Entre la ligne stricte façon MR et DéFI et la liberté de choix prônée par le PTB, un monde de différence.
Rares sont les campagnes où les signes religieux – voile ou burkini en tête – ne font pas leur apparition. Administration ou école: quelles sont les lignes rouges en matière de neutralité ou de laïcité?
Concernant la fonction publique, trois lignes se dessinent. Il y a les tenants d’une ligne stricte. Comme le MR, partisan d’une interdiction des signes convictionnels pour tous les agents de la fonction publique, sans oublier au sein des hôpitaux publics ou de toute “structure associative ou privée financée par les pouvoirs publics”. Enfin, c’est le “port ostensible” qui est visé. Comme DéFI, aussi, qui tient à la neutralité d’apparence des fonctionnaires. Et pour qui la différence entre ceux qui sont en contact avec le public et ceux qui ne le sont pas doit être abolie.
Et puis, il y a ceux qui font preuve de davantage de souplesse. “Neutralité, équité et impartialité des agents”, insiste le PS. Ce qui interdit le port visible de signes convictionnels “aux agents qui exercent des fonctions d’autorité” et qui sont “en contact visuel avec le public”. “Neutralité bienveillante”, prône-t-on du côté des Engagés, ce qui aboutit à une interdiction “pour les fonctionnaires en contact direct” avec le public, ainsi qu’à toute personne exerçant “des fonctions qui relèvent de l’impérium de l’État”, comme les policiers ou les magistrats. Reste Ecolo, qui défend une “neutralité inclusive”. Kézako? Le principe de base, c’est la “liberté de porter des signes conventionnels”, l’interdiction relevant de “l’exception”. Exception qui sera définie par une liste précise des fonctions concernées.
Qu’en est-il de l’enseignement? Les signes conventionnels ont-ils leur place à l’école? Pas dans l’enseignement officiel, tranche le MR. Pas dans l’enseignement officiel obligatoire, dit-on chez DéFI. Les Engagés, eux, placent une limite d’âge. Dans l’enseignement secondaire, interdiction jusqu’en 4e secondaire comprise. Pour les deux années restantes, la décision est entre les mains des pouvoirs organisateurs et des directions d’école. N’est-il pas question de développer “l’autonomie et l’esprit critique” chez l’élève, “lui permettant de poser des choix conscients”? Enfin, poursuivent Les Engagés, “dans l’enseignement supérieur et universitaire, une interdiction généralisée ne s’indique pas”; à chaque établissement d’établir son projet pédagogique. Quant au PS et à Ecolo, leurs programmes sont muets sur ce point.
Vous l’aurez remarqué: il n’a pas encore été question du PTB. Les marxistes, qui voient dans l’interdiction du port une discrimination en matière d’emploi, sabrent dans ce débat au moyen d’une phrase. “Nous abolissons l'interdiction du port du voile dans les entreprises privées, les services publics et les établissements scolaires.” Exemple à la clef. “À Malines et à Gand, le port du voile est autorisé et le service ou la neutralité n'en ont pas souffert.”