La Chine veut sa part du gigantesque gâteau Alipay
La Chine continue de s'attaquer à ses géants technologiques. Elle cible à présent Alipay, la fintech d'Alibaba, et pourrait mettre la main sur ses activités de prêts.
Après les grands noms des jeux vidéos, les champions du divertissement en ligne ou encore les stars de l'immobilier dans un marché en pleine surchauffe, Pékin n'a de cesse, depuis plusieurs mois, de remonter les bretelles de ses grands groupes nationaux.
Dernière cible en date, Alipay, la filiale de paiement d'Alibaba (lire encadré). Selon le Financial Times, l'application, qui se targue d'avoir plus d'un milliard de clients, est tout bonnement sur le point d'être démantelée par le gouvernement.
Une perspective qui a secoué les actions du secteur technologique. Il faut dire que l'application Alipay s'est enracinée dans le quotidien de pratiquement tous les ménages chinois. Elle est devenue, en une décennie, le portefeuille numérique nécessaire pour payer tout ce qui peut l'être en ligne.
Ant Group et sa filiale AliPay ne seraient pas les seules "fintech" concernées par le nouveau coup de pression des autorités chinoises.
Démantèlement en règle
À en croire le toujours très bien renseigné Financial Times, qui cite deux sources proches du dossier, le gouvernement chinois veut à présent réorganiser en profondeur les activités d'Alipay et de sa maison mère, la fintech Ant Group. Cela passe par la création d'une application distincte pour les services de prêt et d'une autre pour les services de paiements.
Il est aussi prévu que le groupe transmette les données personnelles qu'il utilise pour ses décisions de prêt à une nouvelle coentreprise, en partie détenue par l'État. Des sociétés soutenues par l'État s'apprêtent aussi à prendre une participation importante dans cette nouvelle société.
Le Financial Times rapporte, enfin, qu'Ant Group et sa filiale Alipay ne seraient pas les seules "fintech" concernées par les nouvelles mesures.
Pression sur les actions chinoises
À la Bourse de Hong Kong, Alibaba et Tencent, l'autre grand nom chinois du numérique, ont chuté respectivement de 4,23% et de 2,45% ce lundi.
"Le durcissement réglementaire n'est pas encore terminé, nous pensons que le marché chinois restera volatil."
Entre la fin octobre et aujourd'hui, le cours de bourse d'Alibaba a très mal vécu sa subordination au gouvernement de Xi Jinping, fondant de plus de 45% sur la période.
Il évolue à présent à 160,80 dollars de Hong Kong, soit sous les 200 dollars affichés lors de ses premiers pas en bourse en décembre 2019. L'action flirtait encore avec les 300 dollars de Hong Kong en octobre 2020, juste avant le blocage de l'IPO d'Ant Group (voir graphique).
Plus globalement, l'interventionnisme chinois sape les performances boursières de ses virtuoses technologiques. L'indice dédié au secteur à Hong Kong, le Hang Seng Tech, est en repli de 22% depuis le début de l'année alors que son pendant américain, le Nasdaq 100 Tech, gagne plus de 20%. Sur un an, la différence est encore plus frappante avec une hausse de près de 48% pour les actions technologiques américaines, contre un repli de 8% pour leurs homologues chinoises.
Pour Fan Cheuk Wan, l'analyste de HSBC spécialisé sur les valeurs chinoises, "les marchés sont encore en train de tester le niveau plancher des valorisations technologiques chinoises. Le durcissement réglementaire n'est pas encore terminé, nous pensons que le marché restera volatil, car les entreprises seront encore très sensibles aux annonces des autorités."
Alipay est détenue par Ant Group, la filiale financière du colosse chinois Alibaba, un des précurseurs du commerce en ligne fondé par Jack Ma.
L'homme d'affaires le plus connu de Chine n'en est pas à son premier contentieux avec le gouvernement chinois. Exemple avec la mise en bourse d'Ant Group à Shanghai et Hong Kong en octobre dernier. Alors qu'elle était en passe de devenir la plus grosse IPO de l'histoire, la pépite à 300 milliards de dollars a ainsi vu son arrivée sur les marchés brutalement suspendue par le gouvernement chinois. Il a imposé, par la suite, une restructuration radicale de la fintech visant à la transformer en holding financière.
Ce blocage est, pour beaucoup de suiveurs, la première manifestation claire de Pékin pour prendre le contrôle de ses champions technologiques. Dans la foulée, les coups de pression, les amendes pour abus de position dominante et les durcissements de réglementation ont rythmé le quotidien des sociétés chinoises.
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