Pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, les partis veulent moduler le “Pacte vert”.
Aucun parti ne remet en cause l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, au cœur du “Green Deal” européen. Seulement, alors que certains aspects de ce programme destiné à “réconcilier l’économie et la nature” ont été édulcorés, plusieurs partis veulent l’adapter pour assurer davantage de soutien aux entreprises et aux agriculteurs.
Une pierre angulaire du Pacte vert est la création du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF): quelques produits importés en Europe seront soumis à une taxe carbone, d’un niveau équivalent à la tarification carbone qui est appliquée aux industriels européens au travers des quotas ETS.
Le Parti socialiste veut davantage protéger les entreprises européennes avec une taxe carbone aux frontières qui irait “au-delà des secteurs concernés”.
Ecolo aussi propose “d’élargir” le mécanisme, sans préciser les produits à ajouter à la liste actuelle (acier, ciment, aluminium, engrais azotés et hydrogène).
DéFI voudrait que la taxe carbone aux frontières inclue “les produits agricoles”, ce qui instaurerait une forme de préférence européenne pour l’alimentation.
Les Engagés veulent élargir le mécanisme “à tous les produits”, et vont encore plus loin en proposant en plus de subsidier les exportations européennes vers des pays qui n'ont pas de mécanisme de prix carbone.
Alors que le MR n’évoque pas de nécessité d’ajuster le MACF, le PTB, au contraire de tous les autres, est opposé au principe même de la taxe carbone aux frontières, qu’il voit comme un cadeau aux multinationales – il propose plutôt d’encourager la décarbonation des économies hors UE en supprimant les brevets sur les technologies vertes.
Le parti marxiste est également opposé au marché carbone européen: pour le PTB, le système d’échange de quotas d’émissions (ETS) doit être supprimé, et remplacé par des normes d’émissions contraignantes. Au contraire, Ecolo veut renforcer le système ETS, serrer la vis sur les grands secteurs industriels en exigeant “une suppression nettement plus rapide des quotas gratuits” qui leur sont alloués.
Pour Les Engagés, le système de quotas de carbone, aujourd’hui confiné aux industries lourdes et producteurs d’énergie, devrait être étendu à “toutes les entreprises, y compris pour la fabrication de produits finis”.
Le PS ne s’attarde pas sur la tarification du carbone, mais parle de renforcer les normes environnementales sur les produits consommés dans l’Union pour réduire la concurrence déloyale de produits importés. Entre autres pour que l’industrie ne soit pas victime des ambitions environnementales européennes, les socialistes plaident aussi pour un “Buy European Act”, qui consisterait à favoriser le développement industriel de l’Europe par la commande publique, “un protectionnisme intelligent”.
Le MR considère que face aux subsides déployés par les États-Unis pour leur industrie verte, et aux niveaux d'aides d'État très variables entre pays de l'Union européenne, l’Europe a besoin d’établir "des règles du jeu équitables visant à soutenir notre industrie, en particulier nos PME". Il défend aussi une augmentation des fonds alloués à l'innovation, un paramètre vital pour atteindre les objectifs du Pacte vert, selon le parti libéral.
Plusieurs partis veulent aussi conjuguer le Pacte vert avec un meilleur soutien aux agriculteurs. Le MR parle d'un "Agrideal", par lequel l’Europe donnerait une direction de long terme au secteur, et entend "compenser" les normes qui sont imposées aux agriculteurs européens, mais auxquelles leurs concurrents ne font pas face.
Le PS propose de créer un fonds européen de transition pour les aider à aller vers un modèle de production plus durable, avec notamment la suppression complète des “pesticides les plus dangereux” à l’horizon de 2030.
Les Engagés, qui visent pour 2040 une agriculture “100% bio ou sans produits phytosanitaires”, veulent des financements additionnels pour les exploitations qui participent à la restauration de la nature.
Ecolo veut réformer la Politique agricole commune (PAC) pour renforcer les aides aux pratiques agroécologiques, et veut supprimer la TVA sur les produits bio locaux.
Outre la taxation carbone des produits agricoles importés, DéFI veut supprimer la TVA sur les fruits et légumes de saison issus du marché européen. Le PTB veut, lui aussi, revoir la PAC pour soutenir l'emploi et la transition. Il propose d'instaurer au niveau européen "des prix planchers obligatoires", et une TVA nulle sur l'alimentation.