Twitter se prépare à une guerre juridique contre Elon Musk

L'abandon du rachat de Twitter par Elon Musk passe mal du côté du réseau social. Le président de Twitter, Bret Taylor, a réagi en jurant de faire respecter l'accord.

Twitter a engagé l'équipe juridique de Wachtell, Lipton, Rosen & Katz LLP afin de poursuivre Elon Musk, rapporte Bloomberg News. La société s'entoure donc de pointures du barreau comme Bill Savitt et Leo Strine.

Twitter a l'intention d'intenter une action en justice en début de semaine, selon le média, citant des personnes au fait de la question. L'affaire promet d'être une bataille judiciaire ardue.

Faux comptes en cause

Vendredi, après la clôture de la bourse américaine, le patron de Tesla et SapecX avait déclaré vouloir mettre un terme au rachat de Twitter pour un montant de 44 milliards de dollars qui avait déjà été convenu.

Selon le milliardaire, l'entreprise aurait fourni des données incomplètes ou inexploitables lors des négociations. Il ajoute que Twitter aurait comptabilisé dans son total d'utilisateurs des comptes suspendus dont elle savait qu'ils étaient faux.

Le renom d'Elon Musk faisait l'objet de spéculations depuis des semaines. Dès la confirmation de la volte-face du milliardaire américain, la direction de Twitter avait déclaré vouloir agir en justice.

De son côté, Elon Musk a fait appel à Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan LLP. Le cabinet a déjà assuré sa défense lors d'une plainte pour diffamation en 2019 et le représente dans le cadre d'un procès en cours contre des actionnaires concernant sa tentative ratée de privatiser Tesla en 2018.

Action dans le Delaware

Les experts estiment que les chances d'une victoire juridique sont fortes pour Twitter. Ils n'excluent toutefois pas que l'entreprise accepte de baisser le prix d'achat lors de négociations ultérieures.

La plainte sera introduite dans l'État du Delaware, siège social de plus de la moitié des sociétés publiques américaines, dont Twitter.

Le tribunal chargé de l'affaire désapprouve généralement les tentatives de retrait d'accords de fusion. En 2000, Tyson Foods avait accepté d'acquérir son rival IPB Corp. Peu après la conclusion de l'accord, le marché de la viande avait subi une chute brutale, ce qui avait eu un impact financier sur les deux entreprises. Tyson avait soutenu qu'elle avait reçu des informations trompeuses sur les activités d'IPB et qu'elle n'était donc plus obligée de réaliser la fusion de 3,2 milliards de dollars.

Cette affaire sert encore de base aux tribunaux et entreprises pour interpréter la capacité d'un acheteur à résilier un accord de fusion. Le juge aura également son mot à dire sur la question de savoir si des indemnités de rupture doivent être versées. Dans l'affaire Musk-Twitter, ces frais s'élèveraient à 1 milliard de dollars.