Les Engagés

Globalisation des revenus (sauf des loyers)

Tout part de là: Les Engagés souhaitent globaliser revenus du travail et du capital, afin de taxer l’ensemble de manière progressive. Avec une exception de taille, pour ne pas “déstabiliser le marché”: les loyers restent exclus de cette grande mise en commun. Pareille réforme risquant de prendre du temps, dans un premier temps, Les Engagés suggèrent de faire passer les plus-values à la casserole du précompte mobilier. 

Et si jamais elle devait ne pas voir le jour, alors autant introduire temporairement un impôt sur la fortune, renommé “cotisation annuelle de solidarité”, ponctionnant 1% au “1% le plus riche”. Enfin, il s’agit d’une possibilité, à activer en cas de crise sérieuse – comme la glace à briser en cas d’urgence.

Là où Les Engagés se démarquent, c’est avec leur haine des droits de succession, cette “taxe injuste sur la mort”. Succession et donation disparaissent, pour laisser place à une taxe fixe sur les transmissions, de l’ordre de 4% à 5%.

Signalons encore cette volonté de maîtriser l’endettement, tout en prenant soin de traiter différemment dépenses courantes et investissements stratégiques.

Un droit à l’emploi pour les chômeurs

Les Engagés proposent un tout nouveau système: un droit à l’emploi pour les chômeurs. Les allocations seraient limitées dans le temps (deux ans). Mais au bout de cette période, chaque demandeur d’emploi se verrait automatiquement proposer un contrat de travail dans le secteur public ou associatif, voire dans une entreprise privée. 

Par ailleurs, Les Engagés veulent “lisser” le mécanisme d’indexation des salaires pour éviter ses effets les plus néfastes sur les entreprises. Les Engagés veulent orienter les demandeurs d’emploi et demandeurs d’asile vers les métiers de la construction et autres métiers en pénurie. Une prime à l’orientation est prévue. Ils plaident également pour valoriser beaucoup mieux la filière de la formation en alternance.

Faire participer les robots au financement de la Sécu

Qui est contre? Personne. Comme tous les partis, Les Engagés se prononcent en faveur du renforcement du statut social des indépendants. Une spécificité alors? La création d’un statut de micro-entrepreneur, offrant un régime simplifié, voire un taux de TVA spécifique.

Les Engagés s’engagent à “faire baisser le coût du travail de 5%”, via une réduction des cotisations patronales. Compensation à la clef, via la participation de tous les facteurs de production à la Sécurité sociale et le prélèvement de cotisations sur les amortissements du capital (hors immobilier). “Si un caissier est remplacé par une caisse automatique, un ouvrier par un robot ou un avocat par ChatGPT, cela doit impérativement être neutre d’un point de vue Sécurité sociale.”

Ajoutons la ferme intention d’élargir le champ d’application de la taxe carbone mitonnée par l’Europe.

Nucléaire, renouvelables et réduction de la consommation

On le voit, Les Engagés ne comptent pas tourner la page de l’atome. Pour eux, les réacteurs les plus récents (Doel 4 et Tihange 3) ne devraient pas être prolongés pour 10 ans, mais pour 20. Et il faudrait réétudier le cas de Doel 3 et de Tihange 2. À côté de l’existant, il faut aussi envisager la construction de nouvelles centrales classiques, pour une mise en œuvre en 2035 “au plus tard”. Ce n’est pas tout: “dès que la technologie sera disponible”, il faudra compter avec les petits réacteurs modulaires (SMR) de nouvelle génération.

Aux côtés de l’atome, qui devrait encore fournir l’équivalent de 25% de notre consommation actuelle, le mouvement compte fortement sur les énergies renouvelables. Éolien, photovoltaïque, géothermie ou encore cogénération: l’objectif est de quintupler la production d’ici à 2050.

À ne pas oublier dans ce triptyque, les économies d’énergie, qui devront s’élever au quart de notre consommation actuelle.

L’hydrogène a le vent en poupe et se retrouve aussi dans le manifeste des Engagés. Avec cette particularité: ici, il est “turquoise”, soit produit à partir du méthane contenu dans la biomasse.

Remplacer les droits d'enregistrement par une taxe annuelle

C’est ce qui s’appelle une exception. Alors qu’ils militent pour la globalisation des revenus, Les Engagés insistent pour laisser les loyers en dehors, afin de ne pas chambouler “l’équilibre du marché locatif”.

Il se trouve peu de monde pour aimer les droits d’enregistrement. Pour Les Engagés, il faut les réduire, voire les supprimer, pour l’achat de la première résidence. Pour mieux les remplacer, “par une taxe annuelle basée sur la valeur du bien”. Cela étant, il est aussi question de rendre ces droits plus corsés pour les acquisitions ultérieures “afin d'équilibrer le marché et de favoriser l'accès à la propriété”.

