La semaine d’enfer de Google
L'ascension tonitruante du robot conversationnel ChatGPT a poussé Google à réagir. Seul hic, son alternative maison lui aura coûté plus de 100 milliards de dollars de valorisation...
Google a perdu une bataille, pas la guerre. Voilà comment on pourrait résumer la semaine épique que vient de vivre le géant américain et, plus largement, le secteur technologique. On s’était pourtant quelque peu habitué à une actualité tech ronflante, avec son lot d’annonces régulières, mais où les positions tenues par chacun étaient claires et n’évoluaient plus. En une semaine beaucoup de choses ont changé.
Que s’est-il passé en une semaine pour que Microsoft retrouve le sourire et une image d’entreprise à la pointe de l’innovation, quand Google ressemble à une biche surprise par les phares d’une voiture en pleine nuit? Tout part de l’arrivée tonitruante de ChatGPT, fin novembre.
Ce chatbot conversationnel et son intelligence artificielle (IA) capable de répondre à n’importe quelle question, ou presque, ont pris tout le monde de court. Avec 100 millions de personnes qui ont testé l’outil depuis, l’IA est enfin devenue populaire et grand public.
Derrière l’outil ChatGPT, il y a une start-up, baptisée OpenAI et financée par Microsoft. L’entreprise fondée par Bill Gates a encore récemment confirmé sa volonté de continuer à investir plusieurs milliards de dollars dans la pépite. En investissant juste, Microsoft a doublé ses concurrents qui avaient adopté une stratégie différente. En tête de peloton: Google. L’entreprise investit depuis plus de dix ans massivement dans l’intelligence artificielle en interne, avec une stratégie qui a pour but de déployer cette technologie dans toute sa gamme de services. ChatGPT a changé la donne.
En investissant juste, Microsoft a doublé ses concurrents. En tête de peloton: Google.
Pour répondre à l’outil de Sam Altman, le CEO d’OpenAI, et de son nouveau meilleur ami Satya Nadella (CEO de Microsoft), Google a décidé de lui aussi lancer un chatbot conversationnel, histoire de montrer sa capacité maison à créer ce genre d’outil. Annoncé lundi par le CEO de Google, le dénommé "Bard " ressemble à ChatGPT et propose lui aussi de répondre aux requêtes des utilisateurs, mais avec une différence notable: Bard est, lui, connecté à internet et n’a pas limité ses sources d’informations à fin 2021 comme ChatGPT.
Un avantage de taille qui a fait dire lors de l’annonce de lundi que Google aurait peut-être bien trouvé la réponse à la menace ChatGPT. Mais la semaine était encore jeune. Moins de 24h après, Microsoft a annoncé intégrer ChatGPT à son moteur de recherche Bing, avec un objectif clair: détrôner l’incontournable du secteur, Google. L’annonce suscite l’enthousiasme dans le secteur. En face, on ne s’attendait pas à une intégration si rapide, ni à une annonce de cette ampleur à quelques heures d’un événement international organisé et prévu par Google depuis plusieurs semaines.
Le géant technologique avait en effet donné rendez-vous à la presse internationale, dont L’Echo, dans ses bureaux parisiens pour présenter ses innovations liées à l’intelligence artificielle au sein d'applications comme "Maps" ou "Search" (moteur de recherche), son domaine de prédilection. Même si ce n’était pas le sujet du jour, Google n'a pas pu s'empêcher de parler de Bard, annoncé deux jours plus tôt. Alors, pour faire une peu de teasing, les équipes de Google avaient préparé une démo pour les médias et les milliers de personnes suivant l’événement également diffusé en ligne. La démo montrait un exemple de question posée à Bard: "Quelles dernières découvertes de la Nasa, issues du télescope James Webb, puis-je expliquer à mon enfant de 9 ans?" Parmi les réponses, l'IA a déclaré que ledit télescope a été le premier à prendre des photos d'une planète hors du système solaire, alors que le télescope géant européen l'avait, en réalité, déjà fait en 2004.
Sur le moment personne ne le remarque, mais quelques heures plus tard des astronomes font savoir que la première réponse de Bard est erronée. Une erreur a fait perdre plus de 7% au titre d'Alphabet, la maison mère de Google, à la Bourse de New York mercredi et plus de 100 milliards de dollars de valorisation. Lors de l’annonce de ces derniers résultats financiers décevant il y a quelques jours, l’action n’avait chuté que de 2,8%. C’est dire l’importance qu’a prise l’intelligence artificielle en quelques semaines. Si Google a été pris de court cette semaine, le géant a les armes pour revenir dans une course qui sera de longue haleine. Une semaine n’est pas l’autre.
- L'ascension tonitruante du robot conversationnel ChatGPT a poussé Google à réagir.
- Seul hic, son alternative maison lui aura coûté plus de 100 milliards de dollars de valorisation en raison notamment d'une réponse erronée à une question.
- C’est dire l’importance qu’a prise l’intelligence artificielle en quelques semaines.
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