Ecolo, PS et PTB sont chauds; DéFI et MR s’y opposent. Quant aux Engagés, c’est compliqué.
C’est un incontournable de la campagne: les premières passes d’armes ont déjà eu lieu et la taxation des plus grosses fortunes est bien partie pour alimenter les débats jusqu’au scrutin. Alors voilà la question qui fâche: faut-il taxer les riches?
Pas pour DéFI, qui n’aborde pas la question dans son programme – un silence éloquent. Le MR est limpide, lui qui entend “protéger le patrimoine”, “fruit du travail”. D’où cette demande: “geler les paramètres” de la taxe frappant les comptes-titres. Voilà pour les opposants.
Pour les autres partis, la réponse est plutôt positive. Si possible, à l’échelon international, prônent ensemble Ecolo, Les Engagés et le PS. Et, en attendant, sur le territoire belge – ce qui nécessitera l’instauration d’un cadastre des fortunes. Chacun à sa sauce, évidemment.
Chez Ecolo, on parle d’une “contribution annuelle” visant les patrimoines supérieurs, en net, à un million d’euros, tout en écartant l’habitation principale et les “biens productifs utilisés dans le cadre d’une activité professionnelle”. Le tarif serait progressif, débutant à 0,5% et augmentant par tranche de 0,5 point pour culminer à 2%, pour tout ce qui dépasse la barre des 50 millions.
Assez proche, en somme, de la position socialiste, à savoir l’imposition des “grands patrimoines”. Ici, le seuil est fixé à 1,25 million, avec les mêmes restrictions. Les détails ne sont guère fournis, mais la philosophie est identique: un barème progressif, fonctionnant par tranches.
N’oublions pas le PTB, défenseur enragé, depuis des lustres, de sa “taxe des millionnaires”. Sauf que celle-ci a récemment pris un autre visage. Au diable, le seuil du million d’euros; à présent, seules les fortunes nettes supérieures à 5 millions passent à la casserole. “De cette manière, nous taxons le 1% le plus riche de la population”, explique le parti marxiste. Le taux? 2% de base, et 3% pour tout ce qui dépasse les 10 millions. Rendement net attendu: 8 milliards par an.
Enfin, il y a le cas des Engagés, dont le programme se montre plus réservé et traduit mal leurs intentions. On s’explique: le mouvement né des cendres du cdH prône, entre autres, la globalisation des revenus, voyant les rentrées issues du travail et du capital taxées de façon identique. Tant que leur révolution fiscale n’advient pas, Les Engagés plaident pour l’instauration d’une “contribution annuelle de solidarité” temporaire, “de 1% sur le 1% le plus riche de la population”. Serait-ce ce qu’il faut comprendre d’une prose électorale manquant de limpidité? Même pas. Parce que le parti ajoute qu’il ne s’agit là que d’une possibilité, à activer uniquement en cas de crise sérieuse ou d’évènements exceptionnels – une pandémie par exemple. Sauf que cette réserve n’apparaît nulle part dans le programme. Nous ne la livrons que pour la bonne compréhension du lecteur.