Quant au précompte immobilier, Les Engagés suggèrent de réviser sa base, le revenu cadastral, à chaque changement de propriétaire. Une question de “juste évaluation fiscale pour tous”.

Les Engagés figurent parmi les partis appelant à réguler l’offre d’hébergements touristiques via des plateformes comme Airbnb.

"Tenir compte des intérêts des habitants des zones rurales"

Se débarrasser des voitures de société? L’idée ne fait pas bondir Les Engagés, pour qui il s’agit là d’une niche fiscale qui pourrait sauter dans le cadre d’une réforme fiscale réduisant la charge pesant sur le travail. Tant que l’on parle d’imposition: la taxation kilométrique ne figure pas au menu de la réforme de la fiscalité automobile voulue par Les Engagés. C’est qu’il faut “tenir compte des intérêts des habitants des zones rurales en reconnaissant leur dépendance à la voiture”. Les Engagés misent plutôt sur une taxation accrue des véhicules polluants ou l’instauration d’une vignette. Surgit aussi la piste d’une prime à l’achat du premier véhicule électrique.

Vous avez dit “Good Move”? Les Engagés plaident pour un renforcement de la consultation lors de l’élaboration des plans de circulation, tout en conservant l’objectif poursuivi.

Mentionnons encore l’intention de poursuivre le projet de métro Nord dans la capitale.

Un compte pension pour chacun

Pour la pension, Les Engagés veulent assurer un montant minimal de 1.500 euros net indexé indépendamment du parcours professionnel. Pour y arriver, ils proposent un nouveau système: un compte pension exprimé en euros est ouvert pour chaque affilié. Ce compte est alimenté chaque année par un montant de pension égal au salaire brut individuel de l’année (plafonné) multiplié par un taux d’acquisition, à fixer chaque année. En cas d’inactivité, le compte est alimenté par un salaire imputé, équivalant aux périodes assimilées actuelles. Celles-ci seraient maintenues et même mieux valorisées. 

Les Engagés envisagent de mettre en avant “la durée de la carrière comme paramètre central plutôt qu’un âge uniforme, autorisant ceux qui entament leur carrière plus tôt, notamment les moins qualifiés, de partir à la retraite plus tôt”. Les centristes veulent enfin accompagner ceux qui entreprennent: un indépendant ayant travaillé toute sa carrière ne recevra plus une pension inférieure à celle d’un chômeur de longue durée.

Mieux gérer les flux migratoires

Selon Les Engagés, il faut fédérer les États membres de l’UE autour d’une vision commune afin de mieux gérer les flux migratoires. Le parti centriste veut mettre en place des couloirs humanitaires vers l’UE ou augmenter l’octroi de visas humanitaires. Il s’agit aussi d’accueillir les demandeurs d’asile avec dignité et réduire drastiquement le nombre d’étrangers en situation irrégulière.

Les Engagés veulent inscrire dans la loi l’interdiction de l’enfermement des enfants et des familles avec mineur. Il faut être aux côtés des réfugiés et des migrants pour les aider à s’intégrer socialement et professionnellement, disent Les Engagés. Ceux-ci veulent ainsi faciliter l’immigration choisie ou légale pour remplir les offres d’emploi qui ne trouvent pas preneur. Enfin, le parti veut imposer et renforcer le parcours d’intégration.

Extension du plaider coupable, transactions pénales et procédures accélérées

C’est “urgentissime”, décrètent Les Engagés, qui souhaitent une “augmentation considérable” des moyens consacrés à la lutte contre le crime organisé. “Il faut mener la guerre au trafic de drogue.” Puisqu’il est question de lutte: contre le terrorisme, Les Engagés privilégient le suivi des recommandations encore non appliquées de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats du 22 mars, notamment la création d’une “banque carrefour de sécurité” et d’un fonds d’État pour indemniser les victimes de terrorisme.

Désengorger les tribunaux? Numérisation et intelligence artificielle pourraient aider, estiment Les Engagés. Qui ajoutent extension du plaider coupable, transactions pénales et procédures accélérées.

Enfin, Les Engagés estiment que nos dépenses militaires doivent atteindre les 2% du PIB, d’ici à 2034. Dans le budget de la Défense, il faut consacrer au moins 20% aux équipements lourds et 2% à la recherche, précise le mouvement, qui voit l’armée belge compter au moins 30.000 âmes, contre 24.000 équivalents temps plein aujourd’hui.

Un statut alternatif pour les professeurs

Sur la question des rythmes scolaires, on sent Les Engagés un brin partagés. Cette alternance entre 7 semaines de cours et 2 semaines de vacances dans l’enseignement obligatoire, est-ce une bonne chose? Les Engagés plaident pour une évaluation des effets du nouveau calendrier et demandent que des semaines de vacances communes entre la Flandre et la Fédération Wallonie-Bruxelles soient assurées durant l’année. Par contre, ils signent pour une réforme des rythmes académiques dans le supérieur.

