Publicité

Comprendre le procès historique contre Google en 3 questions

La justice américaine offre un cadeau empoisonné à Google pour ses 25 ans. ©Reuters

Le procès de la décennie s'ouvre à Washington. Google a-t-il obtenu sa position dominante de moteur de recherche en signant des accords illégaux avec d'autres entreprises, comme Apple, Samsung, Mozilla ou T-Mobile?

Trois ans d’enquête, 5 millions de documents et plus de 150 personnes déjà entendues. Le procès de Google, qui s’ouvre ce mardi aux États-Unis, est déjà qualifié de procès de la décennie par son ampleur. Mais, ce sont surtout les conséquences de ce dernier qui pourraient en faire un procès historique pour les entreprises technologiques.

Alors que le géant fête tout juste ses 25 ans, la justice américaine lui offre un cadeau des plus empoisonnés, qui pourrait remettre en cause sa position dominante dans la recherche sur internet.

Publicité

Que reproche-t-on à Google?

Sur n’importe quel iPhone, téléphone Samsung ou quand vous ouvrez le navigateur Mozilla, lorsque vous voulez faire une recherche sur internet vous tombez toujours sur le moteur de recherche Google. Cette position avantageuse en tête de gondole, l’entreprise californienne la doit à des accords passés avec différents fabricants, entreprises technologiques et même certains opérateurs téléphoniques, comme T-Mobile ou AT&T.

"Les gens n'utilisent pas Google parce qu'ils n'ont pas le choix, mais parce qu'ils le veulent.

Kent Walker
Directeur juridique d'Alphabet

Ce sont ces accords de plusieurs milliards de dollars chacun que la justice américaine a dans le viseur. Tout l’objet du procès sera de déterminer si ce sont ces accords qui ont permis à Google de dominer aujourd'hui outrageusement le marché de la recherche en ligne avec plus de 90% de parts de marché, selon les derniers chiffres disponibles, et s’ils sont illégaux et relèvent de pratiques anticoncurrentielles.

Pendant 10 semaines d'auditions d'une centaine de témoins, Google va tenter de persuader un juge fédéral que les accusations du ministère américain de la justice sont infondées. Car pour le géant américain, son succès n’est dû qu’aux bonnes performances de son moteur de recherche que les utilisateurs privilégient par rapport à la concurrence.

"Notre succès est mérité", a affirmé Kent Walker, directeur juridique d'Alphabet, la maison mère de Google, dans une déclaration officielle.  "Les gens n'utilisent pas Google parce qu'ils n'ont pas le choix, mais parce qu'ils le veulent. Il est facile de changer de moteur de recherche par défaut, on n'est plus à l'époque des modems et des CD-ROM", a-t-il ajouté.

Publicité

Le démantèlement des activités de Google est encore loin, mais une issue défavorable lors de ce procès de tous les superlatifs pourrait sensiblement affaiblir la position de Google.

Que risque Google?

Google risque gros théoriquement. Si dans quelques mois, le juge Amit Mehta tranche en faveur des États-Unis, le groupe risque d'être forcé de se séparer de certaines activités pour l'obliger à changer ses méthodes. Le démantèlement des activités de Google est encore loin, mais une issue défavorable lors de ce procès de tous les superlatifs pourrait sensiblement affaiblir la position de Google.

En Europe, l’entreprise a déjà été condamnée à des amendes de plus de 8,2 milliards d'euros pour diverses infractions au droit de la concurrence, bien que certaines de ces décisions fassent l'objet de plusieurs appels. Aux États-Unis, Alphabet, la maison mère de Google, doit aussi faire face à d'autres accusations de monopole, concernant notamment la publicité en ligne.

Il y a-t-il des précédents?

La dernière fois qu’un géant technologique s’est retrouvé englué dans une telle procédure sur le sol américain, c’était Microsoft, en 1998. La justice américaine reprochait à l’entreprise fondée par Bill Gates le même type de pratiques pour son logiciel d’exploitation Windows. Les poursuites de Washington contre Microsoft se sont terminées par un accord en 2001, après qu'une cour d'appel a annulé une décision ordonnant la scission de l'entreprise.

Google était alors la jeune start-up innovante que tout le monde encensait. "Ce Google a disparu depuis longtemps", s'est permis d'ajouter le ministère de la Justice américain dans sa plainte.

Le résumé
  • Google doit-il le succès de son moteur de recherche à ses performances ou à des pratiques anticoncurrentielles? C'est l'objet d'un procès qui s'ouvre mardi à Washington, dans le cadre des poursuites judiciaires les plus conséquentes jamais lancées contre le géant d'internet.
  • D'après le gouvernement américain, Google a bâti sa domination sur la recherche en ligne grâce à des contrats illégaux avec des entreprises telles que Samsung, Apple et Firefox, pour que son outil soit installé par défaut sur leurs smartphones et services.
  • Google va tenter de persuader un juge fédéral que les accusations du ministère américain de la Justice sont infondées et qu'il doit son succès aux bonnes performances de son moteur de recherche.
Publicité
Messages sponsorisés