Le français André trouve chaussure (belge) à son pied

En redressement judiciaire depuis février, après avoir essuyé les plâtres d'une crise du covid qui aura laissé des traces, l'enseigne française de magasins de chaussures plus que centenaire André a été partiellement cédée à une société belge sur décision du tribunal de commerce de Nanterre, a-t-on appris.

Ladite société belge, Optakare de son petit nom, reprendra 21 des 49 magasins et 119 des 250 salariés regroupés jusqu'à présent sous pavillon 1Monde9, qui faisait lui-même l'acquisition de la chaîne en 2020. Le montant de la transaction n'a pas filtré.

"Une société sauvée est toujours préférable à une société qui disparaît même si, visiblement, elle sera amputée de moitié", a réagi auprès de l'AFP Franck Boehly, le président de la Fédération française des enseignes de la chaussure (FEC).

Énième élagage

À noter, ce n'est pas la première fois qu'un passage par la case élagage est requis pour l'entreprise née en 1896 des efforts d'un entrepreneur qui avait compris, déjà à l'époque, que la confection artisanale devrait passer à un stade industriel pour permettre l'accès au marché de masse. En effet, lors de la reprise de 2020, seul un tiers des points de vente avaient été conservés, quand le plan de reprise prévoyait alors le licenciement d'un peu moins de 200 salariés.

Dans le passé, André – qui a affiché jusqu'à 500 points de vente dans les années 80 – a également été détenue par le site de vente en ligne Spartoo, et avant cela encore, par l'ancien fleuron du textile français Vivarte (Caroll, Chevignon, Kookaï, Naf Naf, Pataugas...), dénommé d'ailleurs à l'origine Groupe André.

Galaxie en devenir

Méconnu du grand-public, l'acquéreur noir-jaune-rouge détenait en réalité déjà une (petite) participation dans 1Monde9. De même, il comptait parmi les fournisseurs d'André, au rayon accessoires de mode et maroquinerie.

L'entreprise est emmenée par l'entrepreneur ouest-flandrien Karim Redjal, occupé depuis quelques années maintenant à constituer dans la discrétion une galaxie d'activités. Après avoir démarré en tant que fournisseur de toutes sortes d'articles culinaires et de table pour la grande distribution, l'homme d'affaires a mis l'accent sur la conception et la fabrication de produits maison – made in Flandre pour partie – , vendus en direct ou sous marque blanche. En parallèle, on le retrouve également chez Decathlon avec les vêtements chauffants de la marque 30Seven par exemple.

Avec André, l'idée était ici d'aller un pas plus loin, confie-t-il. "J’ai toujours créé des produits vendus en magasin par d'autres. C’etait mon rêve désormais que de pouvoir gérer aussi la partie mise en vente", nous a indiqué celui qui entend relancer l'enseigne tricolore à coups de rénovation, de formations et d'améliorations opérationnelles.