Le mouvement met également l’accent sur l’apprentissage des langues, notamment en favorisant l’immersion et l’échange d’enseignants avec “l’autre communauté linguistique”. Le codage n’est pas oublié, intégré dans des “compétences numériques” distillées dès le fondamental.

Outre le refinancement du supérieur, Les Engagés imaginent un statut alternatif à la nomination des professeurs, basé sur un contrat à durée indéterminée et une revalorisation salariale “de minimum 10%”.

Généralisation du tiers payant

Les Engagés ne défendent pas la gratuité de la médecine, mais poussent la généralisation du tiers payant. Autre piste pour alléger la facture: la stabilisation des suppléments d’honoraires, antichambre de leur suppression pure et simple.

Afin de lutter contre les déserts médicaux, Les Engagés suggèrent que les communes touchées mettent de l’infrastructure à disposition du médecin ou dentiste qui viendrait exercer durant au moins 5 ans. Avec en prime, l’exemption de taxes locales et le financement des frais de secrétariat. Le tout s’accompagnant d’une mise au rebut des quotas Inami et la suppression du concours ouvrant les portes des études de médecine et de dentisterie.

Comment redorer le blason des professions médicales? Les pistes ne manquent pas; pointons la volonté de valoriser le temps consacré à l’écoute des patients et à la “coordination”.

Les Engagés défendent encore leur “pass santé mentale”, ciblant “les jeunes” et donnant droit, entre autres, à 12 séances gratuites chez un psychologue ou des “ateliers de bien-être”.

Le fédéral en chef d’orchestre

Les Engagés veulent faire du niveau fédéral le “chef d’orchestre” du pays. Certaines compétences seraient refédéralisées et le fédéral fixerait une trajectoire commune en matière budgétaire et financière applicable à l’ensemble des entités belges. Le parti centriste veut aussi simplifier nos institutions, ce qui passe par un rapprochement Régions-Communauté et des changements dans la lasagne institutionnelle bruxelloise. 

Les Engagés veulent diminuer le nombre de parlementaires de façon substantielle, en réduisant notamment de 30 à 50% le nombre de députés bruxellois. Ils souhaitent supprimer à terme les cabinets et veulent réduire le nombre d’acteurs publics en Wallonie. Les Engagés proposent de réduire la rémunération des ministres de 15%.

Un marché réglementé pour le cannabis

Le credo des Engagés, c’est la “neutralité bienveillante”. Soit l’interdiction du port visible de signes convictionnels pour les fonctionnaires “en contact direct” avec le public, ainsi qu’à toute personne exerçant “des fonctions qui relèvent de l’impérium de l’État”, comme les policiers ou les magistrats. Et dans l’enseignement? Interdiction itou, jusqu’en 4e secondaire. Au-delà, la décision est entre les mains des pouvoirs organisateurs et des directions d’école.

Les Engagés se disent favorables à la mise sur pied d’un marché réglementé du cannabis, dont l’usage récréatif est légalisé. Marché dont les bénéfices serviront à financer information et prévention.

Ils restent un peu plus dans le flou en matière d’IVG. C’est sûr, ils sont favorables à un allongement du délai dans lequel l’avortement peut prendre place, sauf qu’il est question d’un allongement “raisonnable”. Allonger ici, et raccourcir par-là: le délai de réflexion obligatoire de 6 jours doit être raboté. Enfin, la dépénalisation de l’avortement doit être complète pour les femmes.

Qu’en est-il du congé de paternité? Avant de parvenir à l’objectif de 15 semaines, Les Engagés veulent le faire passer de 20 à 30 jours, obligatoires, à prendre la première année de la naissance. Cela étant, le modèle suédois les titille: un congé de naissance de 480 jours, à se répartir entre les deux parents, “avec un minimum de 60 jours réservés au père”.

Étendre la taxe carbone

L’Europe retrouve la rigueur budgétaire. Très bien, mais Les Engagés veulent s’assurer que les règles n’empêchent pas les investissements d’avenir. D’où cette proposition: réviser le pacte de stabilité “pour distinguer les déficits liés à des dépenses d’investissement et de consommation”.

Ici, il n’est pas question de révision, mais d’extension. La taxe carbone aux frontières doit être élargie “à tous les produits”. Plus encore: Les Engagés proposent de subsidier les exportations européennes vers des pays qui n'ont pas de mécanisme de prix carbone. Et d’étendre le système de quotas de carbone, aujourd’hui confiné aux industries lourdes et producteurs d’énergie, à “toutes les entreprises, y compris pour la fabrication de produits finis”. Enfin, Les Engagés, qui visent pour 2040 une agriculture “100% bio ou sans produits phytosanitaires”, demandent des financements additionnels pour les exploitations qui participent à la restauration de la nature.

Signalons que la question israélo-palestinienne n’est pas abordée dans le programme des Engagés.