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Avec Bard, Google affronte désormais ChatGPT en Belgique

La nouvelle offensive territoriale et fonctionnelle de Bard est le nouveau fait d'armes dans la bataille qui fait rage autour de l'IA générative, dont tout le potentiel a été révélé par ChatGPT (Microsoft). ©Shutterstock

Face à ChatGPT de Microsoft, Google lance à présent Bard en Europe, dont notre pays. Avec Meta et Elon Musk en embuscade, la bataille de l'IA monte dans les tours.

"Je suis Bard, un outil créatif à votre service. J'ai des limites et je peux parfois me tromper, mais vos commentaires m'aideront à m'améliorer." En deux petites phrases, en français, l'agent conversationnel (chatbot) Bard propose à ses utilisateurs belges depuis ce jeudi - quelques mois donc après son lancement dans d'autres parties du monde - de répondre avec créativité à leurs questions et demandes. L'outil d'intelligence artificielle de Google peut tout à la fois rédiger des poèmes ou des discours, suggérer des recettes ou écrire du code logiciel.

Bard parle désormais plus de 40 langues, dont le français.

Ce lancement s'accompagne d'une mise à jour majeure du chatbot, qui n'était pas encore disponible sur le Vieux continent en raison des règles plus strictes en matière de protection de la vie privée dans l'Union européenne. Mais la mise à jour ne s'arrête pas là. Alors que Bard n'était auparavant utilisable qu'en anglais, il parle désormais plus de 40 langues, dont le français.

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Google en a profité pour équiper Bard de nombreuses fonctionnalités supplémentaires. Par exemple, vous pouvez demander au chatbot de lire ses réponses à haute voix - ce qui est utile si vous voulez entendre la prononciation d'un mot, par exemple.

Autre nouveauté: vous pouvez ajouter des images à vos prompts, le terme qui désigne dans le jargon IA les missions que vous confiez à Bard.

La percée de l'IA, avec ChatGPT

L'offensive territoriale et fonctionnelle de Bard est le nouveau fait d'armes dans la bataille qui fait rage autour de l'IA générative. Les hostilités ont démarré avec éclat à la fin de l'année dernière, lorsque la start-up OpenAI - financée par Microsoft - a lancé l'agent conversationnel ChatGPT, qui a été rapidement adopté par des millions d'utilisateurs en même temps qu'il révélait aux yeux du monde tout le potentiel de l'IA générative. Fort de son statut de financier d'OpenAI, Microsoft a pu rapidement intégrer la technologie de la start-up dans ses propres produits, y compris le moteur de recherche Bing.

L'avance prise par Microsoft a conduit Google à accélérer son plan de bataille et à lancer Bard, non sans une certaine précipitation.

Cette percée du géant technologique a sonné le branle-bas de combat chez son grand rival Google. Certes, ce dernier était déjà assez loin dans ses recherches sur l'IA, dont certaines ont même servi de bases au modèle de ChatGPT, mais l'avance prise par Microsoft a conduit Google à accélérer son plan de bataille et à lancer Bard, non sans une certaine précipitation. Après un démarrage un peu brut de décoffrage, Google semble désormais suffisamment bien maîtriser son sujet pour ne plus se laisser distancer, comme en témoigne le lancement des nouvelles fonctionnalités ce jeudi.   

Meta mise sur l'open source

Les autres géants de la tech sont bien décidés à se placer dans le sillage de Microsoft et Google. Ainsi, selon le Financial Times, Meta, la société mère de Facebook, est sur le point de lancer commercialement son modèle d'IA, baptisé provisoirement LLaMa, qui était auparavant mis à la disposition des seuls chercheurs et universitaires.

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Contrairement à ses principaux concurrents, Meta adopte une approche open source, misant sur la transparence des données utilisées pour nourrir son modèle. OpenAI et Google se refusent à le faire, ce qui a créé des polémiques. Par exemple, certains auteurs, dont la comédienne Sarah Silverman, ont récemment intenté un procès à OpenAI parce qu'ils estiment leurs droits d'auteur violés par ses modèles s'entrainant avec leurs œuvres.

"Le paysage concurrentiel de l'IA va complètement changer dans les mois, voire les semaines à venir, une fois que des plateformes open source seront lancées et qu'elles seront aussi performantes que les modèles fermés."

Yann Lecunn
Scientifique en chef chez Meta

Ainsi, malgré son retard, Meta pourrait tirer de son approche open source un avantage, estime Yann Lecunn, l'un des parrains de l'IA et responsable des recherches scientifiques chez le géant de la tech. "Le paysage concurrentiel de l'IA va complètement changer dans les mois, voire les semaines à venir, une fois que des plateformes open source seront lancées et qu'elles seront aussi performantes que les modèles fermés", a-t-il déclaré lors d'une conférence qui s'est tenue en France le week-end dernier. 

En adoptant une approche open source, un acteur du secteur IA en retard sur les autres peut au final s'imposer dans la bataille, parce qu'il permet aux entreprises de toute catégorie d'utiliser librement sa technologie et de l'intégrer dans leurs propres produits.

Le rendez-vous donné par Musk sur Twitter ce vendredi

Le milliardaire Elon Musk est sans doute réceptif à cet argument puisqu'il faisait miroiter depuis des semaines une prochaine aventure dans l'IA pour briser la domination de ChatGPT. Mercredi soir, il a officialisé ses intentions en lançant la start-up xAI, dans le but de créer une intelligence artificielle "maximalement curieuse", et même "comprendre la véritable nature de l'univers". Ce projet encore mystérieux doit être dévoilé plus en détail vendredi, lors d'une séance de questions-réponses sur Twitter.

Parmi les 12 collaborateurs mentionnés actuellement sur le site web de la nouvelle société, on retrouve Jimmy Ba, un professeur assistant à l'université de Toronto qui a travaillé avec le pionnier de l'IA Geoffrey Hinton, et Christian Szegedy, qui a mené pendant des années des recherches dans ce domaine chez Google.

La bataille de l'IA promet d'être passionnante à suivre dans les mois qui viennent. Une saga digne des meilleurs blockbusters du cinéma américain.  

Quid d'Apple et d'Amazon?

Lorsque des géants de la technologie s'affrontent dans un domaine, les noms d'Apple et d'Amazon ne sont jamais bien loin. Mais dans la course à l'IA, ils brillent par leur absence. Non pas que le duo ne s'intéresse pas à l'IA, mais ces deux-là entretiennent avec leurs utilisateurs une relation différente de celle de leurs frères de la Big Tech.  

Apple est avant tout un spécialiste de l'électronique grand public. Si l'entreprise est bel et bien engagée dans l'IA, elle l'affichera principalement à travers de nouvelles fonctionnalités qui amélioreront l'iPhone ou d'autres produits. Comme une fonction de correction automatique, une meilleure application de santé ou des AirPods qui ajustent le volume en fonction du contexte ambiant. De petits extras destinés à améliorer encore l'expérience des utilisateurs.

Pour Amazon également, l'IA doit servir en premier lieu à améliorer l'expérience du commerce électronique, par exemple en recommandant des produits plus adaptés lorsque vous naviguez dans sa boutique en ligne. Mais l'entreprise espère aussi en tirer parti par le biais de son activité cloud qui ne manquera pas de se développer davantage, vu l'énorme puissance de calcul que requiert l'IA.  

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