Publicité
innover

Un plateau intelligent pour lutter contre la dénutrition des aînés

La dénutrition touche beaucoup de personnes âgées. ©Laure Boyer

Le Smart Gastronomy Lab de Gembloux développe un plateau-repas connecté qui enregistre les gestes du mangeur, afin d'aider les soignants des maisons de repos et de soins.

Dans les maisons de repos ou de soins, les repas comptent parmi les moments clés de journées souvent monotones. Les pensionnaires y retrouvent des relations sociales ou au contraire du calme dans leur chambre. Le personnel soignant peut aussi en profiter pour observer l'état de forme du patient en fonction de ce qu'il mange. "Mais ce constat est souvent empirique et subjectif en fonction de la personne qui s'occupe de la distribution des repas et de sa connaissance individuelle des patients", estime Dorothée Goffin, directrice du Smart Gastronomy Lab de l'université de Gembloux.

"Il y a une utilité préventive, notamment dans le suivi de la santé des personnes âgées, chez qui la dénutrition est souvent le symptôme d'autres soucis."

Dorothée Goffin
Directrice du Smart Gastronomy Lab

Publicité

Depuis 2015, ce département de la branche agro de l'université de Liège s'efforce de faire le lien entre les mondes culinaire, alimentaire et technologique. Les recherches portent sur l’utilisation de nouvelles technologies en agro-alimentaire (impression 3D/4D et gravure laser), l’"internet of food" (le développement d’applications et d’outils connectés au service du consommateur), la santé gastronomique et l’observation des usages au sein des smart cities. En gros, ce que l'on appelle le "food 4.0", comme on parle de l'"industrie 4.0".

Mesurer les variables

Les chercheurs se sont ainsi penchés sur le déroulement d'un repas: comment on pique, on coupe, le rythme des bouchées, la durée du repas, les quantités ingurgitées... "Mais il fallait un outil pour mesurer ces variables déterminantes pour caractériser le repas et ce que l'on mange effectivement", commente Charles Boreux, chef de projets sur les outils connectés du Smart Gastronomy Lab.

L'outil en question, c'est un plateau-repas bourré de capteurs qui vont enregistrer les poids, les forces et les mouvements qui sont imprimés à l'assiette posée dessus. Le premier prototype, en plexiglas transparent, laisse voir les circuits électroniques. Depuis le modèle a évolué vers un design plus ergonomique et surtout plus étanche.

"L'intérêt est de voir comment un même individu évolue en fonction de variables extérieures."

Charles Boreux
chef de projets sur les outils connectés du Smart Gastronomy Lab

"Le déroulement d'un repas peut être un élément important concernant l'état de santé d'une personne. Pas uniquement si elle mange moins, mais aussi si le repas dure plus longtemps, si les bouchées sont plus lentes, les portions plus petites... Ces éléments, croisés avec d'autres paramètres médicaux, peuvent être des éléments importants d'un diagnostic et être l'indice de certaines pathologies", estime Charles Boreux.

Publicité

"Il y a donc une utilité préventive, notamment dans le suivi de la santé des personnes âgées, chez qui la dénutrition est souvent le symptôme d'autres soucis de santé, mais qui n'est pas toujours facile à identifier", renchérit Dorothée Goffin.

Données brutes

À ce stade, le prototype enregistre les mouvements de l'assiette, les forces et les pressions exercées. "Mais que peut-on faire de ces données brutes?", s'interroge encore Charles Boreux. Pour les interpréter, l'équipe du Smart Gastronomy Lab a filmé une grande quantité de repas pris sur le plateau. "Cela permet de corréler les données chiffrées avec certains mouvements, mais aussi de tenir compte d'événement extérieurs, comme une discussion, du bruit ambiant, la distraction d'un smartphone, etc", appuie Dorothée Goffin.

Aux tests en laboratoire succèderont des expériences en conditions plus réelles, de manière à collecter d'autres données dans d'autres environnements. "L'intérêt est d'en avoir le maximum, mais aussi de voir comment un même individu évolue en fonction de variables extérieures, comme l'environnement ou le menu."

Il faudra encore quelques années de recherche (trois, estime Dorothée Goffin) avant que ce plateau-repas ne se retrouve sur les tables de maisons de repos à un stade commercialisable. Objectif: que les constantes et les variables soient clairement reconnues par l'intelligence artificielle, qui permettra de les traiter. "Une fois la base de données au point, il faudra en soigner l'interface pour la rendre intelligible et utilisable par le personnel soignant, les médecins ou même les familles", estime Charles Boreux.

Design

Autre design à soigner, celui du plateau lui-même. Actuellement encore assez lourd et volumineux, il ne conviendrait pas à une utilisation courante, tant par le personnel soignant que par les pensionnaires. "L'idéal est de pouvoir faire totalement oublier les capteurs. De les rendre les plus invisibles possible. Une solution pourrait être de l'intégrer dans la table, ce qui faciliterait l'identification de l'utilisateur", note Simon De Jaeger, le technicien en charge de la conception du projet.

Le projet a jusqu'ici bénéficié de fonds européens et wallons pour cette première phase de son développement. Le Gastronomy Lab a soumis de nouveaux dossiers de financement pour avancer davantage dans sa concrétisation, via des études de marché et des phases de test plus étendues.

Le résumé
  • La dénutrition menace beacoup de personnes âgées.
  • Le Smart Gastronomy Lab de l'Université de Gembloux développe un plateau repas connecté qui pourra permettre de la prévenir.
  • L'outil, qui enregistre de nombreuses données sur le déroulement du repas, est encore au stade de développement.

Publicité
Le particulier repart à l'achat de véhicules neufs en Belgique
Le marché de la vente aux particuliers est en hausse de près de 15% en Belgique en 2024. C'est notamment ce qui explique que les marques aient réinvesti dans le salon de l'auto.
Messages sponsorisés