Tout le monde est d’accord: il faut refinancer l’institution et engager des magistrats. Le diable se cache dans la méthode, et la vision managériale.
Parent pauvre des budgets fédéraux durant une décennie, la justice souffrait d’un sous-financement chronique, en partie comblé par la Vivaldi. Mais la solution à l’arriéré judiciaire et aux manques cruels de l’institution n’est pas trouvée.
Tous les partis l’affirment. Oui, il faut refinancer la justice et remplir le cadre des magistrats. Comment? Le PTB veut un “refinancement démocratique” qui s’oppose au “régime de performance” et regrette que “le parquet et la police fédérale gagnent en puissance alors que les droits de la défense reculent”.
Le PS suit en partie en critiquant la “vision managériale de la droite néolibérale” qui “impose à tout prix l’efficience au détriment de la qualité du service au citoyen”. Les socialistes veulent mettre le paquet sur le renfort de l’aide juridique de première ligne via une batterie de mesures et “corriger” la réforme sur l’autonomie de gestion des cours et tribunaux.
Ecolo suit le même chemin en proposant un refinancement qui “se garde d’appliquer une vision néolibérale”. Pour les verts et les rouges, des pistes sont à trouver dans une diminution de la population carcérale.
Vision opposée au MR qui demande à remplir le cadre des magistrats, mais exige un “système d’évaluation des magistrats fondé sur une logique de management individuel”. Pour résoudre le souci de l’arriéré, les libéraux misent sur un recours accru à la digitalisation et à l’intelligence artificielle.
Même ambition chez Les Engagés qui entendent aussi étendre le plaider coupable, les transactions pénales et les procédures accélérées pour désengorger les tribunaux.
DéFI est pour sa part le seul parti à chiffrer précisément l’investissement: 850 millions d’euros supplémentaires. Pour cela, il soutient le projet d’autonomie de gestion des cours et tribunaux qui vise une évaluation de la charge de travail des magistrats. En parallèle, le parti du juge Michel Claise se bat contre la régionalisation et veut réduire la population carcérale en excluant du code pénal les peines de moins d’un an et en réévaluant l’exécution des peines de moins de trois ans.