ses propres employés ont dénoncé les travaux de l'entreprise sur un moteur de recherche conçu sur mesure pour Pékin ("Dragonfly"), intégrant ses dispositions de censure. 

Dernièrement, des centaines d'employés ont manifesté devant les locaux de Google à San Francisco pour s'opposer au licenciement de deux des leurs qui avaient osé rendre publics les biais en matière de filtrage des contenus haineux sur YouTube et les relations avec les services américains des douanes.

Harcèlement sexuel

Plus sensible encore pour le personnel, la direction est accusée de laxisme dans la gestion d'accusations de harcèlement sexuel visant le haut management. Fin 2018, des milliers d'employés de Google à travers le monde avaient arrêté le travail pour protester contre le départ, avec des indemnités confortables, de deux hauts dirigeants soupçonnés de comportement inapproprié. L'entreprise s'était défendue en indiquant avoir licencié 48 personnes, dont 13 senior managers, au cours des deux années précédentes pour des charges similaires.

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Officiellement, Eileen Naughton, active au sein du groupe depuis 14 ans, s'en va pour raison personnelle. "Mon mari et moi avons décidé de rentrer à New York pour nous rapprocher de notre famille", a-t-elle indiqué dans une déclaration obtenue par l'AFP. Son départ, dont la date effective n'a pas été communiquée, intervient deux mois après celui de Sergueï Brin et Larry Page, les deux cofondateurs de Google (en 1998) et Alphabet (en 2015), ainsi que celui de David Drummond, directeur juridique incriminé dans la gestion des cas de harcèlement sexuel.

Une page se tourne à Mountain View. "Nous attendons avec impatience l'ouverture d'un prochain chapitre chez Google", a déclaré le CEO Sundar Pichai.

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