Bronca des actionnaires autour de l'OPA d'Orange
Deminor et Laurent Arnauts contestent la valorisation faite par Degroof Petercam dans le cadre de l'OPA d'Orange. Des actions judiciaires ne sont pas exclues.
La colère s'exprime haut et fort du côté des petits actionnaires d'Orange Belgique. Ils contestent la valorisation de l'action d'Orange Belgique faite par la banque d'affaires Degroof Petercam dans le cadre de l'offre publique d'achat (OPA) lancée par Orange France sur sa filiale belge. Pour les petits actionnaires, le prix de 22 euros par action est jugé trop faible.
C'est Polygon Global Partners, qui détient 5,29% du capital de la filiale belge de l'opérateur de téléphonie qui, le premier, est sorti du bois. Et pour se faire bien entendre, la société d'investissements a mandaté le cabinet de défense des intérêts des actionnaires minoritaires Deminor. On l'a dit, conseillé par Degroof Petercam, Orange Belgique a fixé le prix de son offre à 22 euros. Pour Polygon, le prix devrait être doublé.
Argumentaire de Polygon
En faisant une analyse financière sur base du business plan d'Orange Belgium pour la période 2021-2024, Polygon avance différents arguments. Il ne faut pas, estime la société d'investissements, déduire la perte possible de 19 millions d'euros d'ici 2022 du contrat MVNO (opérateur virtuel) de Mobile Vikings. De ce fait, Polygon ajoute 4,2 euros par action à l'offre. De même, Polygon estime que les coûts à venir liés à la mise aux enchères du spectre mobile ont un impact limité. La suppression de poids de la 5G apporterait 4,7 euros de plus à l'offre. La valorisation des pylônes de téléphonie apporte également 8 euros par action. Enfin, Polygon estime que les frais de valorisation de 17 à 19 millions d'euros par an utilisés par la marque Orange devraient être exclus de la valorisation, ce qui permet de dégager 5,4 euros supplémentaires par action.
"Ce prix de 22 euros méconnaît les intérêts des actionnaires minoritaires."
Le cabinet Deminor, mandaté par Polygon, a laissé entendre mardi que la participation de son client lui permettrait, le cas échéant, de mettre des bâtons dans les roues d'Orange France au moment de l'offre de reprise (squeeze-out) qui permettrait à la maison-mère de mettre la main sur 100% des actions de sa filiale belge. Si cette reprise échoue, la radiation d'Orange Belgique serait bloquée, avertit Deminor qui estime que "ce prix de 22 euros méconnaît les intérêts des actionnaires minoritaires".
"Degroof Petercam a validé le montant de 22 euros par action sur base de calculs et d'hypothèses extrêmement contestables."
Selon Deminor, le rapport d'expertise mené par Degroof Petercam "tend à surestimer les coûts et sous-estimer la croissance". Le cabinet de défense des intérêts des actionnaires minoritaires appelle les actionnaires d'Orange Belgique à se manifester. Même sentiment de colère du côté d'un groupe d'actionnaires minoritaires défendu par l'avocat Laurent Arnauts (WATT Legal). "Degroof Petercam a validé le montant de 22 euros par action sur base de calculs et d'hypothèses extrêmement contestables", nous a déclaré l'avocat mardi en début de soirée. Les actionnaires qu'il défend considèrent qu'il ne faut pas donner suite à cette "offre manifestement insuffisante". Ces petits actionnaires ont mandaté l'avocat pour les représenter lors de la prochaine assemblée générale d'Orange Belgique. Ils n'excluent pas de porter l'affaire devant les tribunaux.
De son côté, Orange France a fait savoir qu'il n'était pas question de changer ce prix de 22 euros par action. Le groupe considère que son offre permettra aux actionnaires de "monétiser leur participation à des conditions attractives". Affaire à suivre.
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