Réintroduire de la progressivité dans l'impôt et creuser un écart entre travail et allocations: voilà qui fait, plus ou moins, l'unanimité.
Il est, dans l’arène politique, des mots “magiques” brandis à tout-va, et plus encore en période électorale. Ainsi en va-t-il de “pouvoir d’achat”. Exercice obligé: comment doper celui des personnes qui travaillent? Les partis avancent des pistes qui ne sont pas fondamentalement éloignées et peuvent se catégoriser de la sorte.
Il y a d’abord cette idée que le travail doit rapporter davantage que l’inactivité. “Un différentiel d’au moins 500 euros nets entre revenus du travail et allocations sociales”, plaide le MR, rejoint sur ce point par Les Engagés. Pour ce faire, les libéraux souhaitent empêcher que le train des revalorisations des allocations ne file plus vite que celui des salaires. En liant l’évolution des allocations à celle des salaires.
Autre piste envisagée par les bleus, celle d’un “bonus d’activité” pour les bas et moyens salaires, accordé notamment par le biais d’une hausse du forfait des frais déductibles. Objectif: au moins 200 euros nets par mois, pour tout travailleur gagnant moins que “certains salaires de référence”.
L’air de rien, cette notion de bonus rassemble. Un “bonus bosseur” pour Les Engagés, venant remplacer le “bonus emploi”, démarrant à 450 euros, avec dégressivité lente, “pour récompenser l’effort”. Les socialistes s’y mettent aussi, à vouloir remplacer ce “bonus emploi” par un crédit d’impôt devant doper bas et moyens salaires de 300 euros et marquer la différence “avec les personnes en situation de chômage”. Ecolo n’est pas en reste, avec son bonus fiscal à l’emploi qu’il défend depuis des lustres, via un crédit d’impôt dégressif. De quoi permettre d’augmenter le revenu mensuel net d’environ 350 euros pour qui touche l’équivalent du salaire minimum.
Vient, ensuite, la révision de l’impôt sur les personnes physiques (IPP). En deux temps.
Du PTB au MR, tout le monde est d’accord sur ce point: il est plus que nécessaire de réintroduire de la progressivité, en révisant les tranches d’imposition.
Second levier à actionner: la hausse de la quotité exemptée d’impôt, cette première “tranche” du revenu échappant à la taxation. Pour Les Engagés, il faudrait que les 1.000 premiers euros gagnés chaque mois soient “tax-free”. Sur ce point, DéFI et MR parlent presque d’une même voix: fixée à 10.570 euros (revenus annuels 2024), cette quotité devrait être alignée, pour les amarantes, sur le seuil de pauvreté (15.444 euros en 2021), ce qui représente un coût budgétaire dépassant les 10 milliards; les bleus, eux, optent pour le revenu d’intégration sociale (soit 15.158 euros).
Pour le reste, pointons la volonté des Engagés d’immuniser les 100.000 premiers euros gagnés par les jeunes se lançant dans la vie professionnelle. Et celle du MR, prônant l’instauration d’un “bouclier fiscal”. “Nul ne devrait avoir à donner plus de 50% des revenus de son travail à l’État.” Ce qui nécessite de sucrer la tranche d’imposition de 50% – ce que désirent aussi Les Engagés.