Le MR est à l’offensive pour réduire le rôle des syndicats. Mais il est isolé. Et à gauche, on contre-attaque.
Le MR mène une offensive en règle contre les syndicats. Le parti de Georges-Louis Bouchez préconise d’abord de supprimer le rôle des différents syndicats en matière de paiement des allocations de chômage. La tâche serait confiée à l’Onem.
Le MR veut aussi réduire le rôle des syndicats dans tous les organismes de concertation puisque leur avis deviendrait simplement consultatif (alors qu’ils sont co-décisionnaires actuellement). Le financement des syndicats serait également revu: il ne serait plus assuré que par leurs adhérents. Exit les subsides publics ou les participations des entreprises. Le MR estime aussi “qu’il est grand temps que les organisations syndicales soient tenues d’adopter la personnalité juridique, afin qu’elles puissent, comme tout autre sujet de droit, être tenues responsables de leurs actions.”
Enfin, lors d’une négociation sociale dans une entreprise, le MR veut pouvoir contourner un éventuel refus syndical en faisant adouber un accord par une majorité de travailleurs lors d’un référendum interne.
Ce plaidoyer anti-syndical est peu ou pas suivi par les autres partis. Les Engagés sont tout de même d’accord pour attribuer la personnalité juridique aux syndicats.
À gauche, les idées du MR passent mal. “Le PS s’opposera à toute remise en question du rôle des syndicats”, insiste le parti de Paul Magnette. Avec le PTB, il contre-attaque. Les deux partis veulent non seulement pérenniser le rôle des syndicats comme organismes de paiement, mais aussi revaloriser leurs moyens. Ils prônent également une représentation syndicale accrue dans les PME (un conseil d’entreprise dès 50 travailleurs, au lieu de 100).
Doter les syndicats d’une personnalité juridique ou restreindre le droit de grève? C’est “no pasaran” pour la gauche. Le PS veut consacrer un “droit d’alerte”, autrement dit la possibilité pour les syndicats d’exiger des explications sur la situation économique et financière de leur entreprise. Le PTB estime que les syndicats doivent pouvoir jouer un rôle jusque chez les sous-traitants d’une entreprise. En allusion au conflit social chez Delhaize, PS et PTB veulent interdire le recours aux étudiants pour remplacer les grévistes.
Ecolo reste assez discret sur cette question, mais plaide pour “donner un rôle plus actif à la concertation sociale et notamment au Comité pour la prévention”. Les verts veulent également “préserver le droit de manifester et le droit de grève”.
“La concertation sociale doit être un des piliers de l’efficacité des politiques économiques et sociales dans notre pays”, estime pour sa part DéFI.