Elon Musk s'offre Twitter pour 44 milliards de dollars
Elon Musk a conclu un accord avec le conseil d'administration de Twitter pour racheter le réseau social pour 44 milliards de dollars. L'action a terminé en hausse de plus de 5%.
Elon Musk a réussi son pari: le patron de Tesla et de SpaceX a passé un accord définitif avec le conseil d'administration de Twitter pour racheter le réseau social au prix de 54,20 dollars par action et en faire une entreprise privée, non cotée en Bourse. L'homme le plus riche au monde devient donc le propriétaire de la plateforme qu'il avait annoncé convoiter il y a moins de deux semaines, et malgré l'opposition initiale affichée par le conseil.
"La liberté d'expression est le socle d'une démocratie qui fonctionne, et Twitter est la place publique numérique où les sujets vitaux pour le futur de l'humanité sont débattus", a déclaré Elon Musk, dans son premier tweet en tant que nouveau patron du réseau social. L'action du groupe, coté à Wall Street, a terminé en hausse de plus de 5%.
Elon Musk avait indiqué la semaine dernière qu'il avait sécurisé 46,5 milliards de dollars pour mener à bien cette acquisition grâce à deux prêts bancaires de Morgan Stanley, ainsi qu'à sa fortune personnelle. Il avait également évoqué la possibilité de lancer une offre publique d'achat (OPA) hostile en passant directement par les actionnaires pour contourner le conseil d'administration (CA).
"Une fois que le financement a été mis en place avec la menace d'une OPA hostile, le CA ne pouvait plus avoir recours à un chevalier blanc ou à un second enchérisseur", a relevé Dan Ives de Wedbush Securities sur CNBC. "Cela les a mis le dos au mur et les a contraints à venir à la table de négociations", a ajouté l'analyste.
La "pilule empoisonnée"
Le CA de Twitter s'était au départ montré hostile à l'offre de rachat du milliardaire en adoptant une clause dite de la "pilule empoisonnée" pour rendre l'acquisition plus difficile. La clause prévoit que si un actionnaire atteint plus de 15% du capital de Twitter, le conseil d'administration se réserve le droit de brader les actions pour tous les autres détenteurs de titres. Musk détient actuellement un peu plus de 9% des actions ordinaires du réseau social.
"Twitter a un but et un sens qui concernent le monde entier."
Peu après son entrée au capital de l'entreprise, le fantasque patron avait été invité à rejoindre le CA, mais il avait décliné cette offre. Fort de ses plus de 83 millions d'abonnés, l'homme le plus riche de la planète — sa fortune est estimée à 269 milliards de dollars par Forbes — se sert presque tous les jours de son compte Twitter pour donner des nouvelles de ses entreprises, plaisanter ou lancer des polémiques.
Il a d'ailleurs déjà suggéré plusieurs évolutions pour rendre le réseau social plus rentable, comme l'ajout d'un bouton "modifier" pour corriger un tweet après publication et des changements dans la formule d'abonnement payante, Twitter Blue.
Il a critiqué Twitter à de nombreuses reprises, notamment au sujet de la liberté d'expression, et de la modération des contenus, qu'il juge trop sévère. Ses provocations régulières et ses opinions libertariennes l'ont rendu antipathique aux yeux de nombreuses personnes dans la Silicon Valley. "Twitter a un but et un sens qui concernent le monde entier. Je suis très fier de nos équipes et inspiré par le travail qui n'a jamais été aussi important", a réagi Parag Agrawal, l'actuel dirigeant de Twitter, après l'annonce de l'acquisition. Agrawal qui recevra 42 millions de dollars s'il est licencié, selon l'accord passé avec Musk.
Le spectre de la désinformation
"J'espère que même mes pires critiques resteront sur Twitter, c'est ce que signifie la liberté d'expression", avait tweeté Elon Musk avant l'annonce.
Certains observateurs pensent qu'il pourrait autoriser à nouveau des comptes supprimés, dont celui de Donald Trump et de certains de ses partisans. L'ancien président américain, qui s'est toutefois immédiatement déclaré "pas intéressé" et concentré sur son propre réseau social, avait été suspendu définitivement de Twitter en janvier 2021 pour avoir appelé à contester les résultats du scrutin présidentiel et invité à la violence.
"Confier les rênes de Twitter à Elon Musk déchaînera à coup sûr des théories du complot que la plateforme a essayé de réprimer."
"Confier les rênes de Twitter à Elon Musk déchaînera à coup sûr des théories du complot que la plateforme a essayé de réprimer", a réagi Angelo Carusone, président de l'ONG progressiste Media Matters for America. "Toute tentative d'utiliser la plateforme pour partager des informations légitimes sera éclipsée par un bourbier toxique de désinformation."
Des craintes d'ailleurs partagées par la Maison Blanche, qui a refusé de commenter cette opération particulière, mais a déclaré que le président Joe Biden s'inquiétait depuis longtemps du pouvoir des plateformes de médias sociaux pour répandre la désinformation.
Le groupe de San Francisco doit publier ses résultats trimestriels jeudi avant l'ouverture de Wall Street. Des résultats qui pourraient décevoir.
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