Google censure la presse francophone
Impossible de retrouver des articles de presse francophone dans Google. Le moteur de recherche ne référence plus les titres de presse suite au litige qui l'oppose à Copie Presse. Une mesure aux allures de punition.
Google a annoncé ce vendredi qu'elle ne mettrait plus les titres de presse francophone dans son index. Une menace qui se vérifie alors que plus aucun titre, ni article francophone et germanophone belge ne se retrouve dans les résultats du moteur de recherche.
Ce faisant Google affirme se conformer à la décision de la Cour d'appel en mai 2011. Un jugement qui confirmait une décision prise en février 2007 qui interdit Google de publier des articles de presse belge dans les services Google News et Google Search sous peine d'astreintes de 25 000 euros. Google ne payait en effet aucun droit pour reproduire ces articles de presse.
Cela faisait déjà longtemps que Google avait répondu favorablement à ce jugement mais aujourd'hui en supprimant les résultats de son index normal de recherche, l'entreprise américaine archidominante dans le domaine de la recherche en ligne va une étape plus loin.
Le jugement stipule en effet que Google est dans l'obligation de supprimer le contenu Copiepresse de ses services Google News et Google Search, sur les plateformes belges et américaines, mais il n'est nulle part fait mention d'un déréférencement.
"Il est vrai que c'est une interprétation très stricte du jugement intervenu en mai, mais nous ne comptions pas attendre d'avoir à payer des astreintes", explique Simon Morrison, directeur des communications et des politiques de droits d'auteur de Google Europe. "D'autant que nous restons ouverts à une collaboration et que Copiepresse n'a pas grand'chose à faire pour voir ses membres à nouveau indexés".
La mesure est donc directement vue par beaucoup comme une punition de la part de l'entreprise américaine à l'égard de la presse belge francophone, d'aucuns stigmatisant par contre des exigences exagérées de la part de Copiepresse. Bon nombre des consultations de cette dernière proviennent en effet directement des résultats de recherches effectuées dans Google. Pour la presse , cette mesure équivaut donc à une diminution d'audience certaine sur ses sites.
Selon Simon Morrison, cela ne signifie pas que les sites ne seront plus consultables via le moteur de recherche Google. Toujours selon lui, un système de balises de programmation permet aux éditeurs de choisir ce qu'ils souhaitent voir inclus dans les index de recherches Google.
Comprenez que les algorithmes de recherches de Google ne référenceront plus automatiquement les pages de la presse dans les recherches Google et que les éditeurs devront le faire eux-mêmes.
UN CONFLIT OUVERT DEPUIS 5 ANS
L'affaire avait débuté en janvier 2006, lorsque le géant américain de l'internet avait lancé en Belgique son service "Google Actualités", qui recense les principaux titres de l'actualité.
La société Copiepresse, qui gère en Belgique les droits des éditeurs francophones et germanophones, était immédiatement montée au créneau, réclamant que Google paie des droits d'auteurs à ses membres, ou à défaut qu'il cesse de référencer les articles qu'ils publient.
Google avait choisi cette deuxième option mais, en guise de représailles, avait également cessé durant plusieurs mois de référencer les sites de ces journaux sur son moteur de recherche principal, les privant de la sorte d'une part de trafic.
Google avait néanmoins accepté de référencer à nouveau les sites des journaux en mai 2007, alors que se déroulait en parallèle une longue bataille juridique, finalement perdue par la firme californienne.
Le 6 mai, la cour d'appel de Bruxelles l'a en effet déboutée, estimant qu'elle violait bien les droits d'auteur en diffusant sur Google Actualités, sans consentement préalable des éditeurs, le contenu rédactionnel des journaux affiliés à Copiepresse.
Google avait alors indiqué étudier l'opportunité d'aller en cassation, réaffirmant sa conviction que Google Actualités respectait les droits d'auteurs
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