Interférences dans la vente de BICS
La cession partielle de la filiale internationale de Proximus s'enlise. En cause? La crise corona et ses effets négatifs sur le roaming, métier de base de l'entreprise.
BICS, quatre lettres pour Belgacom International Carrier Services. L'entreprise est née en 2005, lorsque Proximus et son homologue suisse Swisscom ont décidé de regrouper leurs activités internationales au sein d'une joint-venture. Une opération similaire suivait en 2009 avec le Sud-Africain MTN , amenant le capital à être détenu aujourd'hui encore respectivement à 57,6%, 22,4% et 20% par les trois opérateurs.
Le nom est peu connu du grand public. Pourtant, l'entreprise belge joue un rôle important dans les coulisses du trafic international de données et de téléphonie. Près d'un quart du roaming mondial passe par ce "hub". On parle de "carrier" dans le jargon, soit un transporteur qui permet d'amener à bon port la voix ou la data d'un opérateur A à un opérateur B, et ce, même si des milliers de kilomètres les séparent.
Avec des clients qui se comptent en milliers, BICS est l'un des trois premiers acteurs au monde dans son secteur de la vente de gros entre opérateurs, marqué ces dernières années par des revenus en baisse sur les métiers de la voix et des SMS.
Bien consciente de la situation, l'entreprise s'est adjointe en 2017 les services de TeleSign pour 230 millions de dollars. De quoi lui permettre de devenir le fournisseur… des Gafa. En effet, grâce à la société américaine qui compte pour clients Facebook, LinkedIn, ou encore Uber, BICS a fait un pas de géant dans le monde de l'authentification et de l'identification mobile – dont la matérialisation la plus concrète est ce code reçu par SMS pour ajouter une couche de protection supplémentaire à votre mot de passe.
Lire aussi | Proximus aide les Gafa face aux faux comptes
Bien, mais pas assez. En effet, l'année dernière, BICS réalisait encore, malgré une opération qui porte désormais ses fruits, un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros – un quart du chiffre d'affaires global de Proximus –, en baisse de 3,4%, pour un excédent brut d'exploitation (ebitda) de 153 millions (-0,5%).
Deux candidats en août
Un point d'orgue aujourd'hui. Corona en tête, Swisscom et MTN veulent désormais se débarrasser de leur participation. Quand, cet été, nous révélions que Proximus souhaitait en fait aussi se délester d'une partie de sa participation (qui passerait à 49%), afin que les candidats au rachat puissent viser une certaine idée de contrôle de l'entreprise.
Deux acquéreurs potentiels étaient (encore) sur la balle en août, a-t-on appris, à savoir Providence – dont le nom a longtemps circulé dans la saga autour de l'avenir du câblo-opérateur wallon Voo –, ainsi que le duo Aleph Capital-Crestview Partners.
Le processus semble s'être enlisé, avec une crise du Covid qui a rendu la situation plus complexe encore
Mais depuis, plus rien. Le processus semble s'être enlisé, avec une crise du Covid qui a rendu la situation plus complexe encore, les gens voyageant beaucoup moins et ayant donc moins recours au roaming que par le passé. Une réalité qui se traduit et se traduira encore pendant un temps dans les résultats de BICS, et influence au passage la valorisation de la filiale de Proximus.
De quoi annoncer un échec du processus? Difficile à prophétiser à ce stade. Par contre, pendant ce temps, le dossier traîne. Avec un corollaire important: si l'accord n'aboutit pas, Proximus pourrait avoir à se brosser pour voir quelque 60 à 100 millions d'euros venir renflouer ses caisses.
Ce qui aurait de quoi être dommageable pour l'opérateur. En effet, cet argent serait bienvenu pour pallier un défaut, à savoir que l'entreprise possède l'un des réseaux de fibre optique les moins développés d'Europe.
Finaliser la vente de BICS lui permettrait d'accélérer le déploiement très capitalistique de cette technologie, et ce, en vue de regagner son leadership technologique.
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