Isolé, le MR s’oppose à la légalisation de l’usage récréatif du cannabis.
L’usage de la drogue et la lutte contre les assuétudes n’échappent guère aux clivages politiques. Même le cannabis ne met pas tout le monde d’accord.
Enfin presque. DéFI, Ecolo, Les Engagés, PS ou PTB: l’immense majorité des partis francophones en convient. La seule approche répressive et la “guerre contre la drogue” ont montré toutes leurs limites. “Malgré plus d’un siècle de prohibition, la drogue et la criminalité organisée, qui se nourrit de cette interdiction, restent largement présentes dans nos sociétés, résume le PS. La Belgique semble même faire face à une augmentation de la consommation ou, en tout cas, à une recrudescence des conséquences négatives qui y sont liées.”
Aussi ces cinq partis suggèrent-ils fortement de sortir de la logique liée à la répression pour embrasser la problématique des assuétudes d’un point de vue de santé publique. Pour le cannabis, cela donne concrètement ceci: légalisation de l’usage récréatif et mise en place d’un marché réglementé par l’État, avec des règles strictes côté production (qualité du produit et teneur en THC), vente et consommation. Interdiction de la publicité, détaille Ecolo. Limitation du caractère commercial, avec un marché aux mains d’ASBL contrôlées, explique le PS. Interdiction de vente aux mineurs, ajoute le PTB.
“Il ne s’agit pas d’inciter les citoyens, en particulier les jeunes, à fumer du cannabis, insistent les socialistes. Au contraire, cette mesure vise à encadrer cette pratique afin de réduire et de prévenir les risques de la consommation.” Par ailleurs, argumentent Les Engagés, les moyens dégagés par la vente du cannabis serviront à financer information et prévention.
DéFI et le PTB proposent par ailleurs d’autoriser l’usage du cannabis médical sur prescription d’un médecin. Et de “l’étendre à toute une série de maladies chroniques pour renforcer le traitement de la douleur”, préconise DéFI, pour qui il faut s’inspirer des expériences menées à l’étranger.
Reste le MR, dont le silence s’oppose, de facto, à une légalisation du cannabis. Un mot qui apparaît à une seule reprise dans le programme libéral. “Selon une enquête réalisée en 2022 par Shinano, le cannabis reste de loin la drogue la plus consommée dans notre pays